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Palace Theatre / Cinéma Palace (Montréal)

Ancien Allen Theatre inauguré en 1921 au 698, rue Sainte-Catherine Ouest, le Palace Theatre est l’un des grands movie palaces du centre-ville. Repris par Famous Players, rebaptisé Palace au début des années 1920, il marque l’histoire du cinéma canadien en devenant l’une des premières salles du pays câblées pour le cinéma parlant, puis pour le CinemaScope. Après sa transformation en multiplex Palace 6 (1981) et sa fermeture comme cinéma en 2000, l’édifice est réaffecté en complexe commercial, ne conservant que sa façade historique.

1. Présentation

Le Palace Theatre est l’un des grands cinémas de prestige qui jalonnaient la rue Sainte-Catherine au XXe siècle. Construit pour la chaîne des Allen Theatres et inauguré le 14 mai 1921 sous le nom Allen Theatre, l’édifice est racheté quelques années plus tard par Famous Players et rebaptisé Palace. Il incarne le modèle du movie palace : architecture spectaculaire, riche décor intérieur, marquise monumentale et programmation de films de prestige, souvent accompagnés d’orgue et de musique live.

Dans les années 1920-1930, le Palace se trouve au cœur d’un alignement de grandes salles (Capitol, Strand, Loew’s, etc.), contribuant à faire de Sainte-Catherine l’avenue des cinémas de Montréal. La salle jouera ensuite un rôle de pionnière pour le cinéma sonore, puis pour les formats larges comme le CinemaScope, avant de connaître le destin classique de plusieurs grands cinémas de centre-ville : subdivision en multiplex, déclin, fermeture, puis réaffectation.

2. Origines : l’Allen Theatre (1921)

Au sortir de la Première Guerre mondiale, la famille Allen, déjà active dans l’exploitation de cinémas au Canada, entreprend de doter Montréal d’un grand movie palace au standard nord-américain. Le projet est confié à l’architecte américain C. Howard Crane, spécialisé dans les cinémas monumentaux (Detroit, Cleveland, Calgary, etc.).[3]

L’Allen Theatre ouvre officiellement ses portes le 14 mai 1921. Sa capacité se situe autour de 2 500 à 2 700 places, avec un vaste parterre, un balcon très incliné, des loges latérales et un foyer généreux. Dès l’origine, la salle s’inscrit dans la typologie des palaces de Sainte-Catherine, combinant projection de films muets et accompagnement musical au moyen d’un grand orgue de cinéma.

3. Du Allen au Palace : un movie palace montréalais

Au début des années 1920, la chaîne des Allen connaît des difficultés financières. Le circuit est racheté par Famous Players, qui reprend l’Allen Theatre de Montréal et le rebaptise Palace Theatre (la nouvelle appellation se stabilise vers 1923).[2] La salle est repositionnée comme un des vaisseaux amiraux de Famous Players au centre-ville, recevant des productions majeures ainsi que des exclusivités.

À la fin des années 1920, le Palace est redécoré et se dote d’une marquise particulièrement spectaculaire, avec environ 2 000 ampoules formant un véritable rideau de lumière sur Sainte-Catherine Ouest.[1] Pour les Montréalais, la façade du Palace devient l’une des images emblématiques de la « rue des cinémas », au même titre que celle du Capitol ou du Loew’s.

4. Cinéma parlant & innovations technologiques

À la fin des années 1920, Famous Players utilise le Palace comme laboratoire pour l’introduction du cinéma sonore à Montréal. En 1928, la salle est câblée pour accueillir les nouveaux systèmes (Vitaphone, Fox Movietone, etc.) et devient l’une des premières au Canada à adopter une programmation régulière de films parlants. Plusieurs sources soulignent son rôle de pionnière pour le passage à une politique « all talking » à la fin de 1928, faisant du Palace une référence nationale en matière de modernisation technique.[4][5]

Plus tard, au début des années 1950, le Palace est à nouveau au premier rang des innovations en se dotant d’un écran large et de l’équipement nécessaire au CinemaScope. En 1953, il fait partie des premières salles de Montréal à présenter des super-productions au nouveau format, contribuant à la stratégie de l’industrie pour contrer la concurrence de la télévision.[2]

5. Architecture & décor

Sur le plan architectural, le Palace illustre la volonté de créer un univers complet pour le spectateur. L’édifice est décrit comme le premier cinéma montréalais à disposer la salle en profondeur, dans l’axe de la façade, ce qui permet d’aligner l’entrée, le foyer et le parterre dans une perspective monumentale.[6] Outre la salle principale, le bâtiment comprend des espaces annexes destinés à d’autres usages (salle de danse, quilles, billard, toit-terrasse), typiques des movie palaces qui cherchaient à retenir le public plus longtemps que la seule durée d’un film.

Le décor intérieur, particulièrement riche, combine éléments Beaux-Arts et influences néoclassiques : pilastres, moulures, figures sculptées, dômes et plafonds ornementés. Des remodelages ultérieurs (notamment à la fin des années 1920 et au fil des décennies suivantes) actualisent le style sans renier le caractère théâtral du lieu. Plusieurs historiens considèrent le Palace comme l’une des salles les plus « exubérantes » du centre-ville montréalais durant l’âge d’or des palaces.

