La Place des Arts a été le premier projet de grande envergure du maire Jean Drapeau pour propulser Montréal vers le futur.2
PLACE DES ARTS
La Place des Arts de Montréal est un complexe culturel majeur situé au cœur du Quartier des Spectacles à Montréal. Elle est reconnue comme l'une des plus grandes institutions culturelles du Canada. La Place des Arts abrite plusieurs salles de spectacles, dont la Salle Wilfrid-Pelletier, la Maison symphonique de Montréal, le Théâtre Maisonneuve, le Théâtre Jean-Duceppe, la Cinquième Salle, ainsi que des galeries d'art et des espaces polyvalents. Elle accueille une grande variété de spectacles, concerts, opéras, pièces de théâtre, ballets, expositions d'art et événements spéciaux tout au long de l'année. La Place des Arts est un lieu incontournable pour la vie culturelle et artistique de Montréal.
Texte assemblé à partir d’archives de journaux
La Place des Arts est située au 260 boulevard De Maisonneuve Ouest à Montréal. Elle a été inaugurée le 21 septembre 1963.1
En 1954, après sept mois au pouvoir, Jean Drapeau, amateur d’opéra, fait pression pour la création d’une nouvelle grande salle de concert au centre-ville. La vision du maire pour cette nouvelle salle comprenait un complexe de théâtres, de restaurants et de bars avec une esplanade tentaculaire où des milliers de personnes pouvaient se rassembler. Une Place pour les Arts.2
L’Orchestre Symphonique de Montréal se produisait, dans les années 1930, dans un bâtiment du parc Lafontaine appelé l’Auditorium Le Plateau.2 Le futur maire Drapeau était étudiant à l’École supérieure Le Plateau. Ses parents adoraient la musique. « Maman était une pianiste extraordinaire et elle avait une très belle voix. Elle aurait pu faire une carrière internationale » disait-il. En 1935, à l’Auditorium Le Plateau, on présentait le premier concert de la Société des Concerts Symphoniques de Montréal (l’ancêtre de l’OSM). Ce fut le baptême symphonique du jeune Jean Drapeau. « L’école fournissait les bénévoles qui plaçaient les spectateurs. C’est comme ça que j’ai pu assister à tous les concerts de la première année » explique-t-il.4
L’élection de Jean Drapeau à la mairie de Montréal en 1954 permet la concrétisation de sa vision pour la création d’une grande salle de concert. Sept mois plus tard il réunit des gens d’affaires. Le projet est adopté en 1956 après sa rencontre avec le Premier ministre du Québec Maurice Duplessis.4
Le premier bâtiment à ouvrir fut la salle de concert en forme de fer à cheval alors connue sous le nom de « Grande Salle ». Elle a été rebaptisée Salle Wilfrid-Pelletier en 1966 en l’honneur de l’éminent chef d’orchestre, pianiste et pédagogue montréalais Wilfrid Pelletier. Conçue par le cabinet d’architectes local Arcop, la Grande Salle n’était pas innovante en termes de matériaux, mais sa façade était incontestablement tournée vers l’avenir.2 La Grande Salle de la PDA a été construite avant tout pour servir de foyer à l’Orchestre Symphonique de Montréal, et à ce sujet, M. Pierre Béique, administrateur de l’OSM, avait déclaré ce qui suit: « C’est la réalisation d’un rêve de trente ans, qui va nous faire passer de l’adolescence à la maturité. »3
Bien sûr, aucun projet municipal à grande échelle ne pouvait se dérouler sans controverse. Le 21 septembre 1963, alors que 3,000 détenteurs de billets accédaient à l’entrée souterraine de la Grande Salle pour son inauguration par l’OSM, la police à cheval retenait les manifestants à l’extérieur. « La Place des Arts est élitiste! », revendiquaient les manifestants. « Trop coûteuse! Gaspilleuse d’argent public! Non représentative de la culture québécoise! » C’était l’époque de la Révolution tranquille. La Place des Arts était interrogée sur son engagement envers la francophonie québécoise. Les francophones étaient minoritaires dans les concerts symphoniques et les ballets, écrit Laurent Duval dans son histoire détaillée de la naissance et des débuts de la PDA.2
