CRIME ORGANISÉ 🔫🔫🔫
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CABARETS ♠️♥️♣️♦️
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On peut affirmer sans se tromper que le club de nuit honnête et de bonne réputation, c’est à dire qui respectait le règlement régissant les heures de fermeture et son permis de vente de boissons, qui ne présentait pas de spectacles indécents, qui n’était pas un endroit fréquenté ni par des mineurs, ni par des membres de la pègre, qui n’était pas soumis au chantage, ni par des membres de la ‘’protection’’ et qui n’était pas un lieu où la police était souvent appelée à se rendre pour des actes de violence ou pour toute autre activité illégale, ce genre d’établissement était plutôt rare à Montréal.1
Ce texte provient principalement du livre Le Crime Organisé à Montréal (1940-1980) de Pierre de Champlain
LES MAISONS DE JEU
Le jeu organisé sous toutes ses formes a toujours eu une place prédominante à Montréal, et ce, plus que tout autre racket comme celui de la prostitution qui est essentiellement demeuré une activité marginale. Dans les années 1930 et 1940, Montréal était considéré comme l’une des villes nord-américaines les plus prospères en matière de jeu de toutes sortes. Il y avait à cette époque environ 250 maisons de jeu et de pari qui avaient pignon sur rue. Elles étaient pour la plupart concentrées au centre-ville, soit sur les rues Peel, de la Montagne, Stanley, Sainte-Catherine, Saint-Jacques et Lagauchetière. En 1934, les autorités policières avaient déclaré Montréal « ville ouverte » à l’exploitation de tous les rackets imaginables, jeux, paris, débits clandestins de boisson et de prostitution. Mais, pour plusieurs, le jeu constituait l’attrait premier et il était de loin l’activité illégale la plus lucrative.1
Rien n’était négligé pour attirer les joueurs et la parieurs de tout acabit dans les maisons de jeu où on leur offrait une grande variété de jeux: cartes, dés, casino, baccara, balbo, chemin de fer, enfin de quoi satisfaire les plus exigeants clients. Chaque maison de jeu avait un petit restaurant où l’on servait des rafraîchissements et du café aux clients de la maison.1
Fait curieux, le permis de restaurant était délivré par la Ville de Montréal. Certaines maisons de jeu pouvaient attirer jusqu’à 150 personnes en une seule soirée. Il pouvait se parier jusqu’à $75,000 en une heure. On y jouait des montants aussi élevés que $1,000 en un seul coup de dés.1
L’organisation et le fonctionnement des maisons de jeu et de pari reposaient principalement entre les mains de la pègre juive montréalaise. Très peu de Canadiens français et d’Italiens y étaient associés. La pègre juive de Montréal travaillait en étroite collaboration avec les magnats du syndicat américain du crime organisé. En effet, les dirigeants des organisations criminelles de l’autre côté de la frontière décidèrent de faire de Montréal le centre par excellence des paris en Amérique du Nord. Cette décision avait été prise pour contourner les nouvelles lois fédérales américaines qui interdisaient le paris d’un État à l’autre. On choisit Montréal en raison de la situation géographique idéale qu’elle présentait, comme centre nerveux où tous les paris sur les évènements sportifs tenus aux États-Unis seraient acheminés dans la métropole canadienne. Au lendemain de l’époque glorieuse de la prohibition qui prit fin en 1933, le crime organisé américain se chercha une nouvelle source de revenus.1
Le syndicat du crime organisé ne tarda pas à mettre sur pied une organisation nationale de preneurs aux livres (bookmakers). La clé de la survie de ces derniers était l’accès rapide à un service de télégraphie qui permettait de transmettre ou de recevoir tous les renseignements dont ils avaient besoin pour informer leurs clients parieurs.1
LE MEURTRE D’HARRY DAVIS
