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PALAIS DU COMMERCE

Inauguré en 1952, le Palais du commerce était un grand édifice commercial qui servait de salle d'exposition et qui abritait des bureaux, des commerces, des entrepôts et d'autres installations commerciales. Le Palais du commerce a joué un rôle central dans la vie économique, sociale et culturelle de Montréal pendant de nombreuses décennies. Au fil du temps, l'immeuble a subi des modifications et des rénovations et il a finalement été démoli en 2001.

L’emplacement où s’élevait le Palais du commerce de Montréal avait été choisi par le gouvernement du Québec pour ériger la Grande Bibliothèque en 2001. Qui croirait que cet édifice a eu une si grande importance?1

Ce texte est assemblé à partir d’archives de journaux
Le Palais du Commerce, Montréal, 1988,  BAnQ
Cote: P833,S4,D1479, Fonds La Presse – Archives nationales à Montréal, Id 649537

Voyons son histoire. D’abord l’emplacement: connu sous le nom de carré Berri, il comprend tout le quadrilatère entre les rues de Montigny, l’avenue Savoie, la rue Ontario et la ruelle Providence, là où se trouvait autrefois l’école de réforme du Mont-Saint-Antoine. En 1939, la Société Radio-Canada, voulant s’établir à Montréal, avait projeté de construire des studios et des bureaux sur le terrain que lui avait cédé gratuitement la Ville de Montréal. Mais la Seconde Guerre mondiale éclate et les projets sont suspendus, puis abandonnés en 1946. La Ville récupère donc le terrain, mais qu’en faire? Les idées ne manquent pas. Le directeur de l’Office municipal d’initiative économique et touristique, Valmore Gratton, entre en jeu. Les démarches de Gratton ont amené la création d’une compagnie, le Centre national du commerce, formée d’hommes d’affaires de Montréal, majoritairement de langue française, ayant pour but de mener à bien un projet. Il s’agit d’un centre appelé « Merchandise Mart » aux États-Unis, ou comptoir permanent d’échantillonnage et de vente, avec salle d’exposition. Les villes de Chicago et de New York possèdent des centres du genre. On désir ainsi combler une grave lacune de l’économie montréalaise.1

La Presse, 13 mars 2000, BAnQ

Le projet de départ est très ambitieux, on voit grand: un édifice de 12 étages ayant une superficie de 93 000 mètres carrés. Une immense salle d’exposition, louée périodiquement à l’occasion des grands salons annuels. On prévoit aussi à l’intérieur de ce « palais du commerce » des salles de réception, de projection, ainsi que des studios pour des émissions radiophoniques, un club aménagé pour les réceptions et les réunions d’affaires, des restaurants, ainsi que 27 magasins de détails ou comptoirs de service au rez-de-chaussée. Il y aura un garage ainsi que des salles de jeux de toutes sortes, billard et quilles, entre autres. Le plan d’ensemble prévoit de plus la construction d’un hôtel et d’un terminus central d’autobus.1

Ce centre permanent d’exposition sera connu sous le nom « Le Palais du commerce », ou en anglais « Show Mart ». Les travaux commencent le 28 juillet 1950 au carré Berri. Le projet réalisé est toutefois beaucoup plus limité. L’édifice mesure 152m sur 46. Il loge une très grande salle avec mezzanine, autour de laquelle on trouvera toutes les commodités possibles, restaurant, vestiaire, pharmacie, salon de barbier. Elle est munie d’un système de haut-parleurs et un théâtre mobile pourra même y être installé rapidement. Bien que le plan initial ne laisse voir qu’un édifice d’un seul étage, on a prévu la possibilité d’ajouter des étages si le besoin s’en fait sentir.1

L’exposition Les Parcs de Montréal au Palais du commerce, Archives de la Ville de Montréal
VM105-Y-1_0032-034, Ville de Montréal. Section des archives. Montréal (Québec), service des parcs (1953-1979)

