Skip to main content
Montréal Concert Poster Archive

THÉÂTRE LOEWS

Le Loews de Montréal, à l'origine appelé Loews Vaudeville Theatre, se trouvait à l'angle de la rue Sainte-Catherine et de Mansfield. Il a été fondé par Marcus Loew, cofondateur de MGM (Metro-Goldwyn-Mayer) et de Loews Cineplex. Marcus Loew possédait plusieurs centaines de théâtres à travers les États-Unis et le Canada.

C’est sur la scène du théâtre Loews que Montréal a accueilli les premières grandes stars musicales américaines de la culture pop du 20e siècle, comme Cab Calloway (1934), Duke Ellington (1936) et Fats Waller (1936), lors de leurs premières visites en ville, avant que le Loews ne se transforme exclusivement en cinéma en 1940.

Théâtre Loews, 1954
Photo: Helmut Hausknost

Le Loews, avec ses 2 855 sièges, était le plus grand super-palais de cinéma à Montréal. Il est resté le plus grand théâtre canadien jusqu’aux années 1970, lorsque des rénovations ont converti ce vaste espace à écran unique en cinq petites salles de cinéma. Le Palace, le Capitol et le théâtre St-Denis occupaient respectivement les deuxième, troisième et quatrième positions.1,2,3,4,5

Le Loews de Montréal, à l’origine appelé Loews Vaudeville Theatre, se trouvait à l’angle des rue Sainte-Catherine et Mansfield. Il a été fondé par Marcus Loew, cofondateur de MGM (Metro-Goldwyn-Mayer) et de Loews Cineplex. Marcus Loew possédait plusieurs centaines de théâtres à travers les États-Unis et le Canada.6

Loews Vaudeville Theatre, rue Sainte-Catherine, Montréal, 1920
Source: Salles de cinema du Quebec, Pierre Pageau, p.47

Lors de sa construction à Montréal par la société Fleischmann de New York, le Loews se distinguait par une marquise ornée de 2 600 ampoules, la plus grande de la rue Sainte-Catherine.1,7

Le théâtre Loews de Montréal a été conçu par Thomas Lamb, un architecte américain d’origine écossaise, qui a également conçu le théâtre Capitol de Montréal. Lamb était renommé pour son expertise dans le style opulent des théâtres anciens. Il coûta un million de dollars pour sa construction en 1916-1917 (soit  l’équivalent de 23,726,417 $ en 2024).1,2,8,9

La salle mesurait 100 pieds par 174, avec une hauteur maximale de 81 pieds, et était accessible par un long couloir de 24 pieds sur 105.1

« La grandeur de ces théâtres était un argument de vente important pour eux », a déclaré Dane Lanken, critique de cinéma pour le Montreal Gazette. « Au début du siècle, les Montréalais vivaient généralement dans des appartements sombres et austères. Cependant, pour une somme modique, vous pouviez sortir et vous installer dans ces palais de cinéma. Le portier vous ouvrait la porte, et un placier vous escortait jusqu’à votre siège, vous offrant un traitement royal pour seulement 10 cents [en 1917] », (soit l’équivalent de 2 $ en 2024).10

Inauguré officiellement le 19 novembre 1917, le Loews a ouvert en présentant George Rosener en tête d’affiche dans six numéros de vaudeville, et à l’écran, on pouvait voir Norma Talmadge dans le film muet « The Secret of the Storm Country » ainsi que Fatty Arbuckle et Buster Keaton dans « Coney Island ».4,9

Fatty Arbuckle et Buster Keaton dans Coney Island, 1917

C’est au théâtre Loews que les Montréalais ont pu voir en exclusivité le Kid de Charlie Chaplin (1921), The Wizard of Oz (1939), Pinocchio (1940), Citizen Kane (1941), Fantasia (1942), Psycho (1960), The Godfather (1972), The Exorcist (1974), Rocky (1977), et plusieurs autres…

3 mars 1974, The Exorcist, Théâtre Loews, Montréal
Photo: Jean Goupil, P833,S5,D1974-0099, BAnQ

C’est sur la scène du théâtre Loews que Montréal a accueilli les premières grandes stars musicales américaines de la culture pop du 20e siècle, comme Cab Calloway (1934), Duke Ellington (1936) et Fats Waller (1936), lors de leurs premières visites en ville, avant que le Loews ne se transforme exclusivement en cinéma en 1940.4

Grâce au scat popularisé aux États-Unis par Louis Armstrong dans les années 1920, Cab Calloway est devenu une star internationale du jazz avec son tube emblématique « Minnie the Moocher » en 1931, qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde. Il a interprété ce titre avec un immense succès à Montréal et ailleurs sur les scènes de Music-Hall et au cinéma, accompagné de son Cotton Club Big Band, vêtu de ses costumes zoot-suit, et se distinguant par son jeu de scène chorégraphique humoristique caractéristique. Ses célèbres triades de scat « Ha-Dee Ha-Dee Ha Dee-Ho » ont été reprises en chœur par un public enthousiaste. Ce succès lui a valu le surnom de « Hi De Ho Man » et lui a assuré une grande notoriété pendant plus de cinquante ans de carrière.11

