Le Rainbow Bar & Grill, en opération de 1972 à 1984, était situé au 1430 rue Stanley à Montréal dans une ancienne maison autrefois convertie en librairie.5 Depuis 1960, cette adresse a accueilli plusieurs commerces et est remplie d’histoires fascinantes.
RAINBOW BAR & GRILL
Peu de bars sont légendaires : le Harry's Bar à Venise, le Café de Flore à Paris, le Café Royal à Londres, et le Gilley's à Houston font partie de ce nombre restreint. Pendant une brève période, Montréal a eu un tel endroit — Le Rainbow Bar & Grill — qui, pour les clients qui le fréquentaient, était devenu aussi mythique que le Rick's Café du film Casablanca.
Ce texte est assemblé à partir d’archives de journaux
The Gazette, 12 janvier 1974, newspapers.com
Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, la rue Stanley était jadis une rue excitante à Montréal.2 L’un des premiers lieux de divertissement à émerger sur la rue Stanley fut le Carlton Club en 1927. Il fut rapidement suivi en 1930 par le cabaret Kit Kat. Juste à côté du Kit Kat se trouvait le Palais D’Or, une salle de danse qui a été en opération pendant plus de trois décennies. De plus, entre les années 1920 et les années 1970, la rue Stanley était considérée comme le cœur du premier quartier gai de Montréal et du Québec. À partir du début des années 1980, l’activité commerciale gaie s’est déplacée vers l’est de la Ville.3 Au fur et à mesure que la réputation de la rue en tant que lieu de spectacles et autres attractions grandissait, différentes boîtes de nuit se sont établies dans le quartier.4
Le Rainbow Bar & Grill, en opération de 1972 à 1984, était situé au 1430 rue Stanley à Montréal dans une ancienne maison autrefois convertie en librairie.5 Depuis 1960, cette adresse a accueilli plusieurs commerces et est remplie d’histoires fascinantes.
The Gazette, 21 janvier 1961, newspapers.com
LIBRAIRIE SEVEN STEPS (1960-1961)
À 26 ans, avec l’aide financière de son père, Bob Silverman ouvre la librairie Seven Steps au 1430 Stanley. Le nom Seven Steps faisait référence aux 7 marches dans l’escalier à l’entrée de la librairie. Situé près de l’Université Sir George Williams (aujourd’hui l’Université Concordia) et des cafés populaires de la rue Stanley comme le Pam-Pam, le Riviera et le Carmen’s, la librairie Seven Steps attirait une clientèle éclectique d’étudiants, de lettrés et d’excentriques.5
Cependant, Silverman, un hipster-marxiste dévoué, n’avait aucun désir de faire du profit avec sa librairie. Son habitude de « prêter » des livres à des clients d’apparence sympathique a rapidement conduit le magasin vers la faillite.5,6
Nick Auf der Maur, journaliste, politicien, et un ancien employé de la librairie engagé par Silverman en 1960, raconte que: « Lorsque le père de Bob avait embauché un comptable, Bob le fuyait. Chaque matin, il jetait un coup d’œil à l’intérieur de la librairie et murmurait d’une voix rauque: Est-ce que mon comptable est ici? »5 Auf der Maur ajoute avoir apprécié son expérience en tant que commis: « Je rencontrais toutes sortes de gens intéressants. J’absorbais toutes sortes de nouvelles idées et théories. Travailler à la librairie Seven Steps fut une période de découverte passionnante dans ma vie. » Nick Auf der Maur a même lancé sa première campagne électorale dans cet immeuble en 1974.2
