Rufus Rockhead
Entrepreneur jamaïco-canadien, vétéran de la Première Guerre mondiale et propriétaire du club Rockhead’s Paradise, figure centrale de la scène jazz de Little Burgundy (Montréal).
Présentation
Rufus Nathaniel Rockhead (v. 1896–1981) est un entrepreneur jamaïco-canadien qui a fondé à Montréal le Rockhead’s Paradise, l’un des clubs les plus emblématiques de la scène jazz canadienne. Installé au cœur de Little Burgundy, l’établissement a servi de tremplin à de nombreux musicien·ne·s noir·e·s et a contribué à l’essor d’une vie nocturne cosmopolite à Montréal au milieu du XXe siècle[1][2][7].
Biographie
Né à Maroon Town (Jamaïque), Rockhead migre au Canada en 1916. Démobilisé après un service au Corps forestier canadien durant la Première Guerre mondiale, il s’établit à Montréal vers 1919 et travaille comme porteur de wagons-lits pour le Canadien Pacifique jusqu’en 1927[2][4].
En 1928, il achète un immeuble au 1258, rue Saint-Antoine Ouest (coin de la Montagne) et y ouvre la Taverne Mountain. En 1931, il convertit et agrandit les étages pour en faire un cabaret-salle de spectacle. L’obtention des permis d’alcool se révèle laborieuse, dans un contexte de racisme structurel, mais Rockhead s’impose par sa ténacité et son hospitalité légendaire. Le nom de société enregistré Rockhead’s Paradise n’apparaît dans les journaux qu’en 1936, après avoir rebaptisé la Taverne Mountain. [1][2][3][8].
Rockhead’s Paradise
Le club présente des revues “all-Black”, des chanteurs, danseurs et humoristes majoritairement américains, accompagnés par un orchestre maison composé de musiciens montréalais noirs. Des vedettes en tournée — Duke Ellington, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Cab Calloway, Billie Holiday, etc. — fréquentent l’endroit après leurs concerts et y improvisent parfois sur scène[1][3][6][7].
Le rez-de-chaussée abrite un bar-jazz de quartier; les étages accueillent la grande scène. Le club demeure un rare établissement possédé et dirigé par un entrepreneur noir à Montréal à cette époque, et devient un symbole d’ascension sociale et de mixité du public[1][2][3].
Rôle dans la communauté
Situé à Little Burgundy — quartier d’où émergent Oscar Peterson et Oliver Jones —, le Paradise aide à professionnaliser des musiciens locaux, soutient des carrières naissantes et devient un carrefour où la musique sert de passerelle contre les barrières raciales[1][7].
Héritage et distinctions
Après un AVC de Rockhead en 1975, le club est vendu (fin des années 1970) puis ferme définitivement en 1980; l’immeuble sera ensuite démoli. En 2024, le gouvernement du Canada désigne officiellement Rufus Nathaniel Rockhead « personnage d’importance historique nationale » pour son rôle dans la naissance de la scène jazz montréalaise et son apport à la culture canadienne[2][5].
Repères chronologiques
- 1916–1919 — Arrivée au Canada; service en Europe; retour à Montréal[2][4].
- 1928 — Achat de l’immeuble (Saint-Antoine O. / de la Montagne)[3].
- 1929 — Ouverture du Rockhead’s Paradise[2].
- 1931 — Conversion/agrandissement en cabaret sur plusieurs étages[3].
- années 1930–1950 — Âge d’or; fréquentation par de grandes vedettes[1][6].
- 1975 — AVC de Rockhead[3].
- 1977–1980 — Vente; fermeture définitive (1980)[1][3].
- 1981 — Décès à Montréal[3].
- 2024 — Désignation historique nationale (Canada)[2][5].
Sources et références
- The Canadian Encyclopedia, « Rockhead’s Paradise » (bio + contexte). Consulté 2025.
thecanadianencyclopedia.ca/en/article/rockheads-paradise - Parks Canada, « Rufus Nathaniel Rockhead — Personnage d’importance historique nationale » (notice, 2024).
parks.canada.ca/.../rufus-nathaniel-rockhead - Wikipedia (synthèse et détails d’adresse/chronologie; à vérifier au besoin).
en.wikipedia.org/wiki/Rockhead%27s_Paradise - JAZZ.FM91, « Montréal jazz legend Rufus Rockhead… » (parcours 1916–1927).
jazz.fm/.../rufus-rockhead... - Gouvernement du Canada, communiqué (19 sept. 2024).
canada.ca/.../rufus-nathaniel-rockhead... - Tourisme Montréal, « Jazz in Montréal… » (localisation et vedettes).
mtl.org/.../jazz-montreal... - Musée McCord-Stewart (billet de blogue, 2025) — rôle social du club.
musee-mccord-stewart.ca/.../little-burgundy-jazz-history - Historic Places Days (fiche Rockhead’s, délais de permis).
historicplacesdays.ca/places/rockheads-paradise
Liens externes
- Parks Canada — Notice officielle : Rufus Nathaniel Rockhead
- The Canadian Encyclopedia — Rockhead’s Paradise
- Tourisme Montréal — Jazz in Montréal
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