Le cabaret Lido, rebaptisé Tic Toc le 28 octobre 1937, a attiré des stars et offert des spectacles à prix abordable, notamment avec les débuts à Montréal de Dean Martin en 1944. Harry Ship, un influent homme d’affaires impliqué dans le jeu, a été arrêté en 1946, mettant fin à son règne sur l’établissement. En 1950, après des rénovations, le cabaret rouvre sous le nom de Chez Parée, visant à devenir le plus somptueux cabaret d’Amérique du Nord.
L’Auditorium de Verdun, inauguré en 1938 sur le boulevard Lasalle, est un aréna de 4 043 places assises, accueillant des événements sportifs et culturels. Il a hébergé des spectacles marquants, notamment ceux de Cab Calloway, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, et a refusé Elvis Presley en 1957 sous pression religieuse. En 2020, son extérieur art déco a été restauré et son aréna adjacente reconstruite, ce qui lui a valu un Grand prix de l’Opération patrimoine Montréal en 2022.
Le restaurant français Au Lutin qui Bouffe a été fondé en 1938 sur le boulevard Saint-Grégoire à Montréal, réputé pour son ambiance chaleureuse et ses particularités, comme le fait de nourrir des porcelets en salle. Avec son décor rustique et des chanteurs d’opérette divertissant les clients, on se croirait au cœur de Montmartre ! Prospérant sous la direction du chef Joseph McAbbie, le restaurant accueillait une clientèle internationale et des personnalités comme Antoine de Saint-Exupéry. Après la mort tragique de McAbbie en 1953, le restaurant a connu plusieurs propriétaires avant d’être détruit par un incendie en 1972, laissant place à un concessionnaire automobile.
Le Roxy Follies, un cinéma puis un théâtre de variétés de 750 places, a été inauguré en 1938 par Joseph Paul Cardinal au 1161 rue Saint-Laurent, puis entièrement rénové en 1942, bien que l’ouverture ait été retardée en raison des restrictions de guerre. Anciennement connu sous le nom de King Edward Palace, il attirait une clientèle bourgeoise à la recherche de spectacles comiques. En 1950, le théâtre a vu son permis révoqué pour avoir enfreint les règlements municipaux en présentant des spectacles après minuit. Il a rouvert en décembre 1950, mais a finalement fermé en février 1953, après l’expropriation du bâtiment pour l’élargissement de la rue Dorchester.
Le Café Val d’Or, ouvert de 1938 à 1947 sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal, a d’abord fonctionné sous administration anglophone avant de passer sous gestion francophone en 1942. Ce cabaret, fréquenté par une clientèle variée, incluait des spectacles en anglais et a vu débuter l’humoriste Jacques Normand. Bien que le Café Val d’Or soit géré par des figures liées à la pègre montréalaise, comme Vincent Cotroni, il a offert à Normand une première chance dans le milieu artistique. En 1947, le cabaret a dû fermer ses portes, mais a rouvert sous le nom Au Faisan Doré après une transformation en restaurant pour contourner les restrictions sur les permis d’alcool.
Le Stork Club de Montréal, situé à côté du Théâtre Her Majesty et ouvert le 5 novembre 1938, était un lieu emblématique où des célébrités telles que Frank Sinatra et Sammy Davis Jr. se retrouvaient après leurs spectacles pour des fêtes et des soirées dansantes. Il a fermé ses portes en 1977 pour devenir La Nuit En Rose, puis a été transformé en salle de disco Oz en 1979. Le bâtiment a été démoli, et depuis 2009, le site accueille la sortie du métro Guy-Concordia ainsi qu’un bâtiment de l’université Concordia.
Au cours de son histoire, le cabaret El Morocco a occupé trois adresses à Montréal entre 1940 et 1966, offrant des spectacles de chant, de comédie et de danse. Il a été reconnu comme l’un des cabarets les plus modernes de la ville, attirant des célébrités telles que Lili St-Cyr et Dean Martin, et organisant régulièrement des événements caritatifs. Après avoir déménagé plusieurs fois, l’El Morocco a été temporairement fermé en 1964 en raison de problèmes fiscaux, mais a rouvert sous une nouvelle direction en 1965, adoptant un format de spectacles variés. En 1967, le cabaret a été renommé Chez Guilda et a ensuite évolué pour devenir Your Father’s Mustache, s’orientant vers des spectacles de rock dans les années 1970 avant de devenir un centre névralgique de la scène heavy rock montréalaise.