Le comptable Robert Landori raconte qu’un soir il travaillait seul à la librairie lorsqu’il a levé les yeux pour découvrir un énorme python qui le fixait suspendu à un luminaire. Le python, que Silverman avait acheté à des débardeurs du port de Montréal, s’était échappé.5 « J’ai rencontré Bob Silverman à l’Université McGill en 1958, explique Landori, et à cette époque, j’étais un comptable agréé qui tentait avidement d’élargir son modeste cercle de clients. Un jour, le père de Bob, qui possédait une agence d’assurance très prospère, m’a rendu visite et m’a demandé si je prendrais en charge la comptabilité de la nouvelle entreprise de son fils, une librairie dont l’ouverture était prévue pour le 13 juin 1960. La librairie, située dans une vieille maison de la rue Stanley, était relativement petite. La décoration et les meubles étaient minimalistes. J’avais accepté le poste et j’avais demandé à mon associé de se rendre sur place tous les mercredis soirs. Quelques semaines plus tard, mon associé m’a appelé. Il avait l’air hystérique. « J’en peux plus! J’en peux plus!! » a-t-il crié. J’étais abasourdi. « Pourquoi, que s’est-il passé ? », j’ai demandé. « Le foutu serpent! Il m’a presque mangé! »7
Silverman fait faillite en 1961 et déménage à Cuba en 1962, où il rencontre le révolutionnaire Che Guevara lors d’une excursion de cueillette de canne à sucre. Il gagne sa vie en faisant de la traduction et en enseignant l’anglais, mais est expulsé au bout de deux ans pour avoir tenté d’introduire de la littérature anti-soviétique dans le pays.5
The Montreal Star, 15 décembre 1961, newspapers.com
THE EMBER BOOK SHOP (1961-1962)
En 1961, une librairie, avec un café et un théâtre sous le même toit, offre à ses clients une nouvelle formule qui caractérisera le 1430 rue Stanley pour les années à venir. Le Ember Book Shop et son Flaming Ember Coffee House (à l’arrière) prend la place de la librairie Seven Steps. Elle ouvre ses portes le 21 octobre 1961. Ce café-librairie se veut un lieu pour les gens sophistiqués.8 Des spectacles de musique, de la poésie et du théâtre y sont présentés. La librairie changera de nom 6 mois plus tard pour s’appeler le Pot Pourri. La librairie Pot Pourri entrera dans la légende montréalaise.
The Gazette, 23 juin 1962, newspapers.com
POT POURRI (1962-1963)
Le Pot Pourri était la propriété de Moishe Feinberg. Tout comme son prédécesseur, le Pot Pourri avait une librairie à l’avant et un café à l’arrière.6
Mary Parr et Moishe Feinberg dirigent le Pot Pourri en 1962. Mary Parr avait rencontré et épousé le fringant Moishe Feinberg à l’âge de 20 ans alors qu’il était impliqué dans l’aile jeunesse du mouvement communiste canadien.9 Feinberg et Parr présentent des spectacles de jazz et de blues et accueillent de nombreux musiciens folk dans leur café-librairie de la rue Stanley, dont le Montréalais Jack Nissenson, les Américains Dave Van Ronk et Fred Neil, et plusieurs autres.
