THÉÂTRE RIALTO
Le Rialto, situé au 5723 avenue du Parc dans le quartier Mile End de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal à Montréal, est une salle de spectacle ayant ouvert ses portes en 1924. Autrefois un cinéma, cet édifice historique a su conserver son charme d'antan.
Le Théâtre Rialto est un ancien palais du cinéma situé sur l’avenue du Parc à Montréal, Québec, Canada. Il est désigné lieu historique national du Canada.
Ce texte a été assemblé à partir d’archives de journaux | 24 avril 2024 |
Théâtre Rialto, Montréal, après 1924
Studio Millar, Fonds La Presse, P833,S3,D1021, BAnQ
L’ouverture du Théâtre Rialto, le 27 décembre 1924, selon les plans de Raoul Gariépy, architecte prolifique de la région et concepteur de cinq autres cinémas montréalais, marquait un nouveau pas dans l’avancement de la construction des théâtres à Montréal. Le Rialto ajoutait également un nouveau chaînon à la fameuse chaîne de théâtres exploités par la United Amusement Corporation, laquelle comprenait les théâtres Strand, Regent, Papineau, Belmont, Plaza, Corona et Mont-Royal.1,2
La Presse, 27 décembre 1924, BAnQ
Le Théâtre Rialto est une salle de spectacle du début du 20e siècle de style Beaux-Arts. Distingué par une imposante façade munie de colonnes et inspiré par l’Opéra de Paris, ce théâtre de cinq étages est aussi caractérisé par son intérieur néo-baroque.1
La conception de la structure en béton est l’œuvre de la firme d’ingénierie Forgues et Guay. C’est à Emmanuel Briffa, artiste de Montréal qui a décoré plus de 200 intérieurs de cinéma en Amérique du Nord, que l’on doit le riche décor intérieur d’influence néo-baroque. Ce décor d’une qualité exceptionnelle a gardé un grand nombre de ses caractéristiques originales, dont les peintures, les moulures, les éléments décoratifs à relief en plâtre et les verrières.1
Théâtre Rialto, Montréal, après 1924
Millar Studio, Fonds La Presse, P833,S3,D1021, BAnQ
LE GÉRANT B.M. GARFIELD ATTAQUÉ ET VOLÉ (1927)
Le gérant du Rialto était un américain du nom de B.M Garfield, jusque là gestionnaire du Théâtre Gayety (l’actuel Théâtre du Nouveau-Monde, rue Saint-Catherine).3
Un bandit armé et masqué s’est introduit dans le bureau du Rialto le 24 janvier 1927 et, après avoir menacé à la pointe de son revolver le gérant de l’établissement et sa femme, s’est emparé de la somme de 469 $ (8 233 $ en 2024) qui se trouvait dans la voute et a filé avec deux comparses qui l’attendaient. Il y avait 1 500 spectateurs dans le théâtre lorsque ce coup a été accompli, mais M. Garfield n’a pas voulu sonner l’alarme de crainte de causer une panique dans le cinéma.4
HOLD-UP (1928)
Un vol à main armé a été commis au Rialto le 9 janvier 1928. Les malfaiteurs, au nombre de trois, se sont emparés d’une somme de 45 $ (784 $ en 2024) qui se trouvait dans le bureau du gérant peu avant son arrivée. Lorsque M. Garfield entra dans son bureau, il se trouva face à face avec les bandits qui étaient masqués et armés de revolvers. On lui ordonna de lever les mains, mais au lieu d’obéir il se sauva en fermant la porte. Les bandits, qui avaient déjà volé l’argent, s’enfuirent aussitôt en menaçant les employés avec leurs revolvers.5,6
LA FEMME DU GÉRANT VOLÉE (1932)
Emma Garfield, la femme de B.M. Garfield, a été lâchement attaquée le 11 octobre 1932 par deux jeunes bandits. Elle a été ligotée et bâillonnée, puis dérobée d’une somme de 50 $ (1 067 $ en 2024) qu’elle avait dans sa sacoche. L’attentat a été commis dans la demeure de la victime située de l’autre côté de la rue du théâtre Rialto.7
Intersection des rues Parc et Bernard, 1952
VM098-Y-02-D16-001, Archives de la ville de Montréal
NOUVEAU GÉRANT, WILLIAM WRIGHT (1938)