L’Esquire a été un club emblématique de Montréal, fonctionnant de 1940 à 1972, fondé par Sam Cleaver et connu pour son ambiance animée et ses spectacles variés. Après la Seconde Guerre mondiale, il a évolué sous la direction de Norm Silver pour devenir un show bar proposant un divertissement continu, attirant des artistes célèbres. Dans les années 1950, Silver a introduit les spectacles de rock & roll à Montréal, attirant de célèbres artistes comme Bill Haley & His Comets, Little Richard et Bo Diddley, ce qui a revitalisé l’établissement et attiré un nouveau public jeune. Cependant, des problèmes de permis avec la ville ont conduit à sa fermeture en 1972, mettant fin à une époque marquante de la vie nocturne montréalaise.
Le Café St-Michel a été un lieu clé du jazz à Montréal de 1940 à 1953, situé au 770 rue de la Montagne. Sous la direction de l’orchestre de Louis Metcalf, le café est devenu un important laboratoire musical, introduisant le be-bop à Montréal et attirant des musiciens célèbres tels qu’Oscar Peterson et Duke Ellington. Sa fermeture en 1953, suite à un raid policier pour des violations de la loi sur l’alcool, a marqué la fin d’une époque pour la scène jazz montréalaise, bien qu’une tentative de réouverture ait échoué en 1961.
Le Café Beaver, ouvert le 28 juin 1940 à Montréal, était un lieu de divertissement emblématique présentant des spectacles musicaux, de vaudeville, et des performances variées, attirant des artistes tels que Crip Heard et les Tune Up Boys. Ce café a également été le théâtre d’un événement marquant en 1944, le “Zoot-Suit Riot”, où des bagarres entre soldats et jeunes portant le style “zoot” ont éclaté, entraînant des blessures et des arrestations. Après plusieurs changements de propriétaires et une rénovation en 1953, le Café Beaver est devenu un pionnier de la scène gaie montréalaise dans les années 1960, accueillant des artistes populaires et des numéros burlesques. Cependant, en mars 1962, il a été fermé par la police à la suite de performances jugées obscènes, menant finalement à sa faillite la même année et à sa transformation en Casino de Paris.
Le Café Blue Bird, établi à Montréal en 1940 et déplacé en 1960, a été un lieu de rencontre populaire jusqu’à sa tragédie en 1972, où un incendie causé par trois hommes en état d’ébriété a tué 37 personnes et blessé 51 autres. Les victimes, dont de nombreux jeunes, ont été prises au piège par une sortie de secours impraticable, tandis que les pompiers ont eu du mal à intervenir face à la situation chaotique. La négligence des normes de sécurité incendie a conduit à des poursuites contre le propriétaire Léopold Paré, tandis qu’un mémorial a été érigé en 2012 pour commémorer les victimes de cette tragédie.
Le Café de l’Est, situé au 4558 rue Notre-Dame Est à Montréal, a été un pilier de la scène cabaret francophone de 1941 à 1980, accueillant de nombreux artistes célèbres, dont Olivier Guimond et Charles Trenet. Sous la direction de Paul Letang, Léo L’Archevêque, Jos Beaudry, et plus tard Dominique Mandanice, entre autres, ce club a prospéré grâce à une atmosphère informelle, un service soigné, et des spectacles de qualité, se distinguant dans une ville où les spectacles étaient majoritairement en anglais. Cependant, l’Expo 67 et l’émergence de la télévision ont marqué le début de son déclin, transformant progressivement l’établissement en discothèque à partir de 1971. Après avoir changé de nom pour Xanadu Disco Club en 1980, le bâtiment a finalement été détruit par un incendie en 1998, laissant peu de traces de son riche héritage.
Le café-restaurant « Au 400 », en service de 1941 à 1968, était situé au 1490 rue Drummond à Montréal et était particulièrement prisé par les Forces armées canadiennes pendant la guerre. Sous la direction de Gaston Valiquette dans les années 1940, puis d’Armand Bortinier en 1948, et enfin de la famille Lelarge dans les années 1950 et 1960, l’établissement a été renommé « Au 400 Chez Lelarge » et a déménagé plusieurs fois, notamment en 1962 au 2050 rue Drummond et, enfin, au 630 boulevard Dorchester. Le restaurant se distinguait par son ambiance élégante, avec des murs en stucco, des boiseries sombres et un décor chaleureux comprenant des nappes et des banquettes en cuir orange, ainsi qu’une cave à vin intégrée.