Le Pot Pourri fut le premier endroit où Bob Dylan, alors âgé de 21 ans, a joué au Canada. C’était du 28 juin au 1er juillet 1962. « Il était très jeune », explique Feinberg. « Il avait l’air débraillé, il avait sa casquette de chemin de fer. Il était calme, réservé, il ne parlait pas, et quand il chantait, il sonnait comme l’héritier du style de Woody Guthrie. Il a reçu $200 et a dû payer son propre transport. Il y a des gens qui l’ont aimé, mais dans l’ensemble, je n’ai pas été très impressionné. »10 Il n’y avait qu’une douzaine de personnes dans la salle.11
Parmi les spectateurs se trouvaient Peter Weldon, Anna McGariggle et Jack Nissenson, futurs membres du groupe folk montréalais Mountain City Four, Phyllis Birks, Bob Presner, et Shimon Ash qui dirigeait un autre café de Montréal, le Finjan, sur l’avenue Victoria.11
« Il avait l’air très bâclé », dit Anna McGarrigle. « Il était très pâle et portait une chemise blanche. Il ressemblait à un ver blanc. Je lui ai demandé de chanter Baby Let Me Follow You Down, et il était excité car il voulait savoir où nous avions entendu cette chanson. Il était ivre, il revenait tout juste de voir Bo Diddley en spectacle au Esquire Show Bar, à quelques pas du Pot Pourri. »11
« J’étais là pour la performance du jeune Bob Dylan », explique Levi, le neveu d’un ex-employé du Pot Pourri. « Mon oncle était en quelque sorte un partenaire silencieux de la librairie. Son rôle était de trouver des chanteurs folkloriques à Greenwich Village à New York et de choisir la plupart des livres pour la librairie. J’étais alors préadolescent, mais mon oncle m’avait invité à venir au spectacle. Il a dit qu’il avait entendu parler de ce chanteur folk vraiment intéressant, mais qui était cependant considéré comme un peu sauvage. Dylan s’est réchauffé dans la salle de bain. Il a interprété certaines chansons de son premier album (Bob Dylan, 1962), qui était en vente à l’entrée de la librairie, et beaucoup de compositions de son deuxième album (The Freewheelin’ Bob Dylan, 1963), qui n’était pas encore sorti. L’énergie dans sa voix était similaire à celle de son premier album. Ce fut ma première expérience de musique folk. »6
Gordon Peffer, ancien employé du Pot Pourri ajoute: « C’était une soirée de merde. Pratiquement personne. Je vendais des livres à l’avant quand mon collègue m’a demandé: « On va écouter Dylan à l’arrière? » ce que j’ai fait. Je me suis même assis avec lui pendant un moment mais je ne me rappelle plus de quoi nous avons parlé. »10
Ellie Presner, ex-conjointe d’un employé, ajoute: « Quand Dylan était au Pot Pourri, mon ex (Bob Presner), a agi comme maître de cérémonie et il s’est souvenu que les gens sont sortis du café. Il semble que la voix inhabituelle de Dylan n’ait pas été un succès immédiat.6
Shimon Ash, qui dirigeait le café Finjan, s’est déplacé au Pot Pourri un soir, par curiosité, pour entendre Dylan. Ash avait été agréablement surpris: « Dylan est venu à mon café Finjan lundi soir, après avoir terminé son spectacle au Pot Pourri, et a présenté un tour de chant surprise. Il a chanté longtemps, peut-être une heure et demie, deux heures, et je me souviens que la salle était vide quand il a fini. Il m’a dit qu’il ne voulait plus jouer dans les cafés. Il voulait seulement faire des concerts. Je me souviens avoir pensé qu’il n’y arriverait probablement pas. »11
Jack Nissenson est allé voir Dylan dans les deux cafés de Montréal, au Pot Pourri et au Finjan. « Je l’aimais bien », dit-il, « mais j’ai l’impression que la plupart des gens étaient mystifiés. » Jack a eu la bonne idée d’apporter un magnétophone à ce long tour de chant surprise au Finjan et, quelque part à Montréal, flottait une bobine de deux heures d’un très jeune et inconnu Bob Dylan.11
