BLACK ORCHID
Le Black Orchid Casino, en opération à partir du 27 juin 1958, était le cocktail-lounge du restaurant Dunn’s, situé au 892 rue Sainte-Catherine Ouest à Montréal [1].

https://www.journaldemontreal.com/2020/01/04/chez-dunns-en-1964
Immigrant juif arrivé en 1911, Myer Dunn ouvre en 1927 un modeste comptoir à trois tables sur l’avenue Papineau, près de Mont-Royal. Bientôt, la renommée de ses sandwichs à la viande fumée fait boule de neige. Après l’ouverture d’un second restaurant sur l’avenue du Parc, en 1948, Myer Dunn inaugure en 1955 un troisième établissement, le « Dunn’s Famous Delicatessen », au 892 rue Sainte-Catherine Ouest. Nombre de ses amis voient d’un mauvais œil l’idée du restaurateur d’ouvrir 24 heures sur 24. Certains lui prédisent qu’il se ferait voler « jusqu’à sa chemise » ! Pour introduire ce concept nouveau, Myer Dunn leur répond tout simplement qu’il a jeté la clé de la porte ! La vie nocturne de la rue Sainte-Catherine plaît au restaurateur, qui ouvre en 1958 un cabaret à l’étage de son établissement, le « Black Orchid Casino » [2].

Ouverture du Black Orchid, Montreal Star, 27 juin 1958
Sur la scène du Black Orchid, des artistes d’ici et d’ailleurs en mettent plein la vue… et les oreilles. Le pianiste de jazz Maury Kaye est aux oiseaux lorsque Myer Dunn l’engage en juin 1958 lors de l’ouverture pour jouer jusqu’aux petites heures. Le musicien invite Leonard Cohen et Irving Layton à réciter leurs poèmes. Présentés par Jacques Desrosiers en 1959, les artistes Juliette Béliveau, Janine Gingras, Yoland Guérard et Pière Sénécal conjuguent musique et humour sur scène. Si les Noirs sont souvent refusés à l’entrée des cabarets de l’ouest du centre-ville, ils sont les bienvenus sur les planches du Black Orchid, où leur performance est grandement appréciée. L’exemple le plus flamboyant est la célèbre revue afro-américaine Idlewild d’Arthur Bragg qui fait salle comble en 1960 et 1961. Mais déjà, les cabarets amorcent leur déclin [2].

The Gazette, 11 janvier 1960
En 1961, selon les preuves, le Black Orchid aurait vendu $24,753 de semi-rosé en n’achetant que pour $380 de vin de la régie des alcools du Québec. L’analyse a montré que ce n’était « rien de plus que de la limonade colorée sans même une once d’alcool », a témoigné un chimiste provincial en octobre 1963 [3]. Le Black Orchid est acquitté de ces accusations en 1964 [4].

Montreal Star, 30 avril 1964
Le Black Orchid est mis en vente par le propriétaire, Mayer Dunn, en 1963 [5].