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CAFÉ BEAVER

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1940-1962

1940-1962

1940-1962

1940-1962

1940-1962

Le Café Beaver présentait des spectacles à parfum de scandale durant les années 1950 et 1960 à Montréal

Café Beaver, 316 rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal, Archives de Montréal

Le Café Beaver (1940-1962) était situé au 316 rue Ste-Catherine Ouest à Montréal. Il a ouvert ses portes le 28 juin 1940 et a été fondé par Charles McKoracher.1,2,3

Le Café Beaver était localisé au-dessus du restaurant Place des Arts, coin Bleury. L’entrée qui menait à l’étage du Café Beaver était voisine à l’entrée du Cinéma Alouette (futur Spectrum de Montréal). Pendant deux décennies, le Café Beaver a présenté des spectacles musicaux, du vaudeville, des acrobates et chiens savants, de la comédie, des danseuses exotiques, des trios de jazz, des orchestres et des concours de danse.1,4,5,6,7

On a pu voir en spectacle Crip Heard au Café Beaver, un danseur professionnel américain qui est apparu principalement dans les théâtres de vaudeville noirs. Ce qui distinguait Heard de presque tous ses pairs, c’est qu’il était un double amputé, dansant avec une seule jambe et un seul bras.8 Mais ce sont les Tune Up Boys, ces sensationnels comédiens, musiciens, danseurs et impressionnistes québécois, composés de Maurice Bougie et Gaston Tessier, qui ont attiré la foule la plus considérable que l’on ait jamais vue au Café Beaver.9

LE «ZOOT-SUIT RIOT » DE MONTRÉAL, 1944

En 1944, plusieurs personnes furent blessées et arrêtées à Montréal suite aux nombreuses bagarres violentes entre «zoot-suiters», soldats, marins et policiers, qui avaient éclatées dans presque toutes les parties de la ville, particulièrement au centre-ville, dont au Café Beaver, coin Ste-Catherine et Bleury.10

Certains des clubs de nuit les plus courus de Montréal furent la cible de la rage des marins: Le Palais d’Or, Le Café Val d’Or, et Chez Maurice Danceland. Tous ces établissements et bien d’autres subirent des dégâts matériels mineurs.11

Au Café Beaver, les marins firent sortir les femmes et ceux qui portaient des complets ordinaires. Ils s’attaquèrent ensuite aux «zoot-suiters». Plusieurs personnes furent blessées à la suite des coups échangés.10

Le style «zoot» était à la mode chez certains jeunes gens dans les années 1940: un long manteau ample, aux épaules rembourrées, un pantalon bouffant à la ceinture très haute, un gros nœud papillon, un chapeau à large bord et une longue chaîne de montre. Ce style vestimentaire flamboyant était destiné à attirer l’attention et caractérisait ce que l’on appelait communément les «zoot-suiters» ou «zooters». Cette mode était surtout répandue en Amérique du Nord. La plupart des observateurs sont arrivés à la conclusion que le style zoot symbolisait la rébellion et la non-conformité de la jeunesse. Le grand public prêtait aux zoot-suiters, à tort ou à raison, un comportement antisocial, c’est-à-dire une propension à la violence, à l’abus d’alcool et aux flâneries suspectes. Compte tenu du climat de tension qui régnait en temps de guerre au Canada, et des appels à la cohésion sociale lancés par Ottawa, les frasques et les frusques des zoot-suiters prenaient une saveur antipatriotique aux yeux de bien des Canadiens, particulièrement de ceux qui portaient l’uniforme. Dès 1942, la tenue zoot était, strictement parlant, illégale.11

En 1953, les nouveaux propriétaires du Café Beaver étaient Henri-Paul Gaudreault, anciennement co-propriétaire du Café de l’Est, et François Tremblay. Le café fut entièrement rénové.12,13