La bande est restée inédite jusqu’à la sortie du CD bootleg non-autorisé intitulé « Bob Dylan – Live Finjan Club », paru sur l’étiquette Yellow Dog en 1991.12
Le Devoir, 30 avril 1965, BAnQ
CHEZ JACQUES LABRECQUE (1963-1965)
En 1963, Moishe Feinberg vend le Pot Pourri à Jacques Labrecque.9,13 Le maestro folklorique canadien-français ouvre sa boîte-restaurant, nommé Chez Jacques Labrecque, où l’on peut déguster des mets typiquement canadiens: cretons, fromage de tête, pattes de cochon, fèves au lard. Du bois de grange véritable crée l’ambiance rustique où Labrecque se produit chaque soir sur la petite scène où d’autres artistes viennent aussi se faire applaudir. La nourriture est servie dans de la vaisselle ancienne et les boissons dans des pots de grès.14
SANS SOUCI \ LA LUNE ROUSSE \ JERRY’S GO-GO CLUB \ LE GAI PIANO (1966-1969)
Durant les années 1960, les discothèques à go-go sont populaires mais éphémères au 1430 Stanley: Le Club Sans Souci (1966-66), La Lune Rousse (1966-67), Jerry’s Go-Go Club (1967-67), et le Gai Piano (1968-69).15,16,17,18,19
The Gazette, 24 décembre 1965, newspapers.com
BLUE LANTERN (1965) \ NEW PENELOPE (1966)
Pendant ce temps, au sous-sol, un nouveau café ouvre ses portes en 1965: le café Blue Lantern de Manny De Abravanel. Le petit café présente des spectacles de jazz, blues et folk dans un espace pouvant contenir 60 personnes. La durée de vie des cafés de la ville n’étant pas phénoménale à cette époque, le Blue Lantern ouvre pour faire faillite quelques mois plus tard.21,22
The Montreal Star, 15 novembre 1966, newspapers.com
Digne de mention, Gary Eisenkraft, le propriétaire du café Penelope de la rue Bishop, relocalise ses opérations dans l’ancien Blue Lantern en 1966. Le Penelope devient le « New Penelope ». Des artistes folk populaires et émergents comme Gordon Lightfoot, Richie Havens et les Mountain City Four y présentent leurs tours de chant.21,22
« Il n’y avait pas vraiment de profit à faire avec cet endroit », précise Eisenkraft, le propriétaire aux cheveux longs du New Penelope. « Je gérais avec un petit salaire et le loyer était de $200 par mois. Le New Penelope s’adressait principalement aux jeunes. C’était un endroit où ils pouvaient aller sans se faire bousculer. La plupart des endroits en ville les traitaient comme des citoyens de seconde classe. »22
Quelques mois plus tard, Eisenkraft trouve un espace plus grand sur la rue Sherbrooke, d’une capacité de 200 personnes. Le New Penelope devient légendaire dans l’histoire de la musique et de la vie nocturne montréalaise. Le New Penelope fut la première salle de concert indépendante à Montréal à présenter des noms importants du rock, du blues, du jazz et du folk des années 1960, de Muddy Waters et Frank Zappa à Joni Mitchell et Jesse Winchester.21,23,24,25
Suite au déménagement du New Penelope vers la rue Sherbrooke en 1967, le local au sous-sol de la rue Stanley est occupé par deux cafés éphémères et un restaurant, le café Dante (1967-67), le café Totem Pole (1967-68) et le El Parador de 1969 jusqu’à son incendie en 1981.
Redirigeons-nous maintenant à l’étage du rez-de-chaussée, à l’entrée des sept marches (Seven Steps), où se trouvaient autrefois la librairie Seven Steps, l’Ember, le Pot Pourri, le restaurant Chez Jacques Labrecque, les discothèques Sans Souci, La Lune Rousse, Jerry’s Go-Go Club, le Gai Piano… Et nous voilà maintenant en 1970 devant le nouveau bar « Seven Steps » qui connaîtra une fin dramatique, mais qui donnera néanmoins naissance au bienaimé Rainbow Bar & Grill de la rue Stanley…