6. Palace 6, déclin & fermeture

Comme bien des grandes salles de centre-ville, le Palace subit, à partir des années 1960-1970, la concurrence de la télévision, des cinémas de quartier puis des multiplex de banlieue. La fréquentation se fragmente, les coûts d’entretien d’une grande salle unique deviennent difficiles à absorber et la logique commerciale pousse à la subdivision.

Le cinéma ferme comme salle unique à l’été 1980. L’édifice est alors complètement gutté à l’intérieur et transformé en multiplex de six salles. Il rouvre le 26 juin 1981 sous le nom Palace 6 (United Theatres / Famous Players), un complexe de six écrans implantés à l’intérieur de l’enveloppe historique.[7][8]

À partir de 1995, le Palace 6 devient un cinéma à rabais, confirmant le déclassement progressif de la salle dans la hiérarchie des cinémas du centre-ville. La fermeture définitive comme cinéma a lieu le 23 janvier 2000.[7][8] Quelques mois plus tard, l’espace est brièvement reconverti en parc d’attractions multimédia, le Centre Metafloria, avant de se transformer en espaces commerciaux et bureaux dans les années 2010.

7. Aujourd’hui & mémoire du lieu

Si l’intérieur originel du Palace a disparu lors de la transformation en multiplex, la façade historique demeure en grande partie lisible sur Sainte-Catherine Ouest : grandes baies vitrées cintrées, encadrement sculpté, reliefs et proportions générales témoignent encore du gabarit du movie palace de 1921. Des photographies de la fin du XXe siècle montrent la cohabitation de la marquise du Palace avec les enseignes voisines (dont le célèbre Supersexe), image devenue symbolique du vieux paysage nocturne du centre-ville.

Pour l’historien du cinéma, le Palace représente un maillon clé de l’axe des cinémas de Sainte-Catherine : un lieu où se sont succédé l’expansion des grands circuits nationaux, l’arrivée du cinéma parlant, la concurrence de la télévision, la mode des multiplex et, enfin, la reconversion des grandes salles en espaces commerciaux. Sa mémoire survit à la fois dans les archives (programmes, photos, annonces) et dans la façade qui, malgré les transformations, continue d’accrocher l’œil des passants.

8. Chronologie rapide

  • 1921 — Inauguration de l’Allen Theatre au 698 Sainte-Catherine Ouest (movie palace de la chaîne Allen).
  • Début 1920s — Rachat par Famous Players ; renommer Palace Theatre (rénomination attestée vers 1923).
  • Fin 1920s — Rénovations, redécoration, grande marquise d’environ 2 000 ampoules.
  • 1928 — Le Palace fait partie des premières salles canadiennes câblées pour le cinéma sonore et adopte une politique de films parlants.
  • Années 1930–1950 — Grande salle de prestige du centre-ville, programmations de premier plan.
  • 1953 — Équipement pour le CinemaScope, participation aux premières projections locales au format large.
  • Années 1960–1970 — Déclin progressif sous l’effet de la télévision et des nouveaux complexes.
  • 26 juillet 1980 — Dernière projection comme salle unique (film Airplane!). Fermeture pour transformation.
  • 26 juin 1981 — Réouverture comme Palace 6, multiplex de six salles.
  • 1995 — Le Palace 6 devient cinéma à rabais.
  • 23 janvier 2000 — Fermeture définitive comme cinéma.
  • Décembre 2000 — Réouverture éphémère comme parc d’attractions multimédia (Centre Metafloria).
  • Années 2010 — Réaffectation en espaces commerciaux/bureaux, avec conservation partielle de la façade.

9. Notes & sources

  1. Musée McCord-Stewart — blogue « Downtown and Old Montreal » (palace de cinéma, marquise d’env. 2 000 ampoules, redecorated & renamed).[1]
  2. Montreal Concert Poster Archive — entrée de timeline sur le Palace Theatre, 14 mai 1921 (Allen), renommage comme Palace, premiers films parlants et CinemaScope, multiplex Palace 6, fermeture 2000.[2]
  3. Études sur les movie palaces canadiens et fiches consacrées à C. Howard Crane (Allen / Palace, Calgary et Montréal).[3]
  4. Site « Cinema in Quebec: the talkies and beyond » — section sur l’arrivée du cinéma parlant à Montréal (rôle du Palace comme salle câblée pour le son à la fin des années 1920).[4]
  5. Articles de presse et synthèses historiques (Northern Electric, Famous Players) mentionnant le Palace comme première salle canadienne à adopter durablement les films parlants (politique « all talking » en 1928).[5]
  6. Fiche « Historic Places » (Réseau des lieux patrimoniaux du Canada) — description de la typologie du Palace (axe parallèle à la façade, espaces annexes, décor riche, balcon accentué).[6]
  7. CinemaTreasures.org — fiche Palace 6 : fermeture comme salle unique (1980), transformation en multiplex 6 salles, réouverture 1981, passage en cinéma à rabais et fermeture 2000.[7]
  8. Listes de salles montréalaises (rivest266, archives de la presse) — dates d’ouverture/fermeture, mentions du Centre Metafloria et des réaffectations ultérieures.[8]
1932
FRANKENSTEIN
FRANKENSTEIN

Source: The Gazette, 23 avril 1932, division Postmedia Network Inc.

1921
OUVERTURE DU ALLEN THEATRE
OUVERTURE DU ALLEN THEATRE

Source: The Montreal Star, 7 mai 1921

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