Joël Giberovitch
Entrepreneur et programmateur montréalais, directeur de l’Upstairs Jazz Bar & Grill (depuis 1995), club de jazz à l’enseigne inversée devenu la référence de l’écoute attentive à Montréal[6][7][8][9].
Présentation
Depuis son ouverture en 1986 et après quatre déménagements, l’Upstairs Jazz Bar & Grill — reconnaissable à son enseigne inversée — est aujourd’hui considéré comme le club de jazz le plus ancien à Montréal en opération[6][11]. Joël Giberovitch en assure la direction et la programmation depuis 1995, transformant le lieu en véritable « salle d’écoute » où la musique prime[7][8][9].
Origines de l’Upstairs (1986–1994)
La première incarnation voit le jour au printemps 1986 au 1187, rue Bishop, au-dessus du pub Charles Darwin — d’où le nom « Upstairs ». Le fondateur est Christopher Gore[1]. À ses débuts modestes, c’est un petit bar tranquille mêlant jeux de société et spectacles de jazz; très vite, les jam sessions tardives attirent une clientèle de musiciens et d’habitués[1][2].
Six mois après l’ouverture, le lieu déménage: absence de toilettes dédiées, clients fuyant vers le Darwin’s au rez-de-chaussée, puis rupture de bail lorsque l’Upstairs attire davantage de monde que le pub[3][4]. L’Upstairs s’installe alors dans une « charmante petite cave » au 1429, rue Bishop — deuxième incarnation[4]. Les échecs, backgammon, fléchettes, Scrabble et Trivial Pursuit restent des attractions majeures, avec le jazz[1][4].
C’est à cette époque que l’enseigne inversée apparaît : pour signaler que le club est désormais en bas, le pianiste Al Paterson suggère de retourner l’enseigne; l’idée s’impose et deviendra l’un des signes distinctifs du lieu[2].
En 1990, troisième incarnation au 1421, rue Bishop[5]. Les affaires vont bien, mais le loyer est élevé et le permis ne comporte pas de licence de bar complète, limitant la viabilité du modèle[2]. La vision de Chris Gore — un « paradis bohème » sans frais d’admission ni politique de silence — attire l’intelligentsia locale, mais demeure difficile à soutenir sur le long terme[11].
La chance tourne lorsque se présente un local avec licence complète et loyer raisonnable : 1254, rue MacKay. La quatrième incarnation ouvre en 1994[2].
Prise de relais par Joël Giberovitch (depuis 1995)
Plongeur puis serveur au restaurant familial El Coyote (rue Bishop), le jeune Joël Giberovitch découvre le jazz par les musiciens de passage. Âgé d’environ 23 ans, il quitte sa dernière année à Concordia pour reprendre, avec son père Sydney Giberovitch, le bail de l’Upstairs à Chris Gore en 1995[7][8].
Pour transformer l’Upstairs en véritable club d’écoute, Joël se rend à New York (Village Vanguard, Blue Note, Iridium, Smalls, Bradley’s), rapporte programmes et idées, déplace la scène vers l’avant (première d’une série de rénovations) et programme notamment Nelson Symonds et Sonny Greenwich. Le bassiste Brian Hurley l’oriente vers des musiciens à inviter; le bouche-à-oreille fait le reste[9].
Joël améliore le système de son, embauche le chef chilien Juan Barros (menu court et relevé) et rebaptise le lieu Upstairs Jazz Bar & Grill. Il met en place une politique de silence afin de centrer l’attention sur la musique; le niveau sonore baisse nettement. Une collaboration avec le département de musique de McGill permet à des étudiants de se produire dans le cadre de leurs cours, sous supervision professorale[9].
Le critique et animateur Len Dobbin fait de l’Upstairs son QG jusqu’à son décès en 2009; son influence aide à attirer artistes et projets. « Son héritage sera toujours avec nous », souligne Joël[10].
Le lieu & l’expérience
L’Upstairs actuel (demi sous-sol, murs de pierre/briques, boiseries, long bar) évoque l’âge d’or des clubs des années 1940. Les pochettes de disques classiques et les sculptures ragtime ornent la salle; un aquarium a remplacé une cheminée. Tables noires, bougies, chaises rétro; le bar (dix places) offre une vue idéale sur la scène. Les artistes se mêlent au public entre les sets[6].
En 2015, pour ses 20 ans de direction Giberovitch, l’Upstairs acquiert un Steinway modèle B (211 cm), instrument de référence pour les pianistes[—].
Voir aussi : vidéo live à l’Upstairs.
Impact & héritage
De Ranee Lee à Jim et Chet Doxas, de Guillaume Martineau à Oliver Jones, l’Upstairs soutient la communauté et accueille des projets phares. Sous Joël et Sydney, la maison est passée du « piano-bar étudiant » au club d’écoute reconnu, tout en restant accessible. Même Chris Gore salue la maturation de son « diamant brut » et rappelle les efforts collectifs qui ont forgé l’Upstairs[7][9][11].
Repères chronologiques
- Printemps 1986 — Ouverture Upstairs, 1187 rue Bishop (au-dessus du Charles Darwin) — Chris Gore[1].
- Fin 1986 — Déménagement : 1429 rue Bishop (cave / sous-sol), enseigne inversée[2][4].
- 1990 — 3e adresse : 1421 rue Bishop[5].
- 1994 — 4e adresse (actuelle) : 1254 rue MacKay[2].
- 1995 — Reprise du bail par Joël & Sydney Giberovitch; mise en place d’une politique de silence[7][9].
- 2009 — Décès de Len Dobbin; hommage et reconnaissance de son rôle auprès du club[10].
- 2015 — 20e anniversaire de la direction Giberovitch; acquisition d’un Steinway B.
- Aujourd’hui — Plus ancien club de jazz en activité à Montréal; maison d’écoute de référence[6][11].
Sources et références
- Helen Rochester, « Jazz music and board games on menu downstairs at Upstairs », The Gazette, 20 déc. 1986.
- Al Paterson, Facebook, « Woodys, Bishop street and other great Montreal moments », 8 août 2022.
- Entretien d’Al Paterson avec J-F Hayeur, juin 2024.
- Chris Gore, Facebook, « Woodys, Bishop street and other great Montreal moments », 6 nov. 2021.
- « Jazz », The Gazette, 28 sept. 1990.
- Arthur Kaptainis, « Straight ahead for jazz », The Gazette, 13 sept. 2003.
- Peter Hadekel, « Two decades at the top », The Gazette, 10 nov. 2015.
- Irwin Block, « Upstairs celebrates 10 years of jazz », The Gazette, 14 sept. 2005.
- Mike Boone, « It don’t mean a thing if it ain’t got that swing », The Gazette, 13 juill. 2009.
- Irwin Block, « Dobbin dedicated his life to music, jazz and musicians », The Gazette, 10 juill. 2009.
- Chris Gore — commentaires à J-F Hayeur, 7 juill. 2024.
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