En 1961, le Café Beaver illuminait de ses néons le coin Sainte-Catherine et Bleury. L’un des pionniers de la scène gaie montréalaise, Armand Monroe, alors serveur au Café Beaver, se souvient de ce club assez bien tenu: « Les clients attendaient en file aux portes, du jeudi au dimanche soir, pour voir Jacques Desrosiers, Ti-Guy Nadon, Rose Ouellet, dite La Poune, Alys Robi, et bien d’autres. À l’entracte, on dansait ! »14

Les performances de personnification féminine issues de la tradition burlesque, notamment au Théâtre des Variétés, étaient courantes à Montréal. La tradition burlesque a eu une influence sur les spectacles de travestis des boîtes des Noirs pendant les années 1940. Notamment, au Rockhead’s Paradise: Dick Montgomery en 1946, Mava Bolda en 1947, et Billie McAllister en 1948. Les performances de personnification féminine (spectacles de drags) dans les boîtes de nuit fréquentées par les Blancs — le Sans Souci, Chez Parée, le Casino Bellevue, le Café Beaver — ont fait leur apparition dans les années 1950 à Montréal.15

Le Café Beaver mettait en scène des numéros burlesques à parfum de scandale. Imitant la célèbre effeuilleuse Lili St-Cyr, l’artiste travestie Lana St-Cyr prennait un bain moussant ou exécutait une chorégraphie sur scène avec un serpent. Mais voilà qu’en mars 1962 la police débarque au Café Beaver et arrête tout le monde, y compris la gracieuse Lana.14,16 Ses performances jugées obscènes, la Ligue du Sacré-Cœur et les Filles d’Isabelle ont tenté à maintes reprises d’y mettre fin.14

Le 15 août 1962 marque le début de la nouvelle administration du Café Beaver sous Dollard ‘’Dodo’’ Patry et Henri Aubry.17

Le Café Beaver déclare faillite la même année18 et est racheté par Roger Mollet et Michèle Sandry (du cabaret Bal Tabarin) qui le transforme en Casino de Paris, en 1963. Le Casino de Paris poursuit la tradition du Café Beaver en présentant des spectacles de personnification féminine et en faisant la promotion du Music-Hall (spectacle à grand déploiement).19

Sources
[1] Ce soir ouverture Beaver Cocktail Lounge Room, Le Canada, 28 juin 1940
[2] Débit illicite, La Patrie, 31 juillet 1941
[3] Coupable d’infraction à la loi des liqueurs, L’illustration Nouvelle, 1 août 1941
[4] Rudy Asselin présente cette semaine, Montréal-Matin, 3 février 1956
[5] Il y’a de l’action au Café Beaver, Le Petit Journal, 3 décembre 1955
[6] Café Beaver, La Patrie, 12 avril 1953
[7] Au Café Beaver, Montréal-Matin, 12 novembre 1956
[8] Crip Heard, Montréal-Matin, 25 novembre 1955
[9] Les Tune Up Boys, Radiomonde, 30 janvier 1954
[10] Nombreux blessés dans les bagarres entre zoot-suiters, La Patrie, 5 juin 1944
[11] Originalement publié dans : Serge Bernier, rev. L’Impact de la Deuxième Guerre mondiale sur les sociétés canadienne et québécoise, Université du Québec à Montréal et la Direction Histoire et patrimoine de la Défense nationale, Ottawa, 1998
[12] Show business, The Gazette, 23 mars 1953
[13] Venez visiter le nouveau et chic Café Beaver, Montréal-Matin, 3 septembre 1953
[14] https://www.journaldemontreal.com/2018/02/24/au-cafe-beaver
[15] C’était du spectacle, Viviane Namaste, p. 12
[16] Le monsieur qui s’ignore, La Presse, 27 mars 1962
[17] Au Café Beaver, Montréal-Matin, 15 août 1962
[18] Bailiff sales, The Gazette, 29 août 1962
[19] N’en parlez à personne, Photo-Journal, 13 avril 1963
Nous avons bricolé ce texte en utilisant les sources mentionnées ci-dessus. Nous avons traduit en français les sources provenant d’articles de journaux en anglais. Les temps de conjugaison ont parfois été modifiés pour créer une cohérence du texte dans son ensemble. Cet exercice n’a aucun but lucratif.