Au début des années 1940, Harry Davis, un Montréalais né en 1903, avait le contrôle absolu du jeu et des paris. Davis était le protégé des patrons du crime organisé new-yorkais. Davis n’était pas un nouveau dans le ‘’milieu’’. En 1934, il était reconnu coupable d’avoir conspiré pour importer de l’héroïne des États-Unis. Il fut condamné à 14 ans de prison. À sa sortie, Davis reprend le contrôle des opérations du jeu. Son quartier général, situé au 1224 rue Stanley, abrite la plus importante maison de jeu et de pari de la ville. Pour obtenir la permission d’exploiter une maison de jeu, il fallait s’adresser au tout puissant Harry Davis. Un certain Louis Bercowitz, croupier employé dans divers établissements de jeu, voulut un jour ouvrir son propre établissement. Bercowitz alla voir Davis pour obtenir cette permission, mais il essuya un refus catégorique. Il revint à la charge en tentant de convaincre Davis de le laisser gérer un club de cartes. Davis lui opposa un net refus. Les relations entre les deux hommes se détériorèrent de plus en plus. Des rumeurs de toutes sortes commencèrent à circuler au sujet de Bercowitz. Après un attentant à la bombe dans une maison de jeu, Bercowitz voulut clarifier les choses avec Davis une fois pour toute. Il décida de rencontrer Davis à son établissement de la rue Stanley. La discussion s’engagea, puis s’envenima. Harry Davis aurait esquissé un geste comme s’il allait porter sa main à une arme à feu. Bercowitz se serait emparé à son tour de son arme et aurait fait feu à trois reprises en direction de Davis, l’atteignant mortellement. La mort de Davis avait semé à la fois la terreur et le désarroi parmi les tenanciers de maisons de jeu.1
LES CLUBS DE NUIT
On peut affirmer sans se tromper que le club de nuit honnête et de bonne réputation, c’est à dire qui respectait le règlement régissant les heures de fermeture et son permis de vente de boissons, qui ne présentait pas de spectacles indécents, qui n’était pas un endroit fréquenté ni par des mineurs, ni par des membres de la pègre, qui n’était pas soumis au chantage, ni par des membres de la ‘’protection’’ et qui n’était pas un lieu où la police était souvent appelée à se rendre pour des actes de violence ou pour toute autre activité illégale, ce genre d’établissement était plutôt rare à Montréal. La Ville de Montréal, de son côté, a tenté d’empêcher l’infiltration et le contrôle des clubs de nuit par les membres du crime organisé en édictant des règlements sévères, mais sans succès.2
En réalité, le club de nuit contrôlé par la pègre était le lieu par excellence où le crime organisé pouvait camoufler ses nombreuses activités illégales. Il ne servait ni plus ni moins que de paravent (‘’front’’). En règle générale, le permis d’exploitation du club de nuit était émis au nom d’une personne qui n’était pas le véritable propriétaire et qui agissait comme prête-nom. Ce dernier n’avait jamais de dossier judiciaire et pouvait donc obtenir un permis de vente d’alcool. L’identité des véritables propriétaires était très difficile à retracer, leur nom n’apparaissait jamais officiellement dans les livres de comptabilité de l’établissement. Celui qui servait de prête-nom était généralement le gérant de l’établissement. Il voyait à l’embauche des garçons de table, des employés de la cuisine, du préposé au vestiaire et du portier.2
La plupart des clubs de nuit et des cabarets typiques de Montréal où l’on présentait des spectacles avaient un portier (doorman). Celui-ci jouait un rôle important. Tout en étant préposé à l’accueil de la clientèle, il voyait à filtrer certains clients indésirables. En cas de situation critique (une descente de police), le portier déclenchait un système d’alarme spécial qui prévenait les gens à l’intérieur de l’établissement de l’arrivée de la police dans le club.2
Le club de nuit contrôle par le crime organisé constitue l’endroit idéal pour recycler ou blanchir de l’argent acquis illégalement. Le club de nuit contrôlé et fréquenté par des membres de la pègre est aussi un lieu de prédilection pour fomenter des actes criminels de toutes sortes. C’est aussi l’endroit par excellence pour la clientèle qui veut se procurer des biens et services illicites, comme des drogues ou des narcotiques, des armes à feu de types prohibés ou de la marchandise de tout genre et probablement volée. Certains clubs de nuit et cabarets tolèrent le racolage à des fins de prostitution et présentent des spectacles de danseuses nues. Enfin, dans certains clubs de nuit, il est possible de jouer ou de parier des sommes d’argent dans des pièces spécialement aménagées à cet effet.2
LE RACKET DE LA PROTECTION
La plupart des clubs de nuit du centre-ville de Montréal qui n’étaient pas directement contrôlés par le milieu interlope devaient payer de la ‘’protection’’, ce racket typique de la pègre qui consistait à extorquer du propriétaire ou du gérant une certaine somme d’argent par intimidation ou par la menace de recours à la violence.
