Café Continental

Félix Leclerc au Café Continental, 1951 Image: Photo-Journal, 26 avril 1951 (BAnQ)
Le Café Continental (1917-1970) était un cabaret français situé au 108 rue Sainte-Catherine Ouest à Montréal, coin St-Urbain.
Initialement ouvert en 1917 par Jack Horn, le Café Continental est devenu l’un des rendez-vous les plus populaires de Montréal. Après trois décennies, le Café Continental fut reconstruit et rouvert le 24 mars 1950 [1][2][3].

Ouverture du Café Continental, 1950 Image: The Gazette, 24 mars 1950 newspapers.com
Le Café Continental des années 1950 avait désormais une salle spacieuse qui offrait une impression de confort. Les couleurs n’étaient pas trop vives et un éclairage discret ajoutait du charme à l’ambiance [3][4]. Pour le spectacle d’ouverture, le café avait fait appel aux talents de la chanteuse Jacqueline Payette et de l’humoriste Marcel Gamache, de l’organiste Roland Cantin et des jazzmans Jack McGuire et Ralph March. Vic Dupuis, anciennement du Vienna Grill, était le gérant [4].

Félix Leclerc au Café Continental, 1951 Image: Le Petit Journal, 22 avril 1951 (BAnQ)
Après son éclatant succès à Paris, Félix Leclerc revient à Montréal en 1951 et remplit un engagement de cinq jours au Café Continental [5]. Montréal le reçoit alors en héros. Dès sa descente de l’avion à Dorval, Leclerc est entouré d’une armée de journalistes, de gens de la radio et d’admirateurs. À son arrivé au Continental, il y a tellement foule dans les lieux que ses amis personnels ne peuvent s’y frayer un chemin et manquent le spectacle [6]. Félix Leclerc remporte un succès fou. Il arrive de Paris et c’est là qu’il a été réellement découvert; ce n’est qu’à son retour de Paris qu’il reçoit une vraie reconnaissance au Québec [7].

Félix Leclerc au Café Continental, 1951 Image: Le Petit Journal, 22 avril 1951 (BAnQ)
Le chanteur et animateur Jacques Normand le présente au public du Continental: « Avant de vous faire entendre le célèbre chansonnier, permettez-moi de remercier la France et les critiques françaises qui nous ont révélé notre Félix Leclerc. S’il était né à Paris avant 1900, il aurait chanté ses rengaines dans les rues, au Lapin Agile et au Chat Noir, comme Aristide Bruant, avec son écharpe rouge, son costume de velours, ses bottes et son chapeau à large bord. C’est un honneur de l’avoir parmi nous et de savoir que son talent et ses chansons font mieux connaître les Canadiens français au monde entier » [7].

Ouverture du Saint-Germain-des-Près, 1951 Image: Le Petit Journal, 30 septembre 1951 (BAnQ)
Le 1er octobre 1951, l’ouverture du cabaret Saint-Germain-des-Près, dans une nouvelle salle de 125 places annexée au Café Continental, est le plus heureux événement de l’année dans le domaine des clubs de nuit de Montréal. Jacques Normand, Paul Berval, Marie Racine, Normand Hudon, Pierre Roche, Rita ‘’La Vedette’’, Colette Bonheur, Gilles Pellerin et Billy Munroe font de cette boîte un coin où la blague règne en maîtresse. C’était un rire continuel. Jamais des clients de clubs de nuit à Montréal n’ont plus ri que ceux qui sont allés au Saint-Germain-des-Près [8].

Jacques Normand présente au Saint-Germain-des-Près Clémence Desrochers et Pauline Julien, 1957 Image: (BAnQ)
En 1952, Charles Trenet présente son tour de chant au Café Continental. Jack Horn fait l’impossible pour présenter les plus grands artistes français dans son café [9].

Henri Salvador au Café Continental, 1953 Image: Photo-Journal, 31 octobre 1953 (BAnQ)
En 1953, le Continental reçoit le talentueux fantaisiste français Henri Salvador. Il y présente un tour de chant varié et amusant. La mise en scène est impeccable [10].

Tohama au Café Continental, 1955 Image: Montréal-Matin, 26 janvier 1955 (BAnQ)
Suite à des rénovations, le Nouveau Continental rouvre ses portes le 26 janvier 1955 et présente la dynamique interprète française Tohama. Le Continental bourdonne ensuite d’une activité nouvelle. Sa salle à manger au rez-de-chaussé, sous la direction de Guy Chevalier, reçoit les plus fins gourmets. La salle, au deuxième étage, présente d’excellents spectacles [11].
Au courant de la deuxième moitié des années 1950, Jack Horn connait des difficultés avec l’Union des Musiciens. Il prend la décision de ne plus présenter de spectacles [12][13]. Il songe désormais à louer la salle en tant que salle de bal ou théâtre [14][15]. La salle du Saint-Germain-des-Près, fermée depuis quelques temps, est remplacée par le Théâtre de Dix Heures de Jacques Languirand en 1956 [16].

L’Opéra Lounge du Café Continental, 1961 Image: Radiomonde, 7 janvier 1961 (BAnQ)
Jack Horn revoit sa formule et ouvre son nouvel Opéra Lounge au Café Continental en 1961 [17].
Jack Horn décède le 30 janvier 1969 à l’âge de 82 ans [18]. Le Continental continue à opérer jusqu’en 1970 [19].

La construction du Complexe Desjardins Image: La Presse, 7 avril 1976 (BAnQ)
L’immeuble est détruit peu de temps après pour faire place à la construction du Complexe Desjardins qui sera achevé en 1976 [20]. La rôtisserie St-Hubert du Complexe Desjardins, à l’angle de la rue Ste-Catherine et St-Urbain, occupe actuellement le lieu où, il y a plus de cent ans, naissait le Café Continental.

Complexe Desjardins Image: Google Earth (2023)
À propos de Jack Horn
Jack Horn est né en Pologne, est allé aux États-Unis en 1906 et est venu à Montréal en 1913. Il a commencé dans le domaine de la restauration en 1916 lorsqu’il a ouvert le Cosmopolitan Political Club. Il a été pendant de nombreuses années l’organisateur politique de Peter Bercovitch, député libéral. Il a exploité le Stanley Grill sur la rue Stanley dans les années 1930. Il était également propriétaire du restaurant Horn’s (Main Café) sur le boulevard St-Laurent. Il a repris le restaurant Bowen’s sur la rue Ste-Catherine. Il a ensuite été propriétaire du Clover Café en face du Forum. Il a vendu toutes ses boîtes de nuit, à l’exception du Café Continental qu’il a conservé au moment de sa mort [18]. Jack Horn, qui a fait les belles nuits de Montréal avec ses cabarets, a été le premier à faire venir Félix Leclerc à Montréal après son succès en France et lui avait offert le plus gros cachet de l’époque, soit $2,000. Avant son exil, personne ne croyait au premier chansonnier canadien dans une boîte de nuit [21].