Le 5 septembre 1952, la Ville de Montréal a enfin son centre permanent d’exposition et le maire Camillien Houde coupe le ruban symbolique. L’édifice a été érigé par un syndicat d’initiative privée, dirigé par J.-Roland Dansereau. Mais on n’a pas attendu que les aménagements soient entièrement terminés à l’intérieur pour y tenir des expositions. C’est pour cette raison que la première exposition, de meubles, est ouverte aux marchands seulement, du 7 au 16 janvier 1952. Le Palais du commerce devient le centre d’exposition par excellence à Montréal.1 Le gérant général adjoint et directeur du Palais du commerce est l’homme politique canadien Maurice Custeau (qui fondera le centre sportif Paul-Sauvé en 1958 et Loto-Québec en 1970).3

La Presse, 5 septembre 1952, BAnQ

L’année 1966 représente un point tournant. Les journaux rapportent qu’à la suite des demandes de plus en plus nombreuses pour tenir des expositions à Montréal, la direction du Palais du commerce a décidé d’un important agrandissement. Revirement complet un mois plus tard: on annonce que le Palais du commerce ne fera plus d’expositions! Les propriétaires de la toute nouvelle Place Bonaventure, Domaines Concordia LTD, louent le Palais du commerce à compter du 1er mai 1967.1

Avant que le Palais change de vocation, plus de 100 000 personnes se déplaçaient pour y visiter toute une gamme de manifestations du plus haut calibre: l’Exposition française, le Salon du Sportsman, l’Exposition russe, le Salon du livre, le Salon de l’automobile, etc. Les amateurs de théâtre et d’opéra y ont vu la Jeanne du bûcher d’Arthur Honegger. Les amateurs d’une autre forme de théâtre, la politique, y ont entendu les chefs de file de tous les partis. Brutalement, cela se termine.1,2

Mais la vie continue pour le Palais du commerce et on lui prête à l’occasion d’autres destinées.1

The Gazette, 20 décembre 1968, newspapers.com

LA PLACE DU SOUL (1968-1969)

Merv Dash était l’un des fondateurs du nouveau rendez-vous pour les jeunes — La Place du Soul — dans l’édifice Le Show Mart en 1969. Dash avait été le propriétaire du fameux club Harlem Paradise (ancien café St-Michel), rue de la Montagne.4,5 L’ouverture officielle de La Place du Soul a eu lieu le 16 décembre 1968 et une célébration officielle d’ouverture a eu lieu le 27 janvier 1969 avec un véritable fracas: plus de 3 000 personnes sont venues, dont les idoles québécoises Tony Roman et Johnny Farago, ainsi que le soul man numéro 1 de Montréal, Trevor Payne.4,6

Merv Dash et Clint Phillips, de l’agence World Wide Associates, avaient de l’expérience dans le domaine; ils avaient, entre autres, fait venir à Montréal James Brown et Joe Tex à l’aréna Paul-Sauvé en 1968, et en décembre de la même année, ils ont décidé de se lancer à deux pieds dans la gestion d’une énorme salle. Ils ont pris un bail d’un an sur ce qui était probablement l’une des plus grandes salles du continent – ​​le Show Mart – et se sont mis au travail pour que La Place du Soul devienne la réponse de Montréal aux légendaires salles américaines Fillmore (Fillmore East à New York et Fillmore West à San Francisco), mais en incluant le son préféré des montréalais en 1968 – la musique Soul.4

Le 16 décembre 1968, La Place du Soul ouvrait ses portes et on était bien loin de l’ancienne salle du Show Mart. Des cloisons avaient été ajoutées pour briser l’aspect de grand espace ouvert de 30 000 pieds carrés, des banderoles avaient été suspendues au plafond pour éliminer l’aspect froid du béton, une immense scène et une piste de danse avaient été ajoutées et 300 tables et 1 000 chaises installées.4

La Presse, 6 mars 1969, BAnQ

La piste et la scène étaient le cœur et l’âme de La Place du Soul: en plein centre de la salle immense (elle pouvait contenir 3000 personnes), sous le feu des floodlights et des projecteurs, une demi-douzaine de musiciens noirs se déchaînaient, le front en sueur, le rythme lourd amplifié par les haut-parleurs semblait complètement hors de proportion avec les hommes qui le produisaient. Au bout d’une demi-heure, un autre groupe montait sur scène, pendant que le premier jouait encore. La relève se faisait en quelques secondes, la musique était à peine interrompue.4