L’American Spaghetti House, ouvert en 1941 par les frères Angelo et Dandy Bisante au 64 rue Sainte-Catherine Est, est rapidement devenu un incontournable de Montréal, attirant une clientèle avide de spaghettis à prix bas, et ce, 24 heures sur 24. Les Bisante ont été pionniers de la livraison à domicile et ont popularisé les spaghettis auprès des Montréalais tout en offrant une piste de danse pour les amateurs de jitterbug. Le restaurant a prospéré jusqu’à un tragique incendie en 1959 qui a causé la mort de deux pompiers, entraînant sa fermeture définitive. En parallèle, la famille Bisante était liée à des activités interlopes, Angelo étant associé à la pègre, tandis que sa femme, Lucie, était une figure bien connue du milieu.
L’Auditorium Dance Palace, renommé ainsi en 1941 par Harry Holmok, était situé au 375 rue Ontario Ouest à Montréal et a accueilli des spectacles emblématiques, notamment le premier concert en ville de Louis Armstrong en 1942. En 1946, la salle a été rebaptisée Roseland Ballroom avant de devenir le Bellevue Casino en 1949, se positionnant comme l’une des plus importantes salles de spectacles du Canada avec une capacité de plus de 700 places. Malgré un début prometteur et une programmation étoffée sous la direction de Madame Nathalia Kamarova, le Bellevue Casino a souffert de la réglementation municipale et des changements dans l’industrie de la nuit, entraînant sa fermeture en 1962.
Le Café Royal, un restaurant actif de 1942 à 1948, était situé au 97 rue Sainte-Catherine Est à Montréal et appartenait à Armand Courville, un ancien lutteur professionnel, et à Vic Cotroni, un des fondateurs de la mafia montréalaise. Les gérants, Marius et Edmond Martin, étaient des membres de la mafia marseillaise impliqués dans le trafic d’héroïne. Courville et Cotroni possédaient également d’autres établissements, notamment le cabaret Au Faisan Doré, où de nombreuses vedettes francophones ont fait leurs débuts. En 1948, le Café Royal a perdu son permis d’alcool et a été transformé en cabaret La Ceinture Fléchée. Ce lieu est occupé par les Foufounes Électriques depuis 1983.
Le Jamaica Café, situé au 1174 rue de la Montagne, a été ouvert le 1er mai 1945 par le promoteur de boxe Jules Racicot. Lieu réputé pour ses steaks, il offrait une ambiance chaleureuse avec une pièce appelée The Log Cabin Room, équipée d’un feu de foyer et d’un lounge à l’étage. Tous les soirs, les clients pouvaient profiter de divertissements, notamment l’orchestre de Billy Munro.
Le Ruby Foo’s, inauguré le 25 mai 1945 au 7815 boulevard Décarie par les frères Henry et Hyman Manella et Sarah Cohen, était le plus grand restaurant de son époque et l’un des plus modernes de Montréal. Doté d’une décoration chinoise éclatante et d’une atmosphère apaisante, il offrait une expérience culinaire unique avec plusieurs cuisines dirigées par des chefs spécialisés, tout en étant un lieu prisé par des artistes de passage. En 1984, le restaurant a fermé ses portes pour faire place à un complexe hôtelier, l’Hôtel Ruby Foo’s, qui a été rénové et est devenu une destination prisée pour les voyageurs d’affaires et les touristes.
Le Slitkin & Slotkin, un steakhouse situé au 1235 rue Dorchester à Montréal de 1945 à 1950, était réputé pour son ambiance inspirée par le milieu interlope, bien que la cuisine n’y soit pas la principale attraction. Fondé par les promoteurs de boxe Jack Rogers et Lou Wyman, le restaurant attirait des personnalités de la vie nocturne montréalaise, des journalistes et des amateurs de boxe, devenant un véritable club de presse non officiel. Les soirées se prolongeaient jusqu’à l’aube dans un cadre où se mêlaient acteurs, musiciens et figures du milieu interlope. En 1950, le Slitkin & Slotkin a été transformé en All-American Bar & Grill, tandis que Rogers et Wyman ouvraient un nouveau club, les Folies Bergères.