The Montreal Star, 19 juillet 1971, newspapers.com
SEVEN STEPS PUB (1970-1972)
En 1970, le rez-de-chaussée au sept marches devient le bar Seven Steps de Mike Angelo.26 Le lieu est fréquenté par des jeunes qui aiment s’amuser et danser.27
D’ailleurs, le public n’est plus tout à fait celui qui fréquentait l’établissement d’autrefois. On y voit davantage des jeunes aux cheveux longs. Les pièces iconiques: le pantalon patte d’éléphant, la jupe longue et bohème et la jupe midi, le sous-pull, le t-shirt imprimé, les chaussures à plateforme, les bottes et les cuissardes.28
En 1971, un homme de 45 ans tire deux individus dans la poitrine avec un fusil scié de calibre 22 dans les toilettes du bar Seven Steps.39 La même année, un homme armé abat le portier, Richard Depeyre, de coups de feu à la main et au ventre.29
En janvier 1972, les enquêteurs du Bureau de recherche sur le crime organisé et l’escouade de la moralité ferment le bar Seven Steps suite à des preuves que l’établissement ne respectait pas les lois et règlements auxquels il devait se conformer.30
Et maintenant, l’histoire du Rainbow Bar & Grill…
RAINBOW BAR & GRILL (1972-1984)
Appelez cela du « barmanship » communautaire si vous le désirez : le Rainbow Bar & Grill était un bar, un restaurant, un lieu de rassemblement, un centre de conversation, de lecture, de jeux, de films et de spectacles.31,32 Il a été fondé par Judy Ponting, Don Woodward, Wayne Kratch et Colin Nelson en 1972.2,32
The Montreal Star, 7 avril 1972, newspapers.com
Judy et Don ont ouvert le Rainbow avec un investissement initial de $5,000, qu’ils ont multiplié par dix avec l’aide de parents, d’amis et de la banque. Il se considéraient comme de petits entrepreneurs et le Rainbow était une entreprise équitable. Le prix des boissons et des repas était abordable. Par exemple, les spécialités de la maison comme le carré d’agneau et le filet de sole ne coûtaient que $1,75. Les amis qui ont aidé à bâtir le Rainbow ont été payés avec des parts de l’entreprise. De plus, les propriétaires offraient à leurs employés 3% de leurs ventes. Aucun autre bar en ville n’en faisait autant. Une coopérative? Pas tout à fait, mais presque!32
Aussi peu orthodoxe que soit leur idée d’un bar-communautaire, les propriétaires avaient tous déjà appris comment bien gérer une entreprise. La plupart étaient d’anciens employés du pub Sir Winston Churchill, rue Crescent. Les propriétaires du Rainbow recevaient fréquemment des conseils de leur ex-patron, John Vago, du pub Winston Churchill.31
Le personnel du Rainbow était réellement lié d’amitié. Les gens qui fréquentaient l’endroit sentaient qu’ils s’impliquaient dans la vie des autres. C’était l’époque où les barmans étaient des confesseurs et des confidents.1
Le Rainbow était composé de deux pièces : un bar à l’avant et une arrière-salle où se déroulaient parfois des parties d’échecs, de la consommation de champignons magiques…et d’autres activités non imprimables. Les dimanches, des vieux films étaient projetés.1
The Gazette, 5 février 1989, newspapers.com
« Le Rainbow était un produit de son temps, d’une génération », explique Wayne Pavey, qui travaillait comme barman au Rainbow lors de son ouverture. « Nous étions jeunes, encore excités par l’Expo 67. C’était un âge où nous étions tous pleins d’optimisme et croyions pouvoir faire ce que nous voulions dans la vie. »1