La United Amusement Corporation a annoncé le 7 décembre 1940 qu’elle venait de nommer M. William Wright, jusqu’alors gérant du cinéma Monkland, au poste de gérant du Rialto. Il y succède à B.M. Garfield qui devient gérant de l’immeuble du Rialto.8
Wright a débuté sa carrière dans l’industrie cinématographique au Capitol de Montréal, est ensuite devenu assistant-gérant du Seville, puis est passé au Monkland qu’il a géré avec succès depuis 1931. M. Wright s’est vu couronné de succès pour plusieurs projets dont, entre autres, les spectacles scéniques pour enfants donnés le samedi matin et les populaires soirées de reprises du vendredi soir, formule qui a été adaptée sur tout le circuit de United Amusement.8
DÉCÈS DE B.M. GARFIELD (1945)
B.M. Garfield décède le 15 avril 1945 chez lui à Frewburg, NY. Garfield était natif de Frewburg et y retourna vers 1938 après avoir passé plus de 25 ans à Montréal. Garfield a été lié aux théâtres Gayety, System et Rialto. Il a été secrétaire-trésorier de la United Theatres Association et a été actif dans plusieurs types d’œuvres caritatives locales.9,10
VOL DE COFFRE-FORT (1963)
Dans la nuit du 18 février 1963, la police a déclaré que trois pirates de coffre-fort avaient surpris le veilleur de nuit du Rialto et l’avaient ligoté avant de s’attaquer au coffre-fort du bureau. Ils l’ont forcé et sont repartis avec 3 400 $ (33 562 $ en 2024).11
LES ANNÉES 1960 ET 1970
Les heures de gloire du Théâtre Rialto ce sont perdues au fil du temps. Dans les années 1960 et 1970, il a connu des saisons de cinéma grec populaire, dont les affiches aux couleurs vives, rouge sang, bleu ciel, rose baiser, noir monstre, faisaient même peur aux pigeons. Le Rialto faisait dorénavant partie du patrimoine grec montréalais.12
LES ANNÉES 1980
En 1987, le Rialto est sur le point d’être classé monument historique, ce qui pourrait bloquer le projet du plus récent propriétaire d’en faire un centre commercial. La citation et la classification sauveraient le Rialto du sort de nombreuses autres anciennes salles de cinéma montréalaises qui ont été converties ou détruites. Elias Kalogeras, propriétaire du Rialto, le dirigeait depuis 1982 comme un cinéma grec, mais l’a ensuite fermé. Il n’avait pas réussi à le louer comme cinéma de première diffusion.13
Théâtre Rialto, 18 décembre 1987
Photo: Armand Trottier, Fonds La Presse, P833,S5,D1987-0537, BAnQ
LE RIALTO CLASSÉ MONUMENT HISTORIQUE (1988)
L’année suivante, le Théâtre Rialto a été classé un monument historique par la ville de Montréal (1988) et ensuite par le gouvernement du Québec (1990), ainsi qu’un Lieu historique national du Canada (1993).14
LE RIALTO, CINÉMA DE RÉPERTOIRE (1988-1993)
Don Lobel, Thomas Fisher et Chandra Prakash, trois anglophones et professeurs de cinéma au Collège Vanier, reprennent la barre du Rialto en 1988, loué à Kalogeras.12
The Gazette, 30 septembre 1988, newspapers.com
Un beau matin de décembre 1987, Lobel, Fisher et Prakash sont arrivés avec leurs copains pour faire le ménage. Depuis des années, le Rialto ne servait plus à rien. La poussière et le ranci étaient chez eux. Il a fallu aérer tout grand, au risque d’y faire sortir les fantômes par la ruelle. Avant que le trio ne jettent leur dévolu sur cette salle, un panneau annonçait déjà la transformation du lieu en condominiums.12
The Gazette, 18 décembre 1987, newspapers.com
Les derniers audacieux qui avaient tenté de donner vie à cette belle salle s’étaient cassé royalement la gueule. Le comédien Robert Toupin avait loué le Rialto, en 1983, pour que Francis Mankiewickz et lui y mettent en scène True West de Sam Shephard. Ce fut le four. On retira le spectacle au bout de quelques jours. On ne reparlera plus de faire du théâtre au Rialto pendant un moment.12
Placardé depuis les derniers 4 ans, le Rialto rouvre le 30 septembre 1988 et présente des films tels que The Manchurian Candidate, The Blues Brothers, Beetlejuice, Bach et Bottine, Tales from the Gimli Hospital et The Rocky Horror Picture Show. L’admission: 3,50$.15