Dès le début, la Grande Salle a prospéré. La première année, il y a eu plus de 200 représentations. « Je ne peux pas vous dire comment la vie culturelle de Montréal a explosé avec l’ouverture de la Place des Arts et de la Salle Wilfrid-Pelletier » raconte Zubin Mehta, directeur musical de l’OSM de 1961 à 1967. La nouvelle salle et le personnage qu’était Mehta ont rehaussé considérablement le profil de l’OSM. Mais c’est l’arrivée du chef d’orchestre suisse Charles Dutoit en 1977 qui place l’OSM sur la carte du monde. « Il a apporté un vrai flair et un charme que le public a adopté » se souvient Timothy Hutchins, flûte solo de l’OSM. « Je me souviens que Dutoit me disait : ‘’On va au sommet.’’ Et c’était vrai en quelques années. La fréquentation était vraiment forte dans les années 1980 jusque dans les années 1990. » La fréquentation chute peu de temps après le départ en colère de Dutoit en 2002.2 La démission survient deux jours après que la Guilde des musiciens du Québec eut dénoncé un climat de travail insupportable pour les musiciens.10 De plus, une grève de cinq mois de l’OSM en 2005 incite certains musiciens à jouer ailleurs.2
La fréquentation a rebondi lorsque Kent Nagano est devenu directeur musical en 2006. « Il a apporté une personnalité totalement nouvelle qui, je pense, attirait vraiment tout un tas de gens, jeunes et plus âgés », déclare Hutchins. « Dutoit était fougueux. Nagano était aussi exigeant, mais respectueux. »2
Le besoin de multiples scènes de l’Expo 67 pour présenter son Festival mondial des spectacles a précipité l’achèvement du deuxième bâtiment de la PDA, qui comprenait le Théâtre Maisonneuve (1,400 places), le Théâtre Port-Royal (755 places) et le Théâtre du Café de la Place, rebaptisé plus tard le Studio-Théâtre (128 places).2 Un des rares projets qui ne s’est pas matérialisé est celui d’aménager une patinoire à glace de 120 pieds par 60 au dessus de la billetterie.5 « Comment aurions-nous pu obtenir le Festival mondial d’Expo 67 s’il n’y avait pas eu de salle de concert? » demande Jean Drapeau. « La Place des Arts a permis l’aménagement du Complexe Desjardins et a entrainé de nombreuses rénovations dans le quartier. »4 La Place des Arts a aussi accueilli une foule de visiteurs de marque, plus particulièrement pendant l’année de l’Expo 67. On peut mentionner quelques noms : le général Charles de Gaule, la reine Elizabeth II et le prince Phillip, l’empereur Haïlé Sélassié, le shah d’Iran et plusieurs autres.5
Gérard Lamarche devient, en 1964, le directeur général de la Place des Arts. « Le Festival mondial organisé à l’occasion de l’Expo 67 a représenté le moment le plus intense de ma carrière » raconte-t-il. « Pendant six mois, 24 opéras furent joués et le public eut droit à 58 représentations musicales, notamment Faust de Gounod et Otello de Verdi, montés pour l’occasion par l’OSM qui interpréta, par ailleurs, la Neuvième symphonie de Beethoven. Ce fut le plus grand et le plus beau festival de musique du monde du fait de la participation des plus grandes troupes d’opéras, des plus grands orchestres et solistes. »6
En 1971, Sheldon Kagan, une figure dominante du divertissement à Montréal, organise son premier grand concert pour Dizzy Gillespie et Gene Krupa à la Place des Arts alors qu’il n’a que 21 ans.12
En 1973, l’éminent acteur de théâtre Jean Duceppe fonde une compagnie dramatique au Théâtre Port-Royal (rebaptisé Théâtre Jean-Duceppe en 1991 après sa mort) contredisant ceux qui prétendent que la culture québécoise authentique ne peut s’épanouir à la PDA. « C’était un gros risque » se souvient l’acteur Michel Dumont. « Peu de gens connaissaient la Place des Arts. Les gens téléphonaient pour demander comment s’habiller pour aller au théâtre. C’était considéré comme un lieu élitiste. Les gens l’appelaient La Place des Autres. » Duceppe a été parmi les premiers à mettre en scène des pièces québécoises prononcées avec un accent québécois.2