Le midi, le Rainbow était bourré d’hommes d’affaires qui se joignaient aux habitués : des cinéastes, des écrivains, des universitaires révolutionnaires et quelques personnes âgées. Les clients étaient distingués. On jouait au backgammon, on lisait le New York Times. On buvait beaucoup de vin et on vendait plus de cigarettes Gauloises ici que probablement n’importe où en ville.32,33
Le parti politique « Rassemblement des Citoyens de Montréal », sous la direction de Jean Doré, est pratiquement né au Rainbow. Nick Auf der Maur y a passé tellement de temps qu’on lui a donné un espace à l’étage pour un bureau. Le Rainbow était son quartier général lors de sa première campagne électorale. Le Rainbow Bar & Grill a été, pendant un certain temps, l’un des bars les plus réussis et appréciés du centre-ville de Montréal.1
En 1981, le Rainbow est victime d’un incendie causé par le restaurant El Parador au sous-sol.1,34 Le Rainbow est fermé pendant un certain temps et reconstruit, mais tous les réguliers s’en sont en quelque sorte éloignés.2 « J’ai entendu dire que l’incendie avait été causé par une pièce de monnaie placée dans leur boîte à fusibles au lieu d’un fusible », raconte Dean Thomson, ancien barman du Rainbow. Une chose est certaine, il a fallu beaucoup de temps à Sol Prizant, le dernier propriétaire du Rainbow, à récupérer son assurance-incendie et le reconstruire.41
« Nous avions un faux plafond en aluminium à l’époque où j’y travaillais, continue Thomson. Le plafond n’était pas scellé et était même ouvert par endroits. On pouvait même voir les poutres. Alors un collègue et moi sommes debout derrière le bar, il y a un couple assis au bar devant nous et ils se font des yeux doux, ne remarquant rien autour d’eux, quand soudain un un gros rat suivi d’un autre rat tout aussi gros tombent du faux plafond, atterrissent à côté d’eux, et s’enfuit vers un trou dans le mur. Le couple n’a rien vu! J’ai regardé mon collègue… il m’a regardé… J’ai dit : ‘’As-tu vu ça ?’’ Il y avait beaucoup de rats sur la rue Stanley à cette époque. Il y avait un restaurant de fruits de mer au coin des rues Stanley et de Maisonneuve, La Poissonnerie. On disait que leurs rats étaient les rats les mieux nourris de la ville! On pouvait les regarder plonger dans les poubelles derrière le restaurant après la fermeture! »41
Au fil des ans, le lieu est réincarné en restaurants: le Steak qui Rit, le Mercury Grill, Chez Better, l’International Resto-Bistro, Chez Joe’s Steakhouse, le Taj Mahal2. Le local aux ‘’sept marches’’ est actuellement occupé par un restaurant Subway depuis 2009.35,40
Aujourd’hui, Don Woodward et Judy Ponting, qui ont fondé le Rainbow Bar & Grill, ne sont plus. Woodward, qui était gai, est mort du SIDA. Ponting est décédée dans un accident de voiture alors qu’elle se rendait à un barbecue dans les Cantons-de-l’Est.33
Quant à Bob Silverman, qui avait fondé la librairie Seven Steps en 1960, il est devenu militant pour le cyclisme à Montréal durant les années 1970 et a cofondé le groupe « Le Monde à Bicyclette » avec Claire Morissette. Il s’est battu pour une meilleure sécurité en vélo en ville. « Bicycle Bob » Silverman est devenu le père du développement cycliste de Montréal.36 Il est mort en 2022 à l’âge de 88 ans. Valérie Plante lui a rendu hommage en tant que Pionnier du cyclisme à Montréal:
« Bob Silverman a contribué à rendre les déplacements en vélo à Montréal plus sécuritaires et à promouvoir la mobilité active. Nous lui devons beaucoup. »37 Son héritage est l’énorme popularité du cyclisme à Montréal et son vaste réseau de pistes cyclables, a déclaré le biographe John Symon.38
CHRONOLOGIE
1430 STANLEY
rez-de-chaussée
1960-1961: Librairie Seven Steps
