MONUMENT NATIONAL
Érigé entre 1891 et 1893, le Monument-National est le plus ancien théâtre québécois encore en fonction aujourd’hui. Inauguré le 24 juin 1893 par l’Association Saint-Jean- Baptiste de Montréal – aujourd’hui la Société Saint-Jean- Baptiste – , le Monument-National était situé à la jonction historique de la ville française (à l’est du boulevard Saint-Laurent) et de la ville anglaise (à l’ouest). Par son audace architecturale et ses dimensions imposantes, c’est le premier «monument» célébrant la gloire de la «nation» canadienne d’expression française d’Amérique, d’où son nom de «Monument-National».
Le projet colossal
Le Monument-National est non seulement l’un des plus grands bâtiments montréalais de l’époque, c’est aussi le premier dont la structure est en acier. Il se distingue des autres grands édifices de l’époque, tous de style victorien, par sa façade néo-renaissante. Le Monument-National faisait partie d’un vaste projet, inachevé, de «boulevard National», véritable ChampsÉlysées montréalais, qui devait relier la rue Saint-Denis au boulevard Saint-Laurent avec, aux deux extrémités, le Monument-National et l’Opéra-National, qui n’a jamais vu le jour.
Le Monument, terre d'accueil
Dès la fin du XIXe siècle, le Monument-National, qui se trouve au coeur de ce qui était en train de devenir la ville juive, s’impose comme un formidable lieu de création, d’échange et de diffusion. C’est ce qui en fait l’un des premiers et des plus importants foyers communautaires et culturels d’Amérique. En plus de sa vaste salle du premier étage où se produisent les grandes vedettes de la fin du XIXe siècle, le Monument-National abrite, à son rez-dechaussée, le Starland, une salle dédiée au théâtre burlesque, et, au sous-sol, un musée de cire, l’Éden.
Le Monument-National des femmes
C’est au Monument-National qu’est né le féminisme québécois francophone à la fin du XIXe siècle. Regroupées au sein d’un comité appelé «Dames patronnesses de l’Association Saint-Jean-Baptiste» autour de Marie Gérin- Lajoie, les Montréalaises francophones les plus en vue de l’époque entreprennent une vigoureuse et vaste campagne qui vise la promotion des Canadiennes françaises dans tous les secteurs de la vie sociale, culturelle, économique et politique du pays. C’est également au Monument-National que commence le long combat pour l’obtention du droit de vote des femmes.
Un terreau d'idées nouvelles
Pendant près de soixante ans, le Monument-National a été un important centre de formation populaire. Inaugurés dès 1895, les «cours publics du Monument» ont formé des dizaines de milliers de personnes au génie, au droit, à la comptabilité, à l’hygiène, à la physique, aux arts, à l’histoire, à la littérature. C’est au Monument- National que se trouvent les racines de l’École polytechnique, de l’École des Hautes Études Commerciales, de l’École des beaux-arts et du Conservatoire d’art dramatique.
Innovations et avant-garde
Dès 1896, les grandes étoiles anglophones du théâtre nord-américain s’y produisent, de même que les personnalités marquantes de la scène lyrique et de la scène musicale d’envergure internationale. Le Monument-National a également joué un rôle fondamental dans le développement du théâtre francophone au Québec. Mais le Monument-National a aussi été un formidable centre d’innovation et d’expérimentation artistiques. Dès le début des années vingt, la modernité théâtrale faisait son entrée à Montréal par la grande salle du Monument.
Foyer culturel juif
Construit au moment où la première grande vague d’immigrants juifs atteignait Montréal, le Monument- National s’est retrouvé, une fois achevé, au coeur de la ville juive. Tout naturellement et avec l’appui de l’Association Saint-Jean-Baptiste, il est devenu un imposant foyer communautaire juif, servant à l’occasion de synagogue, sans cesser d’être fréquenté par le public et les artistes canadiens- français. Il a présenté en 1896 les premiers spectacles yiddish (juifs) – venus de New York. Pendant près de soixante ans, le Monument a aussi été la principale scène yiddish d’Amérique à l’extérieur de New York. En 1919, le Monument-National a accueilli le Premier Congrès juif canadien.
Électrisme et succès populaires
De 1898 à la fin des années quarante, les deux scènes principales du Monument-National, la grande salle et le Starland, ont attiré des millions de spectateurs de Montréal et des environs. Les Veillées du Bon Vieux Temps (1923-1943), la Société canadienne d’opérette (1921-1933), les célèbres Variétés lyriques de Lionel Daunais et Charles Goulet (1937-1955), les Fridolinades (1938-1946) de Gratien Gélinas et l’étonnante Équipe (1942-1947) de Pierre Dagenais se partageaient la grande salle du Monument avec de grandes vedettes internationales comme Édith Piaf et Charles Trenet.
Le long naufrage du Monument
Après la Deuxième Guerre mondiale, commence pour le Monument-National une longue phase de déclin. Le boulevard Saint-Laurent – ou «la Main» – a mauvaise presse. La prostitution, les maisons de jeu, les trafics de toutes sortes rebutent les habitués du Monument qui lui préfèrent désormais les grandes salles de la rue Sainte- Catherine, plus sûres, plus confortables et plus modernes. L’époque est également difficile pour la Société Saint-Jean- Baptiste qui quitte le lieu en 1976. Voué à une démolition qui semble inéluctable, le Monument-National sombre dans l’oubli.
Naître à nouveau, centenaire
Après avoir miraculeusement échappé à quelques reprises au pic des démolisseurs, le Monument-National est déclaré «bien culturel classé» en 1976. Le bâtiment est finalement restauré de 1991 à 1993 grâce à l’action de son nouveau propriétaire, l’École nationale de théâtre du Canada. Cent ans jour pour jour après son inauguration, le Monument-National connaît ainsi une formidable renaissance le 24 juin 1993. C’est le plus ancien théâtre au Québec encore en activité et ses scènes, auxquelles s’est ajouté le cabaret-théâtre «la Balustrade» en 1999, sont à nouveau parmi les plus prestigieuses et les plus dynamiques du pays.
LA SERRE - arts vivants
Depuis le mois de février 2016, le Monument-National accueille les bureaux de LA SERRE - arts vivants.
LA SERRE — arts vivants est un incubateur qui améliore les conditions d’exercice des artistes émergents en arts vivants. Elle participe à la création d’œuvres fortes ainsi qu’à leur rayonnement. Parce qu’elle croit que l’art est essentiel pour lier l’homme à sa communauté, LA SERRE tisse un lien transparent entre les arts, la nature et la société et favorise la rencontre entre les différents champs disciplinaires. La SERRE se positionne comme agitateur de collaboration entre différents partenaires nationaux et internationaux.
Le mandat de LA SERRE — arts vivants se déploie sur deux grands volets : soutien aux projets d’artistes émergents et production d’évènements nationaux et internationaux.
Références
https://ent-nts.ca/fr/monument-national-histoire

https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2084313