La clientèle était jeune, très jeune. Il y en avait quelques-uns qui dansaient un rock & roll d’une autre époque, mais revenu à la mode. Ils n’avaient sûrement pas 16 ans. C’était une foule accoutumée; à peu près pas de hippies, pas de motards. On ne servait pas d’alcool. D’ailleurs, on ne venait pas ici pour boire. Une eau gazeuse ou un café pouvait durer toute la soirée, car beaucoup de jeunes restaient des heures sur la piste de danse. Du côté de l’entrée, une rangée de petites boutiques vendaient disques, posters, colifichets. Sur un pan de mur, des projections photos en couleur changeaient toutes les 4 ou 5 secondes. Un héritage de l’Expo 67?7

Il y avait aussi un bon nombre de Noirs, plus âgés que la moyenne de la clientèle. Ceux-ci venaient surtout pour entendre l’orchestre. Les musiciens étaient à peu près tous des Noirs américains, en tournée qui venaient à La Place du Soul en suivant le circuit du nord des États-Unis: Plattsburgh, Burlington, etc. On invitait aussi quelques fois des artistes populaires montréalais, mais c’était l’exception. Le répertoire était toujours le même: du Rock & Roll, de la Soul, du R&B.7

World Wide Associates présentait deux concerts, sept soirs par semaine, et comptait présenter un spectacle de grande envergure par mois.4

The Montreal Star, 2 décembre 1972, newspapers.com

PAUL BUTTERFIELD (1972)

Un nouveau concept de spectacles est dévoilé au Show Mart en 1972. Le promoteur Sol Bowen ouvre le Show Mart au rock le 9 décembre avec un spectacle du bluesman américain Paul Butterfield, et ce fut un baptême fort peu prometteur. Le Palais du Commerce était un grand hall d’exposition en béton qui convenait peut-être pour présenter des nouvelles voitures, mais pour l’acoustique c’était un cauchemar. Non pas que Bowen n’ait pas essayé d’améliorer la situation ce soir-là. Les portes se sont ouvertes avec 35 minutes de retard. Bowen avait eu besoin de temps pour accrocher 2 400 mètres de toile de jute au plafond. La toile de jute n’a pas beaucoup aidé, pas plus que les banderoles en papier mâché dont Bowen jurait qu’elles n’étaient pas les siennes. Quoi qu’il en soit, seulement 1 600 personnes se sont présentées dans la salle de 6 000 places, mais Bowen a déclaré que ce n’était pas mauvais pour une première ouverture et a également déclaré qu’il envisageait de signer un bail de cinq ans pour le lieu. Il n’y avait pas de chaises dans la salle et la danse était encouragée, mais le son était si mauvais que peu de gens dansaient ou désiraient le faire.8,9

The Gazette, 27 septembre 1974, newspapers.com

NEW YORK DOLLS (1974)

Il y avait beaucoup de travestis dans la salle. De toutes les sortes: du costume sorti tout droit d’Elvira Madigan (robe longue, dentelle, grand chapeau et ombrelle) à celui de madame St-Onge, quand elle se rend à la messe du dimanche matin. Certains d’entres eux ont dit que la publicité les avait invités à un bal costumé, d’autres qu’ils trouvaient ça beau et qu’ils aimaient ça. Par contre, interrogés sur la musique, ils disaient qu’ils aimaient ça, que c’était bon ou correct, mais sans plus. Il faut bien dire que sur scène, tout était minable. Les New York Dolls ne s’étaient pas maquillés et à peine costumés et ont joué n’importe comment une musique de quinzième ordre dont certains spectateurs, en mal de danse, ne pouvaient pas suivre plus de 30 secondes. Si on ajoute à ceci l’acoustique affreuse du long couloir de ciment au plafond bas, on a une assez bonne idée de l’horreur musicale de ce spectacle.10 Le journaliste Jacques Chrétien du Petit Journal avait écrit: « Dire qu’un groupe à ce point pourri défraie régulièrement les pages des revues anglaises et américaines spécialisées comme le Rolling Stone, le Circus et le Melody Maker. Ça me dépasse. »11 Le journaliste-animateur Félix B. Desfossés met en contexte: « La scène gaie et travestie montréalaise du milieu des années 70 a permis au glam rock de s’épanouir et au mouvement punk d’éclore. Le montréalais Armand Monroe, drag queen avant-gardiste, et les New York Dolls y sont pour beaucoup. »12