La compagnie de ballet résidente de la PDA cherchait également à se débarrasser de l’étiquette élitiste. Les Grands Ballets Canadiens ont commencé à introduire des œuvres modernes accessibles.2 Depuis 1964, les Grands Ballets présentent annuellement le Casse-Noisette durant le temps des fêtes.11 En 1970, Les Grands Ballets présentent un spectacle qui devient un énorme succès : « Tommy » sur la musique du groupe britannique The Who. Le succès de Tommy, en tournée aux États-Unis, efface toutes les dettes des Grands Ballets Canadiens.2
Quant aux représentations les plus marquantes de l’Opéra de Montréal, on compte notamment Eugène Onéguine, l’opéra de Tchaikovsky, avec dans le rôle titre Sergei Leiferkus (1992), Roméo et Juliette de Gounod (1965) ainsi que Le Cavalier à la Rose de Strauss (1978), surtout du fait qu’on présentait alors rarement des opéras en allemand à Montréal.9
C’est Claude Léveillé qui fut le premier artiste québécois à se produire dans la Grande Salle de la Place des Arts en 1964.1 C’était alors la rage des chansonniers. Jean-Pierre Ferland, qui faisait son chemin en France, triompha à la PDA à son retour au Québec. C’est également à cette époque que Guy Latraverse apprenait son métier de producteur. En 1968-1969, il présenta à la PDA Sacha Distel, Charles Aznavour et Mireille Mathieu. Ces artistes français remportèrent beaucoup de succès et Latraverse en profita pour préparer les talents québécois qu’il présenta souvent en première partie. Les années 1970 marquèrent l’arrivée massive des artistes Québécois à la PDA.8
Le producteur Michel Gélinas triompha à la PDA notamment avec Adamo. Il invita par la suite Gilbert Bécaud, Georges Moustaki et Hugues Aufray…mais c’est Joe Dassin qui remporta les plus grands succès à la PDA. Roger Whittaker était également très populaire ainsi que Gérard Lenormand et Serge Lama. Le producteur Sam Gesser était très actif et présentait des réguliers de la Place des Arts: Harry Belafonte, Peter, Paul & Mary, Nat King Cole, Liberace, Monique Leyrac, Joan Baez. Nommons aussi Nana Mouskouri, Tony Bennett, Gordon Lightfoot et Maurice Chevalier. L’agence Canadian Concerts and Artists produisait les spectacles de Fernandel en 1965 et Léo Ferré. Elle a pris un risque énorme en produisant le premier spectacle en Amérique de Johnny Hallyday.8
En 1970, le Québec se découvre une idole, sa première idole rock: Robert Charlebois. Il casse la baraque à Paris et fait un malheur à la PDA. On remarque déjà l’engouement des Québécois pour les spectacles d’humour. Yvon Deschamps bat tous les records d’assistance. Les Québécois s’intéressent de plus en plus au jazz pendant le festival de Montréal qui grandit et on fait la fête à Buddy Rich, Count Basie, Oscar Peterson et Ella Fitzgerald. Tom Jones, Lou Rawls, Bill Cosby, Liza Minelli, Roy Orbison, les Platters se manifestent également sur les scènes de la Place des Arts. C’est là que Michel Courtemanche a été consacré. C’est là que Ginette Reno s’est transformée et c’est là également que Céline Dion a démontré qu’elle pouvait affronter les grandes scènes du monde.8
Rising Sun Festijazz 1978, Place des Arts
L’Orchestre Métropolitain devient résidant de la PDA en 1987.9
Le paysage de la PDA change sensiblement en 1992 lorsque le Musée d’art contemporain déménage sur l’esplanade en face du Théâtre Maisonneuve. Le panneau lumineux de Geneviève Cadieux sur le toit du musée, représentant les lèvres de sa mère, devient une « icône montréalaise. »2
En 2011, la superbe acoustique du petit dernier de la PDA, la Maison Symphonique, fait le bonheur des mélomanes et des musiciens.2
En 1993, on écrit : « Quand les années auront lissé la métropole montréalaise, l’ex-maire de Montréal, Jean Drapeau, ne laissera sans doute que le souvenir du bâtisseur à qui ses contemporains durent un Stade Olympique, un métro et aussi une Place des Arts. »4