Tout le milieu des affaires avait prédit à Lobel, Fisher et Prakash qu’ils y perdraient leurs chemises. Les salles de cinéma de répertoire tombaient comme des mouches à l’époque.16,17,18
Théâtre Rialto, 10 janvier 1991
Photo: Jean-Yves Létourneau, Fonds La Presse, P833,S5,D1991-0011, BAnQ
Mais des concerts avec des artistes underground comme Nick Cave ont rempli la salle et payé le loyer. La comédie, la danse, la musique, et le soutien du public ont aussi donné au Rialto une nouvelle vie à laquelle personne ne s’attendait.12,15,18,19,20
Contributeur: Jonathan Stein
NICK CAVE (1989)
C’est en février 1989 que les Foufounes Electriques déplacent le spectacle de Nick Cave des Foufounes au Rialto. Il semble que les billets du spectacle de Nick Cave se vendaient bien et que le Rialto était mieux adapté à répondre à la demande. Nick Cave offre un spectacle enflammé devant une foule de 1 000 personnes.21,22
BAD BRAINS (1989)
Le 9 août 1989, le groupe hardcore américain les Bad Brains de Washington D.C. fait ravage au Rialto et la foule adore. Les fans avaient attendu trois heures et demie et deux premiers actes avant que Bad Brains n’entre enfin sur scène. L’attente avait été longue, les groupes d’ouverture étaient partis, il était 23h30 et les amplis crachaient à plein volume. « Nous sommes les Bad Brains et notre mission est d’unir et de conquérir Babylone! Êtes-vous avec nous? », a demandé le chanteur H.R.23
The Gazette, 3 mai 1990, newspapers.com
THE CRAMPS (1990)
Le Rialto était une masse bouillonnante d’humanité en sueur, l’environnement parfait pour la version tordue du groupe de rockabilly minimaliste au gaz des marais. Le chanteur Lux Interior s’est déshabillé jusqu’à son G-string, a étiré son physique impeccablement décharné d’Iggy Pop et a plongé tête première dans une setlist généreuse de punk gorgé de blues. Le groupe était en pleine forme maléfique.24
Contributeur: Marc Bider
PUBLIC ENEMY (1990)
« Tout d’abord », dit le MC, « je voudrais m’excuser de vous avoir tous fait attendre dehors. » Aucun problème. La plupart des quelques 600 jeunes fans au Rialto étaient habitués à ce genre de refrain. Après tout, c’était Public Enemy, le groupe de rap le plus controversé et le plus convaincant. Huit projecteurs étaient braqués sur scène avec comme équipement seulement deux tourne-disques. C’était des artistes, des rythmes et des mots que les jeunes étaient venus encourager. La foule excitée dans le pit s’amusait, sans aucune violence. Les rappeurs d’Halifax MCJ et Cool G, ainsi que le groupe Mouvement Rap Francophone (l’un des premiers groupes de rappeurs francophones du Québec) étaient en première partie.25
The Gazette, 20 octobre 1990, newspapers.com
JANE’S ADDICTION (1990)
Perry Farrell et ses acolytes sont arrivés à Montréal avec d’horribles histoires de consommation de drogues et de mauvais comportements, mais Jane’s Addiction ont offert un concert d’une ferveur quasi religieuse dans la grandeur hallucinogène du Rialto. Des fans chantant sur une musique qui n’a jamais été diffusée à la radio montréalaise, du « stage-diving » non-stop, Jane’s Addiction a invoqué le sentiment de grand événement spécial comme aucun groupe ne l’avait fait cette année-là. La musique était énorme.26
Contributeur: Pascal Ricq
THE PIXIES (1990)
En 1988, les Pixies attiraient 80 personnes aux Foufounes Électriques. 1 300 fans était au rendez-vous le 28 novembre 1990 au Rialto. Le groupe avait conservé toute la fraîcheur et la fougue de débutants. Le succès fut complet.27
FUGAZI (1991)
Fugazi ne présente que des spectacles en admission générale et s’est engagé à ne jamais facturer plus de 5 dollars américains ou l’équivalent pour l’admission. Le premier passage de Fugazi à Montréal a fait bonne impression.28