Rencontre internationale de la contre-culture, 27 avril 1975, BAnQ
Photo: Robert Nadon, Cote: P833,S5,D1975-0166, Fonds La Presse – Archives nationales à Montréal, Id 660041

RENCONTRE INTERNATIONALE DE LA CONTRE-CULTURE (1975)

Les journées de la Rencontre Internationale de la Contre-Culture, en avril 1975, se terminent toutes par un spectacle de musiciens québécois. Le 25 avril, au Palais du Commerce, grand spectacle de musique et de poésie auquel participent les musiciens et les poètes qui ont animé les soirées de la Rencontre. On y voit: Conventum, le baron Filip, John Giorno, Daniel Biga, Louis Geoffroy, Marie Savard, Le Jazz Libre du Québec, Lucien Francoeur, Jean-Louis Brau, Charles Plymell, Ed Sanders, Denis Vanier, Josée Yvon, Pierrot Léger, Plume Latraverse, Allen Ginsberg, William Burroughs, Anne Walkman, Claude Pélieu, Mary Beach, Paul Chamberland et Raoul Duguay.13

Yves Taschereau du journal Le Devoir demandait à Allen Ginsberg ce qu’il pensait de la manifestation poétique de la soirée. Il lui a répondu en souriant: « Good old poetry » avant de rajouter avec un cynisme doux: « beaucoup d’énergie dépensée ». Car le type de poésie où les mots clitoris, vagin et prépuce ont remplacé les feuilles mortes et les sabliers avait déjà perdu tout son pouvoir d’impact. L’anatomie génitale, propre à une poésie de provocation d’il y a quelques années, pouvait désormais se ranger parmi les clichés de service. On assistait à une longue et très inégale manifestation poétique et musicale dans un endroit qui s’y prêtait très peu.14

Paladium ticket

LE PALADIUM

L’essor que connaît le patinage à roulettes chez nous étonne, fascine et en intrigue plusieurs. Il y a quelques décennies, on voyait pousser à vue d’œil autour de Montréal des Paladium, Roulathèque, Skatedium, sans trop y faire attention. En 1978, il y avait plus de 20 000 patineurs par soir qui roulaient dans une des 20 patinoires qu’on a récemment construites dans la province.15

Le journaliste de La Presse Jean Beaunoyer en a fait l’expérience un lundi et un mardi soir de juillet 1978. « C’est la saison creuse, me disait-on. D’une patinoire à une autre, bien peu de différence. Même discipline, même atmosphère disco: la formule magique, on l’a trouvée. L’idée est simple mais fallait y penser. Dans un coin, un p’tit couple d’une quinzaine d’années qui se bécote gentiment, les patins aux pieds devant leur verre de Coke sur la table. Dans les oreilles, la musique des Bee Gees et de Saturday Night Fever. Dans mes pieds, une paire de patins à roulettes: ma première. Sur la piste, des adolescents qui me croisent et qui me coupent sans savoir qu’ils menacent mon équilibre et mon orgueil à chaque virage. Me voila aux prises avec un problème inavouable: m’arrêter devant une sortie. »15

« Si on a tant de succès, c’est parce que le patin à roulettes réunit le sport et la discothèque. Ce qui implique évidemment les filles, les couples, la musique et un peu de compétition. » Le jeune homme qui nous livre ses observations ne doit pas avoir plus de 20 ans. Pourtant, c’est le gérant des trois Paladium, celui de Montréal qui est installé à l’ancien Palais du Commerce était considéré comme le plus grand centre de patinage à roulettes en Amérique.15

C’est le coup de maître des Paladium, de Richard Gauvin et de son fils Daniel, ce gérant de 20 ans qui nous racontait son histoire de famille. Le premier Paladium fut construit à Brossard en 1975. Le succès fut instantané. Avec les Bee Gees, Donna Summer, et les groupes disco qui hurlent dans les boites de son entre deux jets de lumières.15

