Jazz Hot — La Casa Loma (Montréal)
Série jazz présentée à l’étage de La Casa Loma (94, rue Sainte-Catherine Est), cabaret majeur de la scène canadienne-française (1951–1971). Née dans le sillage d’une relance jazz en 1963–1964, la bannière Jazz Hot a accueilli des pointures internationales (p. ex. Cannonball Adderley, 23 mars 1964) et a servi de catalyseur à la scène locale (trio maison de Pierre Leduc, passages d’Oscar Peterson Trio, etc.). [1], [17], [18], [19], [20], [21]
1. Présentation
Cabaret emblématique fondé en 1951, la Casa Loma se distingue par un confort et une élégance rivalisant les meilleures salles de Montréal (décors de Jean Hébert, ambiance sud-américaine). Les ballets sont dirigés par Madame Kamarova (Bellevue Casino), les arrangements par George Komaroff; orchestre de Marcel Doré, MC Ralph Cobetto, intendance d’Albert Langelier. [3], [5]
À partir de 1963–1964, l’étage (« En Haut ») bascule vers une offre jazz ambitieuse et devient Jazz Hot, avec le trio Pierre Leduc en résidence et des invités internationaux majeurs. [17], [20]
2. Origines & évolution de la Casa Loma
Ouverte le 15 février 1951 par Harry Holmok et Thomas Steppan, la Casa Loma change de mains en 1952 (Andy Cobetto, Henri Forgues, Angelo Bisante). La politique artistique met tôt de l’avant les talents canadiens-français : schéma de spectacle à quatre numéros (trois variétés plutôt américaines + une vedette locale), avec la difficulté d’emplir une salle de 560 places à une époque où ces vedettes sont encore peu connues du grand public. Les Tune-Up Boys établissent un record de 28 semaines à l’affiche. [6]
Jen Roger devient MC officiel en 1954, puis Paolo Noël en 1957. Jean Simon y anime ses concours (« Découvertes », « Vedettes de demain »), révélant notamment Jean Lapointe, Michel Louvain, Ginette Reno, Mona Bégin, Lauréanne Lemay, Pierre Sénécal, Claude Vincent. Records d’assistance : Dominique Michel & Denise Filiatrault. [6], [7]
Transformations de l’étage : Roseland Ballroom (15 déc. 1961) pour les danses twist, puis Chez Isidore (1962) dédié à la famille Soucy (décor bois sculpté, mets « typiquement canadiens »). Après le décès d’Isidore Soucy, l’étage est renommé temporairement « Casa Loma — En Haut ». [9]–[16]
3. Naissance du « Jazz Hot » (1963–1965)
En 1963, l’Oscar Peterson Trio triomphe « En Haut »; Cobetto poursuit l’orientation jazz et rebaptise l’étage Jazz Hot. Le premier concert sous cette bannière est Cannonball Adderley le 23 mars 1964. [17], [18], [19]
Cobetto recrute Pierre Leduc (ex-La Tête de l’Art) pour le trio maison (6–7 soirs/semaine). Le Jazz Hot enchaîne des semaines ininterrompues avec les grands du jazz (John Coltrane, Miles Davis, Bill Evans, Thelonious Monk, Sonny Rollins, Coleman Hawkins, Art Blakey, Duke Ellington, Lionel Hampton). [20]
Malgré la ferveur musicale, l’augmentation des cachets et des frais de tournée fragilise l’équilibre financier ; la programmation « extravagante » finit par être fatale au cabaret. Le 2 août 1965, l’étage redevient « Casa Loma — En Haut ». [20], [22]
4. Ligne artistique & moments notables
La Casa Loma continue d’alterner variétés et têtes d’affiche locales (semaines uniques), tout en subissant la concurrence croissante de la télévision et l’évolution des lois (dimanche, service alimentaire obligatoire). Soirées marquantes : Ginette Reno (4 févr. 1967, délire en salle), politiques de programmation remaniées en 1967–1968, passations et changements d’exploitants (Playgirl à go-go, Pamplemousse, etc.). [49], [27]–[33]
5. Contexte des politiques de salle (années 1960)
La politique-maison (vedette canadienne, quatre numéros) et la contrainte des semaines uniques demeurent la clé de la longévité de la Casa Loma, quand d’autres cabarets changent trop souvent de formule. En toile de fond, hausse vertigineuse des coûts (p. ex. cachets de Michel Louvain), concurrence TV, mutation des habitudes de sortie : la fin de « l’âge d’or » des boîtes de nuit montréalaises. [6], [46], [47]
6. Chronologie rapide
- 15 févr. 1951 — Ouverture de la Casa Loma (Holmok & Steppan). [1], [3]
- 1952 — Reprise par Cobetto, Forgues, Bisante. [6], [51]
- 1961 — Roseland Ballroom (2e étage) pour le twist. [50]
- 1962 — « Chez Isidore » (famille Soucy) « En Haut ». [11]–[16]
- 1963 — Relance jazz (succès Oscar Peterson Trio). [17]
- 23 mars 1964 — 1er concert « Jazz Hot » : Cannonball Adderley. [18], [19]
- 1964–1965 — Résidences intensives (Trio Leduc) & géants du jazz. [20], [21], [53]
- 2 août 1965 — Fin de la bannière « Jazz Hot » ; retour « En Haut ». [22]
- 1967–1968 — Reconfigurations (Playgirl à go-go, changements d’exploitants). [23]–[33]
- 1971 — Fin d’époque : événements judiciaires retentissants liés au complexe. [2], [34]–[40]
7. Notes & sources
- Opening tonight Casa Loma, The Gazette, 15 février 1951.
