L'Upstairs Jazz Bar & Grill est un lieu emblématique de Montréal qui propose une expérience unique en matière de musique live. Fondé en 1986, il est réputé pour ses performances live de jazz de haute qualité, mettant en vedette des artistes locaux et internationaux. Le club offre une atmosphère chaleureuse et accueillante, avec un décor élégant et une cuisine de style bistro. L'Upstairs Jazz Bar & Grill est un lieu incontournable pour les amateurs de jazz qui recherchent une expérience authentique et immersive dans la scène musicale de Montréal.
L’Upstairs est un joyau local qui présente les spectacles de jazz les plus acclamés de Montréal.
Texte assemblé à partir d’archives de journaux avec la participation de Chris Gore | 11 juillet 2024 |
Depuis son ouverture en 1986 et après avoir déménagé quatre fois, l’Upstairs Jazz Bar & Grill, reconnaissable par son enseigne inversée, est aujourd’hui le club de jazz le plus ancien à Montréal en opération.
La première incarnation de l’Upstairs a vu le jour au printemps 1986, au 1187 rue Bishop, au-dessus du pub Charles Darwin, d’où le nom « Upstairs ». Le fondateur de l’Upstairs est Christopher Gore.1
À ses débuts modestes, l’Upstairs était un petit bar paisible où l’on pouvait jouer à divers jeux de société et assister à des spectacles de jazz. Il est rapidement devenu un lieu prisé des musiciens, avec des jam sessions qui se prolongeaient tard dans la nuit, devenant ainsi un rendez-vous régulier.
De nombreux jeunes artistes ont obtenu leurs premiers concerts les vendredis et samedis soirs à l’Upstairs. Le pianiste allumait souvent des cigarettes dans un cendrier posé sur le piano, et la salle était toujours enfumée. La combinaison des jeux et du jazz, avec de la nourriture et des boissons abordables, et sans frais d’admission, en faisait un palais des plaisirs pour les moins fortunés.1,2,11
Six mois après l’ouverture, un déménagement devenait déjà nécessaire.
« L’Upstairs n’avait pas de toilettes », raconte le pianiste Al Paterson, « il fallait descendre au Darwin’s. Quand les clients allaient en bas et découvraient l’ambiance animée, ils y restaient plutôt que de remonter. »3
Chris Gore, le propriétaire de l’Upstairs, évoque une autre raison : « Nous avons éventuellement commencé à attirer plus de clients que le Darwin’s, alors ils ont annulé notre bail. Ensuite, j’ai déplacé l’Upstairs un peu plus loin, dans une charmante petite cave au 1429 rue Bishop. »4
L’Upstairs au 1429 rue Bishop, Montréal (1986-1990)
Cette deuxième incarnation de l’Upstairs, au nord de Sainte-Catherine, est devenue à la fois un restaurant et un bar, mais peu de choses avaient changé. Les parties régulières d’échecs, de backgammon, de darts, de Scrabble et de Trivial Pursuit sont restées les principales attractions ainsi que les spectacles de jazz.1,4
L’Upstairs au 1429 rue Bishop, Montréal (1986-1990)
Le pianiste montréalais Al Paterson raconte l’origine de l’enseigne inversée : « Lorsque Chris a déménagé l’Upstairs en bas au sous-sol, les gens s’arrêtaient devant l’enseigne, regardaient en haut vers le deuxième étage et ne trouvaient pas l’escalier pour monter, puis ils repartaient. Un soir, alors que nous étions ensemble au bar, j’ai suggéré à Chris de retourner l’enseigne à l’envers pour signaler aux passants que le Upstairs était en bas. Il m’a dit : « Es-tu fou, Al ? » Eh bien, quelques jours plus tard, il a essayé, et c’est resté comme ça depuis ce temps-là ! »2
Al Paterson
En 1990, l’Upstairs a déménagé à sa 3e adresse, à deux portes au sud, au 1421 rue Bishop.5
Les affaires allaient très bien à l’Upstairs #3, mais le propriétaire de l’immeuble demandait un loyer exorbitant et le permis n’incluait pas une licence de bar.2
La raison pour laquelle cet endroit n’a probablement pas prospéré autant qu’il aurait pu est que Chris ne se considérait pas un homme d’affaires. Il ne pensait pas qu’à l’argent. Il voulait que tout le monde se sente le bienvenu, tant qu’ils achetaient un petit quelque chose à boire ou à manger. Il ne voulait pas non plus exiger un prix d’admission et il n’appliquait pas une politique de silence pendant les spectacles. Il envisageait un paradis bohème. Il a certainement attiré l’intelligentsia locale, ce qui a été formidable pendant plusieurs années, mais sa vision de liberté n’était pas viable à long terme.11
Finalement, la chance a tourné pour Chris et il a trouvé un endroit sur la rue MacKay avec une licence de bar complète et un loyer raisonnable. C’est ainsi que la quatrième incarnation de l’Upstairs est née en 1994 au 1254 rue MacKay.2
Lily Natale et Chris Gore
Pour monter à l’Upstairs de la rue MacKay, il faut aussi descendre en bas. Sous l’enseigne à l’envers de l’Upstairs se trouve un lieu où les murs de pierre, les boiseries et le long bar évoquent les grands clubs de jazz des années 1940, où musique, repas et boissons se combinaient pour une soirée parfaite en ville.