1961-1962: Librairie Ember \ Café Flaming Ember
1962-1963: Librairie Pot Pourri \ Café Pot Pourri
1963-1965: Restaurant Chez Jacques Labrecque
1966-1966: Club Sans Souci
1966-1967: Discothèque La Lune Rousse
1967-1967: Jerry’s Go-Go Club
1968-1969: Le Gai Piano
1970-1972: Pub Seven Steps
1972-1984: Rainbow Bar & Grill \ L’Arc en Ciel
1986-1986: Restaurant Le Steak qui Rit
1986-1988: Restaurant Mercury Grill
1989-1998: Restaurant Chez Better
1998-1999: L’International Resto-Bistro
1999-2003: Joe’s Steakhouse
2003-2006: Buffet Tajmahal
2006-2008: à déterminer
2009-aujourd’hui: Restaurant Subway
1432 STANLEY
sous-sol
1965-1965: Café Blue Lantern
1966-1966: New Penelope
1967-1967: Café Dante
1967-1968: Café Totem Pole
1969-1981: Restaurant El Parador
Sources
[1] Rainbow Bar & Grill drew the famous and the offbeat, The Gazette, 5 février 1989
[2] Building sports new face but memories are old, The Gazette, 28 novembre 1986
[3] Wikipedia: Rue Stanley
[4] Montreal Stanley street down through the years, RN Wilkins, 2016
[5] Robert Bicycle Bob Silverman dead at 88, The Gazette, 2016
[6] Brian Nation: Seven Steps Pot Pourri, 1995
[7] The Seven Steps bookstore, Robert Landori, 2020
[8] The sophisticated scene in Montreal is now at 1430 Stanley, The Gazette, 20 octobre 1961
[9] Mary Isabel Parr Pinkston, The Progress, 2009
[10] Quebec anglophone heritage network, 2013
[11] He was crazy but I was impressed, The Gazette, Dane Lanken, 12 janvier 1974
[12] Wikipedia: Bob Dylan bootleg recordings
[13] Jacques Labrecque a reporté à septembre l’ouverture de son Pot-Pourri, Photo-Journal, 14 septembre 1963
[14] Chez Jacques Labrecque un vrai poste de traite, La Patrie, 28 novembre 1963
[15] Club Sans Souci ouverture, La Presse, 16 février 1966
[16] Notice to creditors in the matter of bankruptcy Club Sans Souci, The Montreal Star, 17 septembre 1966
[17] Jerry’s Go-Go club shows dancing fun, The Gazette, 20 avril 1967
[18] Grand opening tonight of Le Gai Piano, The Montreal Star, 5 décembre 1968
[19] La Lune Rousse, The Montreal Star, 10 décembre 1966
[20] Folk coffee house appeals to college set, The Montreal Star, 15 octobre 1965
[21] Montreal Underground Origins, The New Penelope cafe and it’s era public call, 2021
[22] New coffee shop hopes to draw folksinging set, The Montreal Star, 27 août 1965
[23] Bright spots in a desert of night life, The Montreal Star, 22 juillet 1966
[24] Pink Floyd sales boom, The Gazette, 15 juin 1977
[25] His folk clubs rocked, The Gazette, 28 décembre 2004
[26] Les jeunes dans les bars et les tavernes du pays, La voix de l’est, 20 janvier 1972
[27] Everybody happy with drop of legal drinking age to 18, The Gazette, 29 novembre 1971
[28] Portail de la mode, histoire mode années 1970
[29] Cabbie, doorman are shot, The Montreal Star, Robert Taylor, 6 août 1971
[30] Trois cabarets fermés à Montréal, Le Devoir, 19 janvier 1972
[31] Sweat, toil, tears the brew for stirring up a Rainbow, The Montreal Star, Keitha McLean, 7 avril 1972
[32] The Rainbow: a place for friends, The Gazette, 20 octobre 1972
[33] From Rainbow to Darwins, Coolopolis, 2017
[34] Fire damages restaurant, bar, The Gazette, 13 mai 1981
[35] Montreal bars of the eighties, DC Montrea, 2017
[36] Pionnier du cyclisme, La Presse, 16 juin 1987
[37] Valérie Plante, Twitter, 20 février 2022
[38] Robert Bicycle Bob Silverman dead at 88, The Gazette, 2016
[39] Mental exam is ordered for suspected gunman, The Gazette, 20 juillet 1971
[40] Registre des entreprises du Québec: Québec Inc. 9205 3198
[41] Témoignage de Dean Thomson, ex-employé du Rainbow Bar & Grill, 2023