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GRAND CAFÉ PARISIEN

Le Grand Café Parisien était un hôtel situé à l'angle des rues Sainte-Catherine Est et Saint-Dominique à Montréal, tout près de l'emplacement actuel du MTelus.

D’après Al Palmer (1913-1971), journaliste et expert de la scène nocturne de Montréal, le Grand Café Parisien, inauguré en 1886, est considéré comme la première boîte de nuit de la ville de Montréal.
Le Grand Café Parisien Hotel, rue Sainte-Catherine, angle Saint-Dominique

Le Grand Café Parisien Hôtel (1886-1915) était un établissement hôtelier de Montréal, situé à l’angle de la rue Sainte-Catherine et de la rue Saint-Dominique, voisin du Théâtre Français (plus tard connu sous le nom de Metropolis de Montréal).1

D’après Al Palmer, journaliste et spécialiste de la vie nocturne à Montréal, le Parisien fut la première boîte de nuit de la ville. Lieu de spectacles de variétés, il était également reconnu comme un cabaret.2

The Montreal Star, 12 mai 1888

Le Parisien était ouvert 24 heures sur 24, bénéficiant d’une licence hôtelière qui lui permettait de servir de l’alcool avec les repas à toute heure, y compris le dimanche. À l’inverse, une licence de restaurant ordinaire interdisait la vente d’alcool après 23 heures en semaine, après 19 heures le samedi, et les jours comme le dimanche, Noël, le Nouvel An ou le Vendredi saint.3

En 1913, le pasteur Arthur French de l’église St-John Evangelist s’était fermement opposé au Café Parisien, le qualifiant de « repère immoral » où la présence des prostituées était tolérée, affirmant que ce lieu n’aurait jamais dû exister. En réponse, la Commission des licences a tenu une audience au cours de laquelle des preuves en faveur du Parisien ont été présentées. Edmond Chasse, éditeur du journal La Patrie, avait souligné que l’établissement était un point de rencontre pour les journalistes et les hommes d’affaires, mentionnant même y avoir croisé des juges et des avocats. Il considérait le Parisien comme le seul endroit à Montréal où l’on pouvait bien manger. Le docteur L.N. Trudeau, quant à lui, avait comparé la clientèle du Parisien à celle du Ritz-Carlton, notant la similarité des classes sociales qui fréquentaient les deux établissements.4,5

Rue Sainte-Catherine Est, angle Saint-Dominique, Montréal. Début des années 1900.

L’histoire du Café Parisien commence en 1886, lorsque l’immeuble fut entièrement rénové. Il devint alors le lieu par excellence à Montréal pour déguster une véritable cuisine française, inspirée des méthodes du célèbre restaurant Grand Vatel de Paris. L’établissement offrait également des tables de billard, des journaux et revues, un dépôt de cigarettes françaises, ainsi qu’un bureau télégraphique. Le propriétaire de l’époque était Louis Gaudreau.6,7

En 1899, Louis Gaudreau vendit le Café Parisien à Joseph Gravel, qui entreprit une nouvelle rénovation de l’hôtel. Le Café Parisien devint l’un des rares endroits où l’on pouvait déguster, à toute heure du jour et de la nuit, des plats gastronomiques à des prix abordables, ainsi que des vins, liqueurs et cigares de qualité.8

La Presse, 8 novembre 1906, BAnQ

En 1909, Joseph Gravel céda le Café Parisien à John Parker et ses frères pour la somme de 120 000 $. L’établissement fut à nouveau complètement transformé.9

Le Devoir, 5 septembre 1911, BAnQ

En 1911, le Café Parisien est accusé de discrimination lorsqu’un homme noir, M. Fisher First, poursuit le propriétaire après s’être vu refuser le service. La question de savoir si un restaurant pouvait exclure des personnes de couleur, souvent débattue aux États-Unis, était alors inédite pour les tribunaux canadiens. L’affaire fit les manchettes, et le Parisien remporta le procès. Bien que le serveur ait effectivement refusé de servir M. Fisher First dans la grande salle à manger, il lui avait proposé de passer par l’entrée privée du café sur la rue St-Dominique. Le juge statua qu’un propriétaire d’hôtel avait le droit de refuser de servir un client dans une partie de son établissement, tant qu’il proposait un autre espace pour le service.10,11,12

En 1914, après avoir été contraints de fermer pendant trois semaines par la Commission des licences, quatre cabarets, dont le Parisien, le Arbours, le Regal’s et le Kastel’s, modifièrent leurs pratiques. Les orchestres continuèrent à jouer de la musique, mais les spectacles de chant et de danse furent supprimés. De plus, la règle stipulant qu’une consommation d’alcool devait être accompagnée d’un repas fut strictement renforcée.13

Le Peuple, 12 mars 1915
Montreal Herald, 8 mars 1915

Le 8 mars 1915, un incendie éclate dans le sous-sol du Café Parisien, détruisant complètement l’intérieur du bâtiment, du sous-sol jusqu’au toit. Le feu a pris parmi des cartons stockés près de l’ascenseur alimentaire, entraînant les flammes vers les étages supérieurs. Bien qu’il n’y ait eu ni blessés ni pertes humaines, l’immeuble fut déclaré une perte totale.1,14

En 2023, à cet emplacement se trouvent l’Hôtel Villa et le Café Gaufre Mignonne. À quelques pas, la salle de spectacle MTelus attire les foules. Certains soirs, la file d’attente pour entrer au MTelus s’étire le long de ce même coin de rue, où, il y a plus de 100 ans, le tout premier nightclub de Montréal voyait le jour.

Autrefois le Grand Café Parisien Hôtel, Google Earth, 2024
Sources
[1] Fire guts Cafe Parisien, The Gazette, 9 mars 1915
[2] Montreal Confidential, Al Palmer, p.75-76
[3] New system has been inaugurated, The Gazette, 8 janvier 1913
[4] Ministers oppose Arbour licence, The Gazette, 18 décembre 1913
[5] Defence evidence in cabaret cases, The Gazette, 24 décembre 1913
[6] Grand Café Parisien, La Presse, 17 avril 1886
[7] The Grand Cafe Parisien, The Gazette, 12 mai 1888
[8] Hôtel le Grand Café Parisien, Le Canard, 11 novembre 1899
[9] Le Café Parisien vendu $100 000, La Patrie, 29 septembre 1909
[10] La question de couleur, Le Devoir, 5 septembre 1911
[11] Peut-on refuser de servir des noirs, La Patrie, 6 septembre 1911
[12] Le Café Parisien gagne sa cause, Le Canada, 15 mars 1912
[13] Decorous mirth marked cabarets, The Gazette, 10 juin 1914
[14] Parker bros did not anticipate giving up Cafe, Montreal Star, 29 mars 1915
Dernière mise à jour du texte: 1 octobre 2024

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