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AMERICAN SPAGHETTI HOUSE

L'American Spaghetti House était un restaurant emblématique situé à Montréal, rue Sainte-Catherine Est. Ce restaurant était célèbre pour ses plats de pâtes délicieux et abordables, ainsi que pour son ambiance chaleureuse et décontractée. Fondé en 1941, l'American Spaghetti House avait acquis une réputation solide au fil des décennies et était devenu un lieu de prédilection pour les habitants de Montréal et les visiteurs à la recherche d'une expérience culinaire simple mais délicieuse.

L’American Spaghetti House (1941-1959) était situé au 64 rue Sainte-Catherine Est, angle Berger.

Ce texte est assemblé à partir d’archives de journaux

Le 13 juin 1941, les frères Angelo et Dandy Bisante ouvraient les portes du American Spaghetti House pour la première fois. Situé rue Sainte-Catherine Est, à deux pas du boulevard Saint-Laurent, ce restaurant devint rapidement une véritable institution à Montréal.1

On faisait joyeusement la queue à l’extérieur pour avoir le plaisir de déguster des spaghettis à la sauce spéciale de la maison « aux prix les plus bas en ville » assurait la publicité.1

On y venait à toute heure du jour ou de la nuit puisque le restaurant était ouvert 24 heures sur 24 tous les jours de l’année au grand plaisir des clients des boîtes de nuit qui venaient y manger à la fin des spectacles, surtout ceux de la Casa Loma située à quelques pas de là.1

Au moment de la fondation du restaurant, Angelo Bisante venait de vendre le Casino de Parée, une boîte de nuit située à l’angle du boulevard Saint-Laurent et Sainte-Catherine (il revint plus tard en achetant la Casa Loma en compagnie de Henri Forgues et Andy Cobetto). Bisante avait donc de l’argent à sa disposition. Il acheta alors toutes les maisons sises du côté sud de la rue Sainte-Catherine, entre les rues Berger et Saint-Dominique. Toute sauf une, une maison étroite qui est encore debout, seule et entourée d’un terrain de stationnements, après avoir résisté aux flammes et au pic du démolisseur. Tout en conservant les boutiques au rez-de-chaussée, il aménagea le restaurant au premier étage et lui donna le nom de « American Spaghetti House » en souvenir de l’American Grill qui venait de fermer ses portes. Et au rythme de la popularité grandissante, Bisante l’agrandit en acquérant les propriétés de la rue Berger.1

Les frères Bisante innovèrent à plusieurs titres. D’abord, selon Dandy, ils furent responsable de la popularité des spaghettis auprès des Montréalais. Ensuite, ils furent les pionniers à Montréal des commandes pour apporter et de la livraison à domicile par camion. Enfin, leur établissement était un des rares restaurants à prix populaires de Montréal à réserver un plancher de danses pour les amateurs de  « jitterbug ».  Quinze ans après l’inauguration, l’entreprise employait 160 personnes et possédait six camions pour la livraison. Pour moins d’un dollar, un client pouvait s’offrir une soupe du jour, un plat de spaghetti à la sauce à la viande, une pâtisserie française et un café!1

Même s’il a dû consacrer d’innombrables heures à la direction du restaurant de son frère Angelo, Dandy Bisante ne conserve que de bons souvenirs de cette époque. Elle lui permit en effet de rencontrer de nombreuses personnalités comme les Primo Carmera, les Jen Roger, les Muriel Millard et tous les artistes qui défilèrent sur la scène de la Casa Loma.1

Angelo Bisante était aussi un philanthrope reconnu. À chaque année, il recevait 300 orphelins à son restaurant, et ces derniers repartaient avec des souvenirs.1

Mais tout s’envola en fumée le 24 février 1959. L’incendie fut tragique puisque deux pompiers périrent dans les flammes à cause de l’effondrement de la toiture. Angelo Bisante tenta de relancer l’affaire mais sa santé chancelante et l’exiguïté des nouveaux locaux signèrent l’arrêt de mort du American Spaghetti House.1

LUTTE AVEC LA PÈGRE

Lucie Delicato (Madame Bisante), était la femme d’Angelo Bisante, le propriétaire de l’American Spaghetti House. Angelo était aussi associé à la pègre qui gérait les tripots, les blind pigs (on y buvait après les heures légales); les barbottes (on y jouait aux cartes et aux dés); et les bookies qui prenaient les gageurs en dehors des champs de course.2 Angelo Bisante, dit-on, fuyait les tripots et les bordels mais sa femme était une des « madames » les plus célèbres de Montréal.3 Lucie avait débuté comme simple prostitué et, après son mariage avec Angelo, avait ouvert un bordel relativement chic sur le boulevard Saint-Laurent. Lorsque les époux Bisante furent sommés de comparaître comme témoins à l’enquête Caron (enquête menée par Pacifique Plante et Jean Drapeau sur la corruption policière à Montréal), la mère supérieure d’un grand orphelinat affirma « qu’il était impossible que des gens aussi charitable fissent partie du milieu interlope. Vous devez faire erreur » L’avocat Pax Plante rétorqua: « Désolé, voilà des années qu’ils se livrent à ce commerce et ils ne s’en sont jamais cachés »4

The Gazette, 15 novembre 2013, newspapers.com

Angelo Bisante décède en décembre 1961, à l’âge de 66 ans, après une longue maladie.

Lucie Delicato Bisante décède le 6 mars 1966 à l’âge de 60 ans.6

Sources
[1] L’American Spaghetti House: une maison qui a popularisé le spaghetti à Montréal, La Presse, Guy Pinard, 16 juin 1991
[2] Dodo et Denise en tenancières de bordel, La Presse, Louise Cousineau, 20 juin 1991
[3] Montréal se refait une vertu (1950-1954), Daniel Proulx, La Presse, 8 août 1993
[4] Pax Lutte à finir avec la pègre, La Presse, Alain Stanké, Jean-Louis Morgan, 10 mai 1973
[5] Nécrologie Angelo Bisante, La Presse, 11 décembre 1961
[6] Nécrologie Lucie Bisante, The Gazette, 8 mars 1966
Nous avons compilé ce texte en utilisant les sources mentionnées ci-dessus. Les extraits sont reproduits tels quels avec modifications mineures par souci de cohésion. Nous avons traduit en français les sources provenant d’articles de journaux en anglais.
Dernière mise à jour du texte: 21 décembre 2023

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