Upstairs Jazz Bar & Grill, 1254 rue Mackay, Montréal Photo: JF Hayeur
C’est en tant que plongeur et serveur au El Coyote, le restaurant mexicain de son père sur la rue Bishop, que le jeune Joël Giberovitch a découvert le jazz. Une opportunité d’affaires a ensuite convaincu Joël, alors âgé de 23 ans, d’abandonner sa dernière année à l’Université Concordia pour, avec son père Sydney, reprendre le bail de l’Upstairs, fondé par Chris Gore.7,8
Joël Giberovitch & Juan Barros Photo: JF Hayeur
Les bars de jazz enfumés vont et viennent à Montréal, mais l’Upstairs a prospéré et est devenu le lieu pour écouter du jazz en ville. C’est aussi un endroit incontournable pour les musiciens qui y présentent leurs plus récent projets.
« L’Upstairs était un lieu de rencontre pour étudiants, une sorte de piano-bar servant des hamburgers et des sandwiches au fromage quand nous avons repris l’endroit sur la rue MacKay, en 1995. Au lieu d’utiliser mes économies pour un voyage en Europe, j’ai insisté pour acheter du stock afin de remplir le bar et les frigos », raconte Joël.7
C’est en écoutant les musiciens jouer live que Joël a vraiment commencé à apprécier le jazz. Pour transformer l’Upstairs en véritable club de jazz, un an après en avoir pris possession, il a visité New York, la Mecque mondiale du jazz. Il a pris note de la programmation des clubs légendaires comme le Village Vanguard, le Blue Note, Iridium, Small’s et Bradley’s. « J’ai pris des brochures, des programmes, et je me suis dit : il est temps de relancer véritablement ce club à Montréal. Nous avons déplacé la scène vers l’avant, première de plusieurs rénovations à venir, et invité des musiciens tels que les guitaristes Nelson Symonds et Sonny Greenwich. » Le bassiste Brian Hurley a beaucoup contribué à l’éducation de Joël en lui suggérant de bons musiciens à inviter. Le mot s’est rapidement répandu dans la communauté du jazz. L’Upstairs a attiré l’attention des médias et les musiciens ont commencé à proposer des projets.9
Joël a amélioré le système de son, embauché le chef chilien de son père, Juan Barros, qui a proposé un menu limité mais piquant, et a rebaptisé l’établissement Upstairs Jazz Bar & Grill au lieu de Upstairs Jazz Club. Pour mettre en valeur la musique, il a instauré une politique de silence pendant les spectacles. Bien que certains bavardent encore, le niveau de bruit est bien inférieur à ce qu’il était auparavant. L’Université McGill apprécie également la relation unique du club avec son département de musique, permettant aux étudiants de se produire à l’Upstairs dans le cadre de leur cours, sous la supervision d’un professeur.9
Len Dobbin, figure incontournable du jazz et principal animateur de radio jazz de Montréal, avait fait de l’Upstairs son quartier général. Il était toujours assis à sa chaise habituelle, au pied du bar, lorsqu’il a subi l’accident vasculaire cérébral qui l’a emporté en 2009. « L’héritage de Len sera toujours avec nous », explique Joël. « Len était une encyclopédie du jazz. Il tenait à soutenir les musiciens, et beaucoup d’entre eux sont venus à l’Upstairs spécifiquement grâce à lui. J’appelais des musiciens en me présentant comme un ami de Len, ce qui m’a instantanément ouvert des portes. »10
The Gazette
Au fil des ans, l’Upstairs a soutenu les musiciens et présenté les meilleurs spectacles de jazz en ville, de Ranee Lee à Jim et Chet Doxas, en passant par Guillaume Martineau et Oliver Jones, pour n’en nommer que quelques-uns.
En 2015, pour célébrer son 20e anniversaire, l’Upstairs s’est offert un nouveau piano : un Steinway modèle B. Ce magnifique piano à queue de 6 pi 11 po (211 cm) est souvent considéré par les pianistes comme « le piano parfait ».
L’Upstairs Jazz Bar & Grill est actuellement le plus ancien club de jazz en opération à Montréal. Il est un joyau local présentant les spectacles de jazz les plus acclamés de Montréal.
C’était une progression naturelle pour la marque que Joël et son père Syd, avec leurs excellentes compétences commerciales, leurs connaissances et leurs ressources, amenèrent l’Upstairs dans la stratosphère mondiale du jazz. Chris Gore est fier de savoir que son diamant brut a été soigné et qu’il a mûri à ce point. Il souhaite que l’on se souvienne toujours de la lutte acharnée menée par de nombreux individus pour créer l’Upstairs.11
Sources
[1] Jazz music and board games on menu downstairs at Upstairs, The Gazette, Helen Rochester, 20 décembre 1986
[2] Al Paterson, Facebook, Woodys, Bishop street and other great Montreal moments, 8 août 2022
[3] Entretien avec Al Paterson avec JF Hayeur, juin 2024
[4] Chris Gore, Facebook, Woodys, Bishop street and other great Montreal moments, 6 novembre 2021
[5] Jazz, The Gazette, 28 septembre 1990
[6] Straight ahead for jazz, The Gazette, Arthur Kaptainis, 13 septembre 2003
[7] Two decades at the top, The Gazette, Peter Hadekel, 10 novembre 2015
[8] Upstairs celebrates 10 years of jazz, The Gazette, Irwin Block, 14 septembre 2005
[9] It don’t mean a thing if it ain’t got that swing, The Gazette, Mike Boone, 13 juillet 2009
[10] Dobbin dedicated his life to music, jazz and musicians, The Gazette, Irwin Block, 10 juillet 2009
[11] Chris Gore commentaires avec JF Hayeur, 7 juillet 2024