The Gazette, 16 avril 1983, newspapers.com

SIMPLE MINDS (1983)

En 1983, le centre de patin à roulettes, le Paladium du Palais du Commerce, s’apprête à devenir une nouvelle scène importante pour les groupes rock. Après le succès remporté par la présentation du spectacle de Fernand Gignac et du Ballroom Orchestra, les responsables du Paladium ont jugé qu’il serait profitable de renouveler l’expérience et d’offrir plus de spectacles et de convertir le Paladium en salle de spectacle à l’occasion. La salle offre bien des avantages, dont celui de sa localisation, juste au-dessus de la station Berri-DeMontigny. Très vaste, cette ancienne salle d’exposition peut accueillir plus de 3000 personnes. Des loges, une scène escamotable, des installations pour des éclairages de scène, tout a été prévu pour que le Paladium devienne un nouveau temple du rock. Le 11 mai 1983, le groupe britannique Simple Minds est le premier groupe rock des années 1980 à mettre le Paladium à l’épreuve. Le lendemain, Gaston Mandeville, Walter Rossi et le groupe Corbeau sont les vedettes d’un spectacle organisé par l’association des étudiants du Cégep de Rosemont.16

Pour Yves Perreault, gérant du Paladium, la nouvelle vocation de l’établissement paraît des plus prometteuses. « On veut monter des shows où le monde va participer. C’est pourquoi on construit une scène et qu’on offrira une piste de danse », précise-t-il. « On peut facilement offrir 1000 places assises », ajoutait le gérant du Paladium lors d’une visite de cette salle à l’allure d’une mini-aréna. Les producteurs Fogel-Sabourin prévoient déjà présenter quelques spectacles au Paladium au cours des semaines à venir, après le test du concert de Simple Minds.16

Le Palais du commerce, Montréal, MTLurb
Le Colisée du livre, établi dans les locaux du Palais du commerce, jouxté au Marché du livre dont il est totalement indépendant.

ANNONCE DE DÉMOLITION (1988)

On annonce dans les journaux, en novembre 1988, que le célèbre Palais du commerce cédera sa place, au printemps 1989, à un projet immobilier d’envergure de plus de $100 millions. Le Palais, abritant notamment le siège social de CJMS-Radiomutuel (avant son déménagement dans la Cité des ondes) avait connu ses heures de gloire dans les années 1950 et 1960. Sa vaste salle d’exposition s’est par la suite fait concurrencer par le grand hall d’exposition de la Place Bonaventure d’abord, puis par le Palais des congrès. Le Palais du commerce devait disparaître mais ressusciter, avec une splendeur inégalée depuis des décennies.17 Mais le projet n’aboutit pas. Lorsqu’on commence à spéculer (en 1997) que le Palais du commerce pourrait devenir le nouvel emplacement de la nouvelle Grande Bibliothèque du Québec, Sylvain Rock, propriétaire du Colisée du livre, ne panique pas. « Chaque printemps, on a un projet pour le Palais du commerce. Mais le Colisée y occupe des locaux depuis 1984. J’aurais six mois pour en trouver un autre. »18

La Presse, 4 mai 1993, BAnQ

PARTY TECHNO-RAVE (1993)

2 000 jeunes se sont réunis tard le samedi 1er mai 1993 pour une soirée rave au Palais du commerce. En milieu de nuit, la police a décidé d’intervenir en force et de les expulser parce que les organisateurs n’avaient pas de permis. Huit personnes ont été arrêtées, mais plusieurs autres ont été rudoyées gratuitement. Un étudiant du Cégep Champlain a filmé l’opération policière. Son vidéo ressemble par moments à celui de l’affaire Rodney King à Los Angeles.19 Les organisateurs de la soirée techno-rave s’étaient rendus à l’hôtel de ville, quelques jours avant l’évènement, pour obtenir tous les permis nécessaires. « Mais le fonctionnaire nous a dit que nous n’en avions pas besoin puisque nous ne servions pas d’alcool à notre soirée », a expliqué Ben Waldman. Waldman, un jeune homme d’affaires de 22 ans qui en était à son premier party techno-rave, aimerait en organiser un autre. Mais où? « Après cette controverse, les gens hésitent à nous louer un local. »20   

