Le Théâtre de Neptune en la Nouvelle-France, présenté en 1606 à Port-Royal, est considéré comme la première pièce théâtrale documentée en Amérique du Nord, marquant symboliquement le début du théâtre au Canada. Écrite par Marc Lescarbot pour célébrer le retour des colons français, l’œuvre véhicule toutefois une vision coloniale et eurocentrée des peuples autochtones, aujourd’hui largement critiquée. Des initiatives contemporaines, comme Sinking Neptune, remettent en question cet héritage en réinterprétant la pièce selon des perspectives autochtones et postcoloniales.
Après la Guerre de la Conquête, les premières représentations de Molière au Canada se sont déroulées en février 1774 à Montréal, au Café Dillon établi dans le grand salon de l’ancienne résidence du notaire Antoine Foucher. Sous la direction du capitaine Edward Williams, « Le Bourgeois gentilhomme » et « Le Médecin malgré lui » ont été joués dans ce modeste lieu sombre, chauffé au feu de bois et éclairé à la bougie, reflet de la vie de l’époque. Antoine Foucher, influent seigneur et membre du conseil supérieur de la Nouvelle-France, est aussi l’ancêtre de Louis-Joseph Papineau, chef des Patriotes. Le Café Dillon a également été le lieu de fondation de la première bibliothèque de Montréal, le 7 mars 1796.
La première tentative de créer une salle de théâtre à Montréal date de 1804, dans un bâtiment près du bureau de poste de la rue Saint-Sulpice, qui n’était en réalité qu’une grande salle aménagée dans un entrepôt. À cette époque, les représentations théâtrales avaient lieu dans des espaces temporaires, tels que des auberges ou des salons privés.
Le Théâtre Royal, fondé par John Molson, fut la première salle exclusivement consacrée au théâtre et aux arts de la scène au Canada et est considérée comme la première véritable salle de spectacle à Montréal, avec une scène correctement équipée, des coulisses spacieuses et un auditorium. C’est sur la scène du Théâtre Royal en 1842, que le célèbre Charles Dickens est lui-même monté en tant qu’acteur.
Fondé par Joseph-Édouard Guilbault, le Jardin Guilbault n’était à l’origine, au début des années 1830, qu’une modeste pépinière. Au fil du temps, il s’est transformé en un jardin botanique comportant une vaste collection végétale, une serre imposante et une ménagerie. On y trouvait musique, lampions et rafraîchissements. Entre 1853 et 1862, le Jardin Guilbault proposait également des pièces de théâtre, du vaudeville, et des spectacles mettant en scène des personnes au physique exceptionnel, notamment des nains ou des albinos.
Après la fermeture du Royal-Molson, le théâtre Royal-Olympic ouvrit ses portes le 7 décembre 1844 sur la place Jacques-Cartier, en utilisant les équipements de l’ancien Théâtre Royal. Cependant, ce théâtre ne fut qu’une solution temporaire. En 1852-1853, le Royal-Olympic fut démoli pour laisser place à l’édifice Joseph-Roy, qui eut ensuite diverses fonctions.
Le Théâtre Royal-Hays, nommé en raison de son emplacement dans le bloc Hays construit par Moses Judah Hays, a ouvert ses portes le 10 juillet 1847. Situé à l’angle de Notre-Dame et du square Dalhousie, il a brièvement accueilli les travaux parlementaires du Canada-Uni après l’incendie du parlement de Montréal en 1849. Ce théâtre a également été détruit lors d’un incendie en 1852.
Le Théâtre Royal-Côté, fondé par Jesse Joseph et conçu par l’architecte John Wells, ouvrit ses portes en 1852 sur la rue Côté, face à l’actuel Palais des Congrès. Dirigé pendant plusieurs années par John Wellington Buckland, épaulé par sa femme Kate Horn, actrice reconnue, le théâtre connut un grand succès en accueillant des artistes renommés et des compagnies d’opéra. Au fil des décennies, il sombra dans la présentation de spectacles de vaudeville et de burlesque, ce qui entacha sa réputation. Fermé en 1913, le théâtre fut démoli en 1922, marquant la fin d’une époque culturelle pour la rue Côté.
La salle des Artisans, ouverte en 1855 à Montréal, a été un centre culturel majeur pendant 30 ans. En 1885, elle est convertie en musée et salle de lecture en raison du déplacement de la population et de la construction de nouvelles salles plus grandes. Le bâtiment devient la bibliothèque Atwater en 1962 et est reconnu comme lieu historique national depuis 2005.
Le Palais de Cristal, conçu par l’architecte John William Hopkins, fut inauguré en 1860 à Montréal pour l’Exposition agricole et industrielle, s’inspirant du Crystal Palace de Londres. Initialement situé rue Sainte-Catherine, il fut déplacé au Fletcher’s Field en 1878 avant d’être détruit par un incendie en 1896. Le palais abritait une patinoire intérieure où se déroulaient des matchs de hockey, notamment ceux des Crystals de Montréal, membres de l’Association de hockey amateur du Canada. Il servait également de salle de concert.
La Victoria Skating Rink, patinoire intérieure située sur la rue Drummond à Montréal, a ouvert en 1862. En hiver, elle accueillait des parties de hockey sur glace et des séances de patinage, tandis qu’en été, elle servait de salle pour des concerts et expositions. Elle est surtout connue pour avoir été le lieu du premier match codifié de hockey en 1875 et de la première finale de la Coupe Stanley en 1894. Ce fut également le premier bâtiment au Canada à être alimenté par l’électricité.