- « Les grands procès : l’affaire du Casa Loma », La Presse, 22 sept. 1991.
- « Beaucoup de choix dans les boîtes cette semaine », La Patrie, 25 févr. 1951.
- « Mort attribuable à des causes naturelles », La Patrie, 21 mars 1953.
- « L’oiseau de nuit », Le Petit Journal, 18 févr. 1951.
- « De la chanson au Music-Hall », La Presse, 8 juin 1963.
- Wikipedia : La Casa Loma (repères MC/vedettes & concours).
- Dominique Michel, Y a des moments si merveilleux, p.139.
- Photo-Journal, 6 janv. 1962 : « N’en parlez à personne ».
- Télé-Radiomonde, 2 oct. 1965.
- Le Petit Journal, 4 nov. 1962.
- Télé-Radiomonde, 20 oct. 1962.
- Le Petit Journal, 28 oct. 1962.
- Télé-Radiomonde, 17 nov. 1962.
- « Notre folklore est en deuil : Isidore », Télé-Radiomonde, 15 déc. 1962.
- Montréal-Matin, 4 mars 1963.
- « Le jazz et la Casa Loma », Le Quartier Latin, 10 mars 1964.
- Photo-Journal, 28 mars 1964 : « N’en parlez à personne » (Cannonball).
- Le Petit Journal, 22 mars 1964 : « Le Jazz Hot : Cannonball Adderley ».
- John Gilmore, Une histoire du jazz à Montréal, p.301.
- La Presse, 25 avril 1964 : « L’émotion, la vie, le jazz : Pierre Leduc ».
- La Presse, 2 août 1965 : « Les Arts aujourd’hui ».
- The Gazette, 20 mai 1966 : « Playgirls à Go-Go ».
- Télé-Radiomonde, 10 févr. 1968 : « La Casa Loma vendu ».
- Le Petit Journal, 28 janv. 1968 : « La Casa Loma est vendue ».
- Télé-Radiomonde, 21 janv. 1967 : « Vente de l’édifice… ».
- Le Petit Journal, 7 janv. 1968 : « Après 18 ans de métier ».
- Télé-Radiomonde, 10 févr. 1968.
- Le Petit Journal, 28 janv. 1968.
- Journal de Montréal, 22 janv. 2018.
- La Presse, 26 févr. 1970 : « On n’a plus l’obscénité… ».
- La Presse, 19 déc. 1970.
- Télé-Radiomonde, 9 janv. 1971.
- Coolopolis blog : « Scenes from the Main ».
- La Presse, 21 sept. 1971.
- La Presse, 30 mars 1971.
- La Presse, 6 avr. 1971.
- La Presse, 15 sept. 1971 : « La cour visite la Casa Loma ».
- Montréal-Matin, 27 nov. 1971.
- La Presse, 1 févr. 1973 : « Les trois accusés sont acquittés ».
- La Presse, 22 déc. 1993 (Section décès) — Andy Cobetto.
- The Globe and Mail, 5 nov. 2012 — Joe Di Maulo.
- Journal de Montréal, 22 janv. 2018.
- TVA Nouvelles, 5 nov. 2012.
- La Presse, 6 nov. 2012.
- La Presse, 18 juin 1984 : « La belle époque… avant la télévision ».
- Télé-Radiomonde, 7 févr. 1959 : « Le cachet de Michel Louvain ».
- La Presse, 21 avr. 1997 : « Le miracle de Jen Roger ».
- Michelle Chanonat, Ginette Reno, Biographie, p.54.
- Montreal Star, 16 déc. 1961 : « Opening Dec. 15 Roseland Ballroom ».
- La Presse, 16 juin 1991 : « L’American Spaghetti House… » (Guy Pinard).
- L’Encyclopédie canadienne : « Ginette Reno ».
- Stanley Péan, Michel Donato, Bleu sur le vif, Éd. Mains Libres, 2023, p.61.













