TAZ (1996-2001)

Janet McNulty et son époux Michel Comeau (tous les deux autrefois employés du Cirque du Soleil) dirigent le Tazmahal, un centre de patinage en ligne à but non lucratif situé au Palais du commerce, où adolescents dévoués et adultes intrépides peuvent pratiquer des boucles et des sauts sur une patinoire à roulettes de 72 000 pieds carrés et un skate park de 30 000 pieds carrés. Depuis son ouverture en octobre 1996, le Taz a attiré plus de 75 000 utilisateurs.21,22 Le Taz ferme ses portes le 18 mars 2001 pour se re-localiser. L’immeuble du Palais du commerce est ensuite démoli pour faire place à la construction de la Grande Bibliothèque qui ouvre ses portes en 2005.23

Pour plusieurs Montréalais et Montréalaises, le Palais du commerce a déjà représenté tantôt un magasin de livres, tantôt un lieu de spectacle, une piste de patins à roulettes, et même une Mecque du skateboard et du BMX, différents usages qui ont démontré sa remarquable capacité d’adaptation.24,25

Grande Bibliothèque, Montréal, Wikipedia
Sources
[1] L’emplacement d’un palais pour la Grande Bibliothèque du Québec, La Presse, Christine Larose, 24 août 1988
[2] La mort du Palais du commerce, un mal pour un bien, La Patrie, 19 mars 1967
[3] Le fondateur de Loto-Québec, Maurice Custeau, n’est plus, La Presse, 20 août 1990
[4] Long live man and his soul, The Gazette, Dave Bist, 1 février 1969
[5] Mervin Anthony Dickinson-Dash obituary, The Gazette, 11 août 2018
[6] The US government is going hip, The Montreal Star, 29 mai 1968
[7] La place du soul: on n’y vient pas pour danser, La Presse, Yves Leclerc, 6 mars 1969
[8] Butterfield opens Show Mart to rock, The Gazette, Bill Mann, 11 décembre 1972
[9] Jonathan King mixes his musical metaphors, The Gazette, Bill Mann, 2 décembre 1972
[10] New York Dolls de minables catins, Le Devoir, Yves Taschereau, 30 septembre 1974
[11] Les New York Dolls: quelle horrible chose, Le Petit Journal, Jacques Chrétien, 6 octobre 1974
[12] La scène travestie qui est à l’origine du punk à Montréal, Vice, Félix B. Desfossés, 17 octobre 2023
[13] Quoi de neuf?, La Presse, 24 avril 1975
[14] Les enfants de la contre-culture s’ennuient toujours le dimanche, Le Devoir, Yves Taschereau, 29 avril 1975
[15] Vous dansiez? et bien roulez maintenant, La Presse, Jean Beaunoyer, 15 juillet 1978
[16] Simple Minds, le premier show rock au Paladium, La Presse, 11 mai 1983, Denis Lavoie
[17] Le Palais du commerce fera peau neuve, La Presse, Laurier Cloutier, 4 novembre 1988
[18] La Bibliothèque au Palais du commerce, La Presse, Laurent Cloutier, Martin Vallières, 22 juillet 1997
[19] Un simple passant s’est fait tabasser par trois policiers dans le parking du Palais du commerce, Éric Trottier, La Presse, 5 mai 1993
[20]  Les organisateurs du rave n’avaient pas besoin de permis, La Presse, Éric Trottier, 12 mai 1993
[21] Skatepark searching for new digs, The Gazette, 11 juin 1998
[22] Où, quand, combien? La Presse, 25 octobre 1996
[23] Tazmahal closes with a bash, The Gazette, 17 mars 2001
[24] Le dernier souffle du Palais du commerce?, La Presse, Gabriel Mallo, Susan Ross, 4 mars 2000
[25] Tant qu’il y aura le Taz, La Presse, Nathalie Petrowski, 22 août 2000
Nous avons compilé ce texte en utilisant les sources mentionnées ci-dessus. Les extraits sont reproduits tels quels avec modifications mineures par souci de cohésion. Nous avons traduit en français les sources provenant d’articles de journaux en anglais.
Dernière mise à jour du texte: 1 avril 2024

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