Les magnats de la pègre, et particulièrement l’organisation Cotroni, contrôlaient directement ou indirectement plusieurs clubs de nuit et cabarets au centre-ville. Le Café Roméo, Le Faisan Doré, le Café de la Paix, l’American Spaghetti House, le club Métropole, le club El Morocco, la Casa Loma, le Blue Sky, le Café Vic. Quant à la pègre juive, elle possédait certains clubs au centre-ville, comme Chez Parée géré par Solly Silvers et plus tard par Giuseppe Cocolicchio et le Pal’s Café, propriété de Moe Yacknin.2
Les autorités municipales et policières de Montréal on toujours éprouvé des difficultés à faire respecter le règlement concernant les heures de fermeture dans les clubs de nuit et les cabarets.2
PACIFIQUE PLANTE: UN POLICIER PREUX ET VALEUREUX
Pacifique Plante était un avocat et policier célèbre pour ses actions contre le crime organisé à Montréal pendant les années 1940 et 1950 et contre la corruption dans l’administration municipale. En 1946, l’assassinat en plein jour du roi du jeu, Harry Davis, créé un émoi dans le grand public. On nomme alors Pacifique Plante chef de l’escouade de la moralité. Elle était notoirement la plus corrompue du service de police. Plante entreprend une série de descentes spectaculaires dans les établissements clandestins. Il y invite la presse pour donner le maximum de publicité aux opérations et pour faire connaître les visages et les noms des coupables. Quelques clients arrêtés se trouvent être des personnalités connues. Il demeure en poste 18 mois et est suspendu (mars 1948), puis congédié avec fracas (mai 1948), le chef de police Albert Langlois prétextant l’inconduite d’un agent de l’escouade. La population y vit un congédiement politique.3
Plante se met alors à publier, dans le quotidien Le Devoir une série d’articles intitulée Montréal, ville ouverte, dans lesquels il décrit le modus operandi des différents réseaux de bookmakers, de souteneurs et de bootleggers de la ville. Les articles, publiés en feuilleton de novembre 1949 à février 1950, démontrent que tous ces réseaux ne pouvaient exister qu’avec la complicité des autorités.3

UN NOUVEAU MAIRE
La venue du maire Jean Drapeau, en 1954, allait contribuer à assainir le climat social de la ville et permettre à la police de reprendre sa lutte contre le crime organisé.4
TÉMOIGNAGES
Ces témoignages tirés de biographies sont inclus pour apporter du contexte au monde des cabarets.
Jacques Normand à propos de Vic Cotroni: Vincent Cotroni est fasciné par les arts. Il aime accorder une chance à ceux en qui il a confiance, se plaisant à être considéré comme l’ami des artistes.7
Claude Blanchard: « Les Cotroni sont plus que des amis, ce sont des frères. » Jusqu’en 1970, les chanteurs et les comédiens n’avaient pas tellement le choix de côtoyer les pégriots puisque c’était eux qui avaient la main haute sur la plupart des boîtes de nuit de Montréal. La plupart des établissements étaient contrôlés directement ou indirectement par la famille Cotroni. Sympathique aux comédiens, Vic Cotroni en avait pris plusieurs sous son aile. Grand amateur de jazz, son frère Frank a lui aussi encouragé des artistes de renom.8
Michèle Richard, à propos de Frank Cotroni, le frère de Vic Cotroni: « Un jour, Guy Lepage m’appelle alors que je travaille à la télévision. Il me dit: « Viens nous chercher après le show, je suis avec Marthe, on va sortir. On va aller manger dans Chinatown. » Ils étaient dans un club de danseuses de la rue Saine-Catherine. Moi qui manque rarement une chance de m’amuser, je me présente donc devant le club en question au volant de ma Buick, toit baissé. C’est l’été, je les vois qui sortent, tout joyeux, accompagnés d’un autre homme qui monte à l’avant de la voiture et qui, dès qu’il est assis, tente d’allumer un cigare. Avant même qu’on me le présente, je lui dis: « Non, pas de cigare ou de cigarette dans ma voiture neuve. Je n’aime pas l’odeur et on ne sali pas les cendriers. » Je venais de donner un ordre à Frank Cotroni. C’était une connaissance de mon agent Guy Lepage, et M. Cotroni se trouvait avec lui. J’étais sa chanteuse préférée et nous sommes devenus bons amis. À tel point que je suis allée chanter pour lui en prison. Claude Blanchard m’avait demandé de donner le spectacle avec lui. En 2004, je me suis fait un devoir de me rendre à ses funérailles. C’était un homme impressionnant et simple. Chaque fois que je le rencontrais, il me rappelait toujours cette anecdote du cigare en riant. La mafia, c’est bien connu, considérait les cabarets comme des lieux de prédilection. Et nous, les artistes, y étions protégés. Car c’est nous qui attirions le public qui devenait les clients potentiels du monde interlope. Avec M. Cotroni comme ami, moi, je me considérais en sécurité. Je n’ai jamais cherché à savoir ce qu’il faisait exactement. Je ne posais pas de question. Je ne portais pas de jugement de valeur. Je sentais que lui et son entourage m’aimaient. Amour et sécurité. La combinaison parfaite, peu importe les préjugés. »6
Maurice Cusson, criminologue de l’Université de Montréal: « C’est une tradition, les liens entre la mafia et le monde du spectacles. »8
Pour connaître plus en détail l’histoire du crime organisé à Montréal, nous vous recommandons de lire le livre de Pierre De Champlain, Le Crime Organisé à Montréal (1940\1980) aux Éditions Asticou.