The Gazette, 14 août 1991, newspapers.com
THE RAMONES (1991)
Nous voici à l’été 1991 où le marché des concerts a atteint un bas-fond et où les billets s’écoulent si lentement que toutes les stars, de Whitney Houston à Huey Lewis, ont décidé de contourner Montréal. Puis arrivent les Ramones qui font salle comble au Rialto. D’accord, ce n’était pas le Forum, mais il y avait plus de 1 000 punks, jeunes et moins jeunes, entassés dans la salle, et il y avait plus de 100 autres fans dans la rue réclamant des billets. Tout ça pour un groupe qui n’a même pas sorti un nouvel album et qui n’a jamais vraiment eu de « hits ». Il y avait une vingtaine de chansons dans leur setlist d’une heure, avec un mélange sain de classiques: Sheena is a Punk-Rocker, Rock n’ Roll High School, Blitzkrieg Bop, et de vieux joyaux obscurs mais tout aussi fabuleux. Les vétérans du punk du West-Island de Montréal, The Asexuals, ont ouvert le spectacle avec une demi-heure de rock & roll inspiré à la manière des Replacements.29,30
RÉCESSION (1993)
La culture populaire anglophone a pris un coup dur lorsque le cinéma de répertoire Rialto a annoncé qu’il fermerait bientôt ses portes en janvier 1993. La décision d’éteindre les lumières faisait suite à la récente fermeture des salles de concert La Brique et, brièvement, les Foufounes Electriques. « Le Rialto, vieux de 70 ans, a été victime de la récession, de l’augmentation des dépenses et de la concurrence des grandes chaînes de théâtre », a déclaré Lobel. 31,32,33
The Gazette, 29 janvier 1993, newspapers.com
Lobel déclare aussi en 1993 qu’en raison de la forte baisse de fréquentation au cours des deux années précédentes, le Rialto ne pouvait pas fonctionner comme une société à but lucratif. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’entretenir un cinéma à écran unique de 900 places dans un si grand bâtiment. » Il estime alors qu’il en coûte 1 000 $ par mois rien que pour chauffer le vaste complexe rococo et que la dette totale du théâtre est de 110 000 $. La nouvelle arrive quelques jours seulement après que le ministère des Affaires culturelles et la Ville de Montréal aient accordé 40 000 $ au Rialto — à condition que Lobel présente un plan pour maintenir le cinéma en activité. Une société à but non lucratif, la Société d’Héritage Rialto, a alors été créée pour assurer la survie du théâtre.31
The Gazette, 28 octobre 2007, newspapers.com
RENAISSANCE (1993)
On a beau crier à la mort des cinémas de repertoire, il arrive que certains d’entre eux renaissent de leurs cendres après leurs funérailles officielles. Le Rialto, qui avait fermé boutique en janvier 1993, retrouve sa vocation cinéphilique sous la nouvelle administration de Joe Martek. Le Rialto, salle polyvalente dotée de 1 019 places pour les concerts et de 452 pour le théâtre, propose désormais du cinéma, des concerts pop-rock, ainsi que du théâtre.16,17,34,35
Malgré les limites de sa scène, le Rialto tire son épingle du jeu. Il est loué de 200 à 225 jours par année. Le Rialto demeure la propriété d’Elias Kalogeras, un homme d’affaires de Dollard-des-Ormeaux. C’est ce dernier qui a mis sur pied, aux fins de la restauration de l’édifice, la fondation à but non-lucrative mentionnée plus haut et dirigée par Joe Martek, directeur des opérations. « Avec 1 000 places, le cinéma ne pouvait pas être rentable au Rialto », explique Martek. « On essaye de changer la formule », ajoute-t-il. D’où la diversification de ses activités incluant le théâtre, les tournages, les concerts, les événements spéciaux, etc.36
