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BLACK BOTTOM

Le Club Black Bottom était un célèbre club de jazz situé à Montréal durant les années 1960 et 1970. Le club était renommé pour ses performances de jazz et pour avoir accueilli des musiciens de renom, notamment Miles Davis, Thelonious Monk et Art Blakey. Il a contribué de manière significative à la scène jazz de Montréal et a été un lieu emblématique de l'histoire musicale de la ville.

Le Black Bottom était un important club de jazz et servait de lieu de rassemblement aux communautés afro-descendantes de Montréal

Le Black Bottom était une boîte de nuit de Montréal situé au 1350 rue Saint-Antoine Ouest de 1957 1 à 1968 2 et déménagé au 22 rue Saint-Paul Est de 1968 2 à 1976.3 Le propriétaire se nommait Charlie Burke.1

Collage de photos du Black Bottom

Charlie Burke, le patron du Black Bottom, ne disposait que de 200 dollars d’économies lorsqu’il a ouvert sa boîte en 1960. Et quelle boîte! Un sous-sol minable de la rue Saint-Antoine, en plein quartier noir (Petite-Bourgogne), aménagé avec des moyens de fortune : des tables branlantes, des chaises pliantes métalliques, de vieux bancs à échardes, quelques bibelots achetés à l’armée du salut et de grandes fresques aux couleurs vives pour cacher les lézardes des murs et les fissures du plafond. À défaut d’être confortable, le Black Bottom était pittoresque et traduisait jusque dans son menu (ailes de poulets, riz, haricots à oeil noir, sauce créole du chef Romeo) le modeste ordinaire de la population noire de Montréal. C’est peut-être son réalisme sympathique qui séduisit les foules…Parce que les foules furent effectivement séduites. Et les gens du coin vous raconteront les longues files qui s’étiraient depuis la porte du Black Bottom chaque fin de semaine…et leurs nuits d’insomnie. Car le jazz se souciait assez peu du sommeil du voisinage, mais vu qu’il était soufflé de liberté, le voisinage, des Noirs en majeure partie, le lui pardonnait bien volontiers. La musique traversait la nuit.1

Black Bottom, 1969 La Presse (BAnQ)

Vers les trois ou quatre heures du matin, un grand nombre de musiciens ayant terminé leur travail dans différents clubs de la métropole arrivaient au Black Bottom, avec leurs instruments sous le bras, et prêtaient main-forte au trio de Nelson Symonds, le guitariste attitré de l’endroit. Quand la session prenait fin, il y avait souvent plus de musiciens que de spectateurs dans la salle. Nelson Symonds est en grande partie responsable de la popularité du Black Bottom.1

Nelson Symonds

Véritable Oscar Peterson de la guitare, Nelson Symonds est considéré comme le meilleur guitariste jazz au monde tant par Charles Burke et les connaisseurs montréalais que par Miles Davis et Thelonious Monk. Ces derniers lui ont d’ailleurs proposé de faire partie de leur formation et de partir en tournée aux États-Unis, mais Symonds a décliné leurs offres, refusant ainsi la place qui lui revenait dans la hiérarchie du jazz. Pendant plus de cinq ans, ce phénomène a régalé la clientèle du Black Bottom, et les amateurs de jazz accouraient de partout pour écouter ses solos.1

Pour un dollar, on pouvait passer toute la nuit à écouter du jazz. Pour deux dollars de plus, on pouvait manger un copieux repas de soul food. Il y avait toujours du café chaud. Le Black Bottom servait de lieu de rassemblement aux musiciens qui se trouvaient là après leur soirée de travail avec leurs amis et les amateurs de jazz. Même si on n’y servait pas d’alcool, tout le monde considérait que c’était une boîte comme les autres. Le Black Bottom éveillait aussi la curiosité des policiers. Ils ne pouvaient pas croire que cet endroit connaisse un tel succès en n’offrant que du café et des repas.4

Réouverture, 15 février 1968 newspapers.com

À la fin de 1967, le Black Bottom est exproprié, tombant sous le coup du programme de rénovation urbaine de la Petite-Bourgogne.1 En 1968, il rouvrait ses portes au 22 rue Saint-Paul Est, en plein cœur du Vieux-Montréal. Sa physionomie avait quelque peu changé, sa formule aussi, mais son âme demeurait la même: au diapason de l’évolution de la conscience afro-américaine. Pendant huit mois, Charlie Burke a travaillé de ses mains à la réhabilitation du local, qui, de « Sam’s Café » qu’il fut au 19e siècle était devenu, vicissitudes des temps, un vulgaire entrepôt. Parce qu’il ne pouvait être patron et jouer de sa batterie en même temps, Charles Burke abandonne son rêve de devenir batteur professionnel, sans pour autant perdre sa ferveur ou son enthousiasme pour le jazz.5

Miles Davis, 1968 The Gazette

Avec sa seconde vie, le Black Bottom a trouvé un second souffle. Charles Burke s’efforce de partager sa programmation avec les orchestres soul et tous les grands noms du Jazz. Il y présente des très grosses pointures comme Thelonious Monk, Art Blakey & The Jazz Messengers, Eddy Harris, Trudy Pitts, Tony Williams ainsi que Miles Davis.1

Charles Burke et Miles Davis, 1968 Nights of Montreal

En 1969, la cheffe Ruth Vann, la femme du pionnier du R&B américain Vann Piano Man Walls, prend en charge de la cuisine du Black Bottom: « Lorsque vous cuisinez du Soul Food, vous y mettez votre cœur. Vous avez besoin de beaucoup d’herbes et d’épices. J’ai introduit mes propres variétés de côtes levées, de poulet grillé et de chili con carne. »6

Cheffe Ruth Vann (droite), 1969 The Gazette
Menu du Black Bottom, Nights of Montreal

En 1975, le Black Bottom est remis à neuf. La salle à manger est plus large qu’auparavant, avec des murs en pierre et en brique nouvellement exposés contrastant joliment avec d’autres bois de grange naturels. Des vitraux au plafond projettent une lumière douce sur les tables à tréteaux en bois tandis que le bar est éclairé par des lampes en forme de tulipe.7

En 1976, le Black Bottom devient le bar Nuit Magique de Bobby Di Salvio et Keith Du Mouchel.8

Dans les années 2000, Charlie Burke déménage à Vancouver et travaille comme charpentier.9

Sources
[1] Rendez-vous des grands du Jazz, La Presse, Pol Chantraine, 29 mars 1969
[2] Black Bottom reopens, The Gazette, 14 février 1968
[3] Bailiff sale, 1976
[4] Une histoire du jazz à Montréal, John Gilmore, 1988
[5] La plus vieille boîte de jazz déménage dans l’East side, Le Petit Journal, 14 avril 1968
[6] Cooking soul takes heart, The Gazette, 24 février 1969
[7] Dinning out, The Montreal Star, 5 avril 1975
[8] The night crowd’s inn, The Montreal Star, 27 mai 1978
[9] http://boppin.com/2006/04/charles-burke-and-black-bottom.html
Nous avons assemblé ce texte en utilisant les sources mentionnées ci-dessus. Nous avons traduit en français les sources provenant d’articles de journaux en anglais. Les temps de conjugaison ont parfois été modifiés pour créer une cohérence du texte dans son ensemble. 

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