Minnie the Moocher par Cab Calloway

Rencontré dans sa loge du théâtre Loews à Montréal après une semaine de représentation en décembre 1934, Calloway, un jeune homme charmant, affichait un sourire chaleureux. Malgré son succès, il conservait une bonhomie accueillante. « Monsieur, » nous confia-t-il, « j’aime venir travailler ici. Votre public est si enthousiaste. L’attention et l’accueil chaleureux que nous recevons rendent notre travail plaisant et nous incitent à donner le meilleur de nous-mêmes. Vous êtes très différents des Américains, qui restent froids pendant les représentations; nous ne savons jamais si cela leur a plu. »12

Un héros méconnu du théâtre Loews fut Walter Hoffmann. Il a été le premier projectionniste lors de l’ouverture du Loews en 1917, puis lors de l’ouverture du Capitol en 1921. Il a présidé l’union des employés de scène de théâtre et de cinéma (AIEST) pendant 30 ans. Il a été le premier à installer des films parlants à Montréal, et dans l’est du Canada. Avec une carrière de 54 ans dans le monde du divertissement, Hoffmann s’était également investi dans des œuvres de bienfaisance, notamment en projetant des films sur une machine portative pour les enfants handicapés de l’hôpital Shriners et pour l’hôpital des anciens combattants. Son vaste savoir-faire lui a permis de se maintenir à l’avant-garde des innovations du grand écran, des jours du Nickelodeon aux grands cinémas de luxe.13

Théâtre Loews, 1 avril 1965, Montréal
Photo: Michel Gravel, P833,S5,D1965-0022 , BAnQ

Ce qui a mis fin à l’essor de la construction des super-palais de cinéma, c’est la Grande Dépression. Bien que la fréquentation des cinémas soit restée forte pendant les années trente, voire en augmentation, il n’y avait pas d’argent pour construire de nouveaux théâtres. À la fin des années 1930, avec une légère amélioration de la situation, une poignée de nouveaux théâtres ont ouvert. Mais avec l’avènement de la Seconde Guerre mondiale, la construction a de nouveau cessé. Le retour de la paix a vu la construction de quelques autres théâtres. Cependant, l’arrivée de la télévision dans les années 1950 a mis fin à toute idée d’expansion future des théâtres. Bien que la fréquentation des cinémas ait culminé au Canada en 1953, avec environ cinq millions d’entrées par semaine, elle a rapidement diminué par la suite et ne représente aujourd’hui qu’une fraction de ce chiffre.14

Le Loews a fermé temporairement en 1975 pour des rénovations après la dernière projection du film Jaws. Les rénovations ont transformé le Loews d’un palais à écran unique en cinq petites salles de cinéma. Le film de ré-ouverture en 1976 était King Kong, projeté dans les cinq salles, en français dans la salle #1 et en italien dans la salle #3.4,5

Le Loews a fermé ses portes à la mi-juin 1999, lorsque Famous Players prévoyait ouvrir le nouveau complexe de cinéma Paramount de l’autre côté de la rue, dans l’ancien bâtiment de Simpson’s. La vente du Loews a été finalisée le 29 décembre 1999.15,16

En 2001, le théâtre a été converti en espace de loisirs intérieur sous la bannière Club Med World. Club Med World a fermé en mars 2003. En 2004, l’ancien hall d’entrée était utilisé pour des commerces de détail, tandis que l’ancien auditorium a été transformé en salle de sport en 2005.2,16

En septembre 2019, l’ancien théâtre a été acheté pour plus de 20 millions de dollars par le Brivia Group dans la prévision de construire une tour à condominiums de 19 étages sur le site. L’occupation est prévu pour 2024.4,18

Sources
[1] Les théâtres Loews, Palace et Impérial, La Presse, Guy Pinard, 15 juillet 1990
[2] https://blog.heritagemontreal.org/en/histoire-des-cinemas-de-montreal/
[3] Historic Loews theatre demolished as part of condo development, CTV news, Lillian Roy, 13 février 2022
[4] https://cinematreasures.org/theaters/3043
[5] 1975 renovations would be undone, The Gazette, Arthur Kaptainis, 18 mars 1999
[6] Wikipedia: Marcus Loew
[7] Conversion plan: Loews will be a theatre center, The Gazette, Jack Kapica, 8 août 1975
[8] L’ouverture du théâtre Loew, La Patrie, 17 novembre 1917
[9] Loews Vaudeville Theatre, Le Devoir, 17 novembre 1917
[10] Opulence reeled in crowd, The Gazette, Linda Gyulai, 28 février 2015
[11] Wikipedia: Cab Calloway
[12] Théâtre Loews, La Patrie, 17 décembre 1934
[13] Obituary: Walter Hoffmann, The Gazette, 22 novembre 1975
[14] Montreal movie palaces, Dane Lanken, p.40-44
[15] Deal for Loews appear near, The Gazette, Doug Sweet, 2 avril 1999
[16] Loews becomes Club Med, The Gazette, Doug Sweet, 7 janvier 2000
[17] Bulletin de la chambre du commerce du district de Montréal et de la chambre de commerces des jeunes, Annuaire statistique Division des permis, juin 1944, BAnQ
[18] Brivia planning 19-storey condo tower with pool on site of old Loews Theatre, The Gazette, Frédéric Tomesco, 23 avril 2021
Nous avons compilé ce texte en utilisant les sources mentionnées ci-dessus. Les extraits sont reproduits tels quels avec modifications mineures par souci de cohésion. Nous avons traduit en français les sources provenant d’articles de journaux en anglais.
Dernière mise à jour du texte: 30 août 2024

VOUS AIMEREZ AUSSI…

Close Menu