L’amphithéâtre du Gesù, l’une des plus anciennes salles de spectacle de Montréal, a ouvert ses portes le 10 juillet 1865. À cette époque, il pouvait accueillir près de 1 200 spectateurs et était équipé d’un plateau tournant ainsi que d’une fosse d’orchestre. Initialement, il servait principalement de salle académique pour le Collège Sainte-Marie, un établissement d’enseignement fondé par les Jésuites.
L’Académie de Musique à Montréal, inaugurée en 1875 et pouvant accueillir 2 100 personnes, était située sur le côté est de la rue Victoria, un peu au nord de la rue Sainte-Catherine. Elle a été démolie en 1910 pour permettre l’agrandissement du magasin à rayons Goodwin (anciennement Eaton). Cet établissement a accueilli de nombreuses performances, dont Jeanne d’Arc de Gounod dirigée par Calixa Lavallée en 1877, ainsi que la première mondiale de l’opéra-comique Cyrano de Bergerac de Victor Herbert le 11 septembre 1899.
Le Queen’s Hall, construite en 1880 à Montréal à l’angle des rues Sainte-Catherine et Victoria, était la première salle montréalaise à être édifiée en vue de concerts. En 1891, elle a été transformée en théâtre, mais a été détruite par un incendie en 1899. La salle a accueilli des concerts de la Montreal Philharmonic Society et du Mendelssohn Choir, ainsi que trois récitals d’Emma Albani lors de son retour au Canada en mars 1883.
L’ouverture de cette salle, initialement appelée Théâtre Français, a eu lieu en 1884 à l’intersection de Saint-Dominique et Sainte-Catherine. Entre 1884 et 1890, le site a été utilisé comme patinoire couverte, théâtre d’été et salle de spectacle temporaire, accueillant la Compagnie Franco-Canadienne en 1886, suivie par des membres de la Troupe du Conservatoire. Après plusieurs changements de nom, dont Central Dime Museum et Empire Theatre, elle est devenue le Lyceum Theatre en 1891, avant d’être rebaptisée Théâtre Français en 1899, puis Loew’s Court Theatre en 1920, avant de reprendre son nom d’origine en 1924; le bâtiment a ensuite été occupé par le Cinéma Éros en 1974 et par la salle de spectacle du Métropolis en 1987 suivi du MTelus depuis 2017.
Le Grand Café Parisien, ouvert de 1886 à 1915 à l’angle de la rue Sainte-Catherine et de la rue Saint-Dominique, était considéré comme la première boîte de nuit de Montréal, selon le chroniqueur Al Palmer, offrant un cabaret et des spectacles de variétés. Il fonctionnait 24 heures sur 24 grâce à une licence hôtelière qui lui permettait de servir de l’alcool à toute heure, ce qui le distinguait des restaurants ordinaires. Après plusieurs rénovations et changements de propriétaires, le café a été détruit par un incendie en 1915, mais il a marqué l’histoire de la vie nocturne montréalaise en tant que lieu emblématique pour la gastronomie française et la sociabilité.
Le parc Sohmer de Montréal, actif de 1889 à 1919, était un parc d’attractions très populaire, reconnu comme l’un des premiers du genre dans la ville. Il était réputé pour sa scène musicale, où Ernest Lavigne et son orchestre présentaient quotidiennement une variété de styles, notamment des opéras, des opérettes, et des ballets. Bien qu’un projet de création d’une troupe professionnelle d’opéra français ait été envisagé en 1893, il n’a jamais vu le jour, mais le parc a continué d’attirer des artistes, incluant des chansonniers français comme Lucien Boyer et Léon May.
La salle Windsor, adjacente à l’hôtel du même nom à Montréal, a été construite en 1890 et démolie en 1906. Elle a accueilli de nombreux événements musicaux, notamment les premiers concerts du premier OSM de 1894 à 1903 et des performances dirigées par des chefs comme Anton Seidl et sir Alexander Mackenzie. De grandes célébrités musicales telles que Paderewski, Yvette Guilbert et Eugène Ysaÿe s’y sont produites, attirant un large public grâce à son acoustique remarquable.
Le Monument-National est le plus ancien théâtre encore en activité à Montréal, situé sur le boulevard Saint-Laurent, au sud de la rue Sainte-Catherine, et classé comme lieu historique pour son architecture et son rôle dans la vie culturelle de la ville. Érigé entre 1891 et 1894 par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, il a été inauguré le 24 juin 1893, bien qu’inachevé, et a accueilli de nombreux spectacles, dont des performances d’Emma Albani et d’Édith Piaf, ainsi que des revues de Gratien Gélinas. Depuis son acquisition par l’École nationale de théâtre en 1971 et sa classification comme monument historique en 1976, le Monument-National a été restauré pour son centenaire en 1993 et comprend désormais trois salles de spectacle, dont la Salle Ludger-Duvernay.
Le Maples Inn Hotel, situé au 121 Lakeshore à Pointe-Claire et en opération de 1897 à 1985, était l’un des plus anciens bâtiments du Lakeshore, initialement construit par Monsieur Alland comme une destination populaire. Bien qu’il ait connu un certain déclin dans les années 1960, il a traversé une période de prospérité dans les années 1940 sous la direction de Willie Constant, offrant des soirées dansantes et accueillant des artistes locaux influents. Cependant, le Maples a finalement fermé ses portes le 5 février 1985 avant d’être incendié par un pyromane professionnel, marquant ainsi la fin d’une époque emblématique.






