SAMOVAR
Le cabaret Samovar était un lieu de divertissement situé dans la ville de Montréal, rue Mackay et Peel. Fondé dans les années 1920, ce cabaret offrait des spectacles variés incluant de la musique, de la danse, de la comédie et d'autres formes de performance artistique. Le nom "Samovar" fait référence à un dispositif traditionnel russe utilisé pour chauffer et servir le thé, ce qui suggère une ambiance chaleureuse et conviviale au sein du cabaret.
Au cours des années 1930 et 1940, le Samovar présentait certains des spectacles les plus artistiques jamais présentés dans un night-club montréalais.
Ce texte est assemblé à partir d’archives de journaux
Nous voyons des clients assis à des tables du «Samovar Restaurant & Cabaret» situé au 1424, rue Peel à Montréal.
Photo: Conrad Poirier, 9 octobre 1940, (BAnQ) Fonds Conrad Poirier – Archives nationales à Montréal, ID 543012
Le Samovar (1925-1949) était un restaurant qui offrait une cuisine française et russe à Montréal et qui connut beaucoup de succès au courant des années 1930 et 1940. Il s’inscrit dans l’âge d’or des cabarets de Montréal.
The Gazette, 18 décembre 1925 newspapers.com
Le Samovar Tea Room, initialement situé au 395 rue Mackay, est fondé par Ema Goodstone le 19 décembre 1925.1 Ce petit restaurant sert du thé et d’autres rafraîchissements légers. Il se veut un « refuge de l’ordinaire ». Il déménage au 1422 rue Peel et se transforme en café Samovar le 14 décembre 1929.2 Il occupe ensuite le dernier étage du même immeuble, au 1424 rue Peel, à partir de 1936.3
The Gazette, 13 décembre 1929 newspapers.com
Le Samovar accueillait sa clientèle dans une véritable atmosphère d’ancien empire russe. On pouvait y déguster un festin au cachet exotique et on y dansait sur de la musique tsigane.4
Au cours des années 1930 et 1940, le Samovar présentait certains des spectacles les plus artistiques jamais présentés dans un night-club montréalais.5
Samovar
L’histoire du Samovar, c’est aussi l’histoire de son maître de cérémonie, le Russo-autrichien Carol Grauer. Le Samovar ne serait pas ce qu’il était sans son colossal maître de cérémonie.6 Avec son allure pleine de bonhomie, Carol Grauer était jovial, sympathique et remerciait chacune des personnes qui voyaient ses spectacles. Il était l’une des plus belles figures du monde du cabaret au Canada et aux États-Unis.7 Le Samovar, c’est lui. Et sans lui, le club de la rue Peel n’aurait pas été la boîte de nuit la plus recherchée de Montréal tant par les citoyens que par les touristes.6
The Gazette, 10 août 1951 newspapers.com
C’est le 14 mars 1928 que Carol assume pour la première fois les fonctions de maître de cérémonie du Samovar. Le soir de l’inauguration, plusieurs personnalités sont présentes dont les princes et la grande-duchesse du Luxembourg.6
Au début, Carol présentait à ses clients tous les soirs une opérette spécialement adaptée pour la petite scène du cabaret. Les oeuvres tenaient exclusivement du répertoire viennois et mettaient en vedette d’excellents artistes européens et américains du chant et de la danse. Ces spectacles d’opérettes, on le comprendra, donnaient un travail énorme à Carol et coûtaient très cher à la direction. Malgré le succès que connaissaient ces spectacles, on décida de délaisser l’opérette pour présenter des spectacles semblables à ceux des autres night-clubs de la ville.6
The Gazette, 3 août 1943 newspapers.com
Carol était le gérant en plus d’être le metteur en scène et le maître de cérémonie. C’est aussi lui qui faisait la publicité de la boîte jusqu’à l’arrivée, en 1947, de Marc Thibault, publiciste du Samovar. Plusieurs artistes doivent leur découverte à Carol: Iva Withers, la vedette de « Carrousel » sur Broadway, et les sœurs Kraft, en vedette à Hollywood. Irene Hilda a débuté en Amérique sur le plancher du Samovar, grâce à Carol. Celui-ci fait lui-même le choix des vedettes. Il se rend à New York toutes les six semaines pour y engager des artistes qualifiés.6
Nous voyons des clients assis à une table du «Samovar Restaurant & Cabaret» situé au 1424, rue Peel à Montréal. Nous observons sur le mur du fond une fresque d’inspiration slave ainsi qu’un texte en caractères cyrilliques.
Photo: Conrad Poirier, BanQ Fonds Conrad Poirier – Archives nationales à Montréal, P48,S1,P5942
Né à Vienne, c’est là que Carol Grauer y fit toutes ses études et ses débuts sur la scène avant de venir au Canada. Il développe une vaste expérience de la scène et de la mise en scène, ayant étudié avec les plus grands maîtres européens, tel que Max Reinhardt. Avant de venir au Canada, il fut une grande vedette de l’opérette, jouant sur des scènes des grandes villes d’Europe. Ses nombreuses tournées à travers les pays d’outre-mer lui ont permis de se familiariser avec neuf langues. Au cours de la guerre 1914-18, il entra dans le célèbre régiment des Dragons d’Autriche et il fut blessé au cours d’une campagne. Il fut promu capitaine et décoré pour sa bravoure. À son arrivée au Canada, il travailla pour le Canadien-Pacifique. Quelques mois plus tard, il passa au Samovar. Carol se considérait, à juste titre, comme le « grand-père des maîtres de cérémonie de Montréal. »6
The Gazette, 1 mars 1948 newspapers.com
En octobre 1948, après 21 ans au service du Samovar, Carol Grauer annonça que son association avec le cabaret se terminait suite à un long désaccord avec la propriétaire, qui désirait mettre à jour le décor du cabaret. Il remit donc sa démission. Le Samovar resta un endroit agréable, mais sans Carol, ce n’était plus qu’un autre café.8
Un couple fume à une table du «Samovar Restaurant & Cabaret» situé au 1424, rue Peel à Montréal.
Photo: Conrad Poirier, BanQ Fonds Conrad Poirier – Archives nationales à Montréal, ID 543013
Le mois suivant sa démission, Carol Grauer devint le nouveau maître de cérémonie de la salle Tzigane du Café Bucharest, situé au 3956 boulevard Saint-Laurent.9 Des applaudissements rarement égalés dans une boîte de nuit l’accueillirent alors qu’il se dirigea vers le micro pour annoncer son premier spectacle. La salle était remplie de fleurs envoyées par ses fans.10
Le Samovar est vendu et rouvre sous le nom de Carrousel, le 24 mars 1949.11
Plus récemment, l’immeuble était occupé depuis 1990 par le restaurant mexicain Carlos & Pepes, en face des Cours Mont-Royal, jusqu’à sa fermeture en 2021.