L’un des nombreux atouts du Rialto était qu’il était conçu comme un bâtiment multifonctionnel et pouvait disposer de plusieurs sources de revenus. En plus de l’auditorium, il y avait plusieurs magasins de détail au niveau de la rue. Le grand studio du deuxième étage, relié au balcon et au hall, a servi de salle de réception, de salle de réunion maçonnique et de studio pour une troupe de théâtre. Le studio du troisième étage, qui possède sa propre entrée, a été utilisé comme gymnase, club de boxe et studio pour le groupe de danse La La La Human Steps. Enfin, le sous-sol, aménagé pour accueillir une salle de billard, a été utilisé comme mini-golf et salle de réunion.37
The Gazette, 31 janvier 2001, newspapers.com
LA SAGA DU RIALTO (1999)
Le 12 avril 1999, un groupe appelant la ville à acheter le théâtre historique Rialto a déclaré avoir plus de 2 000 signatures dans une pétition qu’il prévoit présenter au conseil municipal. Le Comité de sauvegarde du Rialto, soutenu par la conseillère du Mile End, Helen Fotopulos, a déclaré que le théâtre de l’avenue du Parc devrait être transformé en centre culturel plutôt qu’en discothèque, comme le prévoyait le propriétaire.38
« Depuis les 16 dernières années, je perds entre 40 000$ et 60 000$ par année avec le théâtre », a déclaré le propriétaire Kalogeras. « Personne ne l’aime plus que moi, mais je dois faire quelque chose. »38
Une publicité dans le numéro de novembre 1999 du magazine local Night Life annonce que le nouveau Rex Club — le nom de la discothèque qui remplacerait le Théâtre Rialto — ouvrirait ses portes en décembre. Mais la réouverture du Rialto en tant que club de dance est reportée à l’année suivante alors que la ville attend que le propriétaire du bâtiment soumette un rapport d’ingénierie sur la sécurité du toit. Ce retard survient alors que Kalogeras, qui a reçu plusieurs contraventions de la Ville au cours des deux dernières années pour avoir effectué des rénovations sans permis, a reçu un ordre d’arrêt des travaux du ministère de la Culture du Québec le 29 novembre 1999. Le problème concernait la couleur avec laquelle certaines parties de l’intérieur du bâtiment étaient repeintes. George Ioannou, qui gérait le Café Remezzo dans l’immeuble du Rialto, a déclaré que Kalogeras ne parlerait pas aux médias. « Quand nous serons prêts, a-t-il dit, nous le ferons, mais nous n’avons pas encore fixé de date. »39
Avec plus de 5 000 noms sur la pétition pour préserver son patrimoine – et le calme du quartier – les citoyens du Mile End ont pu mettre fin au projet de transformation du Rialto en discothèque.44 Le permis d’alcool pour la discothèque a été refusé, mais le propriétaire avait d’autres idées.37
Le 23 juillet 2002, la Société des alcools du Québec change de position et accorde un permis d’alcool au propriétaire du Rialto. Le conseiller municipal de Montréal a demandé pourquoi la Régie n’avait pas demandé l’avis des citoyens avant d’accorder le permis. Le responsable de la Société des alcools a déclaré que contrairement à la demande précédente (bar-discothèque), la dernière offre (salle de concert et cinéma) n’avait suscité aucune opposition. Les résidents locaux ont déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de cette dernière demande.40
Archive: Greenland Productions
RÉOUVERTURE DU RIALTO (2002)
Le Festival Montréal Pop, en septembre 2002, inaugure une salle à l’histoire aussi légendaire que litigieuse: le fameux Théâtre Rialto, dont la viabilité a longtemps été remise en question. « Le conseil municipal m’a causé des problèmes depuis que j’ai voulu entreprendre les rénovations en 1999 », dit Elias Kalogeras, propriétaire du Rialto depuis 1982. Au grand plaisir des mélomanes et des musiciens, les fonctionnaires de la Ville ont finalement donné leur accord à l’exploitation des lieux, devenus salle de concert et de cinéma — et non discothèque, ce qu’ont longtemps craint les résidants du quartier.41
