Le Jazz-Bar 2080 était miteux avec un décor moche, sans nourriture et avec une courte liste de boissons. Il n’y avait aucune raison d’y aller sauf pour entendre les meilleurs musiciens jazz de la ville de Montréal, tous les soirs.
JAZZ BAR 2080
Le Jazz-Bar 20-80 était un important club de jazz montréalais de la taille d'un timbre-poste, enfumé, humide et faiblement éclairé, avec quelques personnages curieux.
Texte assemblé à partir d’archives de journaux
Autrefois le Jazz Bar 2080, 2080 rue Clark, Montréal, Google Earth, 2024
Le Jazz-Bar 20-80 (1985-1992) était situé au 2080 rue Clark à Montréal.
Le Jazz-Bar 20-80 était un important club de jazz montréalais à la fin des années 1980. C’était le club de jazz par excellence : de la taille d’un timbre-poste, enfumé, humide et faiblement éclairé, avec quelques personnages curieux, certains qui étaient ce que vous appelleriez « la pègre ». Le bar avait juste assez d’atouts pour être excitant, même lorsqu’il n’y avait qu’une poignée de personnes dans le club.1
Le propriétaire, Dino Burazerovic, explique que c’est le formaldéhyde qui l’a fait entrer dans le monde du nightlife du jazz: « Je suis venu ici de Yougoslavie en 1976 et je me suis lancé dans le secteur de l’isolation. J’avais 13 employés et deux camions. Les affaires étaient bonnes. Et puis nous avons découvert qu’il y avait du formaldéhyde dans l’isolant que je vaporisais. Le gouvernement l’avait approuvé, mais cela n’avait pas d’importance. Mes clients m’ont poursuivi de toute façon. J’ai tout perdu sauf un petit immeuble sur la rue Clark. J’ai ouvert un club au rez-de-chaussée et j’ai installé ma famille dans l’appartement à l’étage. Ma femme Emira travaillait comme barmaid sur la rue St-Denis pour donner un coup de main. Parfois, elle gagnait plus en pourboires que moi en vendant des boissons et du jazz. Mais je peins aussi et parfois je vends mes peintures à l’huile pour aider à payer les musiciens. »2
Jazz Bar 2080, 2080 rue Clark, Montréal
Le Jazz-Bar 20-80 était miteux avec un décor moche, sans nourriture et avec une courte liste de boissons. Il n’y avait aucune raison d’y aller sauf pour entendre les meilleurs musiciens jazz de la ville de Montréal, tous les soirs.3
La ville de Montréal ferme le Jazz-Bar 20-80, le 28 novembre 1989, en appliquant un règlement de zonage que le club avait enfreint depuis son ouverture en 1985.4 Le terrain est zoné résidentiel. Le propriétaire, Dino Burazerovic, affirme qu’il avait fait faire une demande de permis d’exploitation il y a plus de cinq ans. La demande avait trainé. Depuis le début de l’année, le propriétaire s’était vu imposer trois amendes concernant son permis d’exploitation. C’est après la troisième amende que les autorités ont sévi.5
« C’était un laboratoire important de création pour le jazz d’ici » soutient le guitariste Michael Gauthier en 1989, en quelques sortes le directeur musical du 20-80. Depuis une demie-décennie, Michael Gauthier structurait la programmation du 20-80. Il organisait des jam sessions, il invitait même des grands musiciens étrangers à se produire aux côtés d’excellents bardes locaux. Gauthier et ses collègues y ont accompli des miracles, réussissant à attirer des très grosses pointures comme les saxophonistes David Liebman et Clifford Jordan, le tromboniste Curtis Fuller, le batteur Marvin ‘’Smitty’’ Smith, et bien d’autres (les saxophonistes Jimmy Heath, Joe Lovano, Steve Grossman, le guitariste Sonny Greenwich et le pianiste Barry Harris, entre autres).5
Le Devoir, 5 juin 1987, BAnQ
Le Jazz-Bar 20-80 rouvre à nouveau le 11 mars 1990.6 C’est le guitariste Mike Gauthier qui est à l’avant-plan. La semaine suivante c’est Yannick Rieu qui est au programme de ce petit bar qui n’a pas encore terminé de se battre pour sa réouverture définitive.
Au mois de novembre 1993, le Jazz-Bar 20-80 devient le Café Sarajevo, futur haut lieu de la bohème montréalaise.7