« C’est le fun de jouer pour la réouverture du Rialto », s’emballe Patrick Dion, batteur de Mogilny. « Pour nous, c’est un lieu culte, hey, les Pixies ont joué là! » C’est ainsi que l’une des soirées les plus intéressantes de la programmation de Montréal Pop en 2002 fait office d’inauguration officielle du nouveau Théâtre Rialto avec les Montréalais The Dears, Mogilny, Jean-François Lemieux et Stars.41
Contributeur: Rick Bélanger
VENTE (2007)
En 2007, après 25 années, pour la plupart tortueuses, à titre de propriétaire d’une ancienne salle de cinéma en mal de vocation, Elias Kolageras ne souhaiterait rien de mieux que de vendre le Rialto sur l’avenue du Parc. « Même sa mère le supplie de s’en débarrasser. ‘’Tu l’as toujours?’’, elle me demande. ‘’Comment ça se fait que tu ne le vends pas? Tu perds toujours de l’argent.’’ Je lui dis : ‘’J’essaye maman, j’essaye.’’ Mais personne ne veut l’acheter. »42
Kalogeras a tenté à trois reprises de le mettre en vente. Il a supplié la ville de s’en débarrasser (moyennant un certain prix). Il n’y a eu aucune offre. Kalogeras a été largement critiqué pour avoir fait des changements drastiques sans obtenir les permis appropriés, mais sans lui et les 3 000 000 $ de son propre argent, sans parler des 100 000 $ de dépenses par année, il n’y aurait même pas de Rialto. Kalogeras est piégé par les gouvernements qui ont désigné l’espace comme site patrimonial et ne le laissent pas le modifier pour le rendre rentable, mais ils ne le lui achètent pas non plus.42
« S’ils veulent garder le Rialto comme ils le souhaitent, et bien, qu’ils viennent le prendre », déclare Kalogeras. « Donnez-moi mon argent et je partirai, et je ferai autre chose de moins stressant. »42
Kalogeras a des mots méchants envers la mairesse de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, Helen Fotopulos, qui s’est élevée contre ses rénovations en tant que conseillère de l’opposition, il y a dix ans. « Maintenant, elle est maire et je leur demande deux, trois fois d’acheter le bâtiment et ils disent ‘’NON’’. Vous voyez comment ils jouent avec moi? La ville a un bilan épouvantable en matière de gestion de vieux théâtres. » Dernièrement, il a essayé de louer l’espace pour des fêtes et des réceptions d’entreprise, mais elles sont rares.42
Lorsque Kalogeras parle de cet immeuble, dont il a été propriétaire pendant près de la moitié de sa vie, il a l’air d’un homme battu. « J’ai eu tort, c’était une erreur. J’ai l’impression d’avoir perdu la guerre, j’ai perdu la partie. J’ai essayé de faire en sorte que tout le monde puisse voir le Rialto. Mais j’ai perdu. C’est vraiment chiant, pour être franc. »42
The Gazette, 20 octobre 2012, newspapers.com
RÉSURRECTION, NOUVEAUX PROPRIÉTAIRES (2010)
En mars 2010, Ezio Carosielli et Luisa Sassano ont acheté l’emblématique Théâtre Rialto avec l’intention de restaurer sa beauté et sa grandeur originelle. Le Théâtre Rialto est maintenant un centre ouvert, inclusif et multiculturel pour les arts qui offre une plate-forme pour les artistes émergents locaux et internationaux. Il sert également d’espace événementiel pour divers événements privés et corporatifs tels que des conférences, lancements de produits, fêtes de Noël, galas, concerts bénéfice, levées de fonds, cocktails, conventions, mariages, anniversaires, productions cinématographiques, photoshoots et plus. Chaque année, plus de 20,000 personnes franchissent les portes du Rialto pour des tours guidés du célèbre théâtre.14
« Il était tout aussi amoureux de ce bâtiment que moi », a déclaré le nouveau propriétaire du Théâtre Rialto, Ezio Carosielli, à propos d’Elias Kalogeras. « Il avait de grands projets et une très grande partie de ce qu’il a accompli est positif. »43
Les deux se rencontrent régulièrement pour le dîner, Kalogeras fournissant volontiers des documents historiques pour ses archives et des encouragements continus.43
Longue vie au Théâtre Rialto!
(100 ans! 1924-2024)