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Au Lutin Qui Bouffe (Montréal)

Restaurant français mythique de Montréal, actif des années 1930 à 1972, Au Lutin Qui Bouffe fut l’un des établissements les plus insolites et mémorables de la métropole, célèbre pour ses porcelets nourris au biberon, son décor de manoir rustique, sa haute gastronomie française et son rôle dans la vie artistique montréalaise.

1. Origines et baptême

Ouvert dans les années 1930 sous le nom Au Lutin, le restaurant prend officiellement l’appellation Au Lutin Qui Bouffe en 1938. Situé au 753 boulevard Saint-Grégoire, face à la rue Saint-Hubert, il devient rapidement une curiosité gastronomique et culturelle incontournable de Montréal.

2. Les porcelets mascottes

L’établissement se distingue par une coutume unique : la présence de deux ou trois porcelets mascottes, nourris au biberon devant les clients. D’abord laissés en liberté dans la salle, ils sont ensuite installés sur une table roulante et promenés parmi les convives. Cette excentricité contribue largement à la notoriété du lieu.

3. Architecture et agrandissements

Au milieu des années 1940, un duplex voisin est détruit pour permettre la construction d’une seconde tourelle. La superficie du restaurant est triplée selon les plans de l’architecte Charles Grenier, conférant au bâtiment l’apparence d’un petit manoir rustique occupant une large partie du quadrilatère formé par Saint-Hubert, Resther, Saint-Grégoire et la voie ferrée.

4. Décor intérieur

La salle principale, pouvant accueillir plus d’une centaine de clients, est ornée de poutres apparentes, de nappes à carreaux, de peintures champêtres et d’un imposant foyer de pierre. Un tapis épais amortit les pas du personnel, contribuant à l’ambiance chaleureuse et feutrée du lieu.

5. Cuisine et réputation

Réputé pour sa cuisine française traditionnelle, le Lutin qui bouffe propose des plats tels que soupe à l’oignon gratinée, cuisses de grenouilles, huîtres à la casserole, ris de veau à la financière et homard thermidor. La venue d’Antoine de Saint-Exupéry en 1942 atteste de son rayonnement.

6. Vie mondaine et artistique

Des chanteurs d’opérette, artistes lyriques et musiciens accompagnent les repas. Le chroniqueur Jean Robitaille décrit l’endroit comme un « Montmartre montréalais ». Politiques, artistes et amateurs de culture fréquentent abondamment l’établissement.

7. Joseph McAbbie : mécène et tragédie

Restaurateur et mécène, Joseph McAbbie soutient de jeunes artistes et fonde une bourse pour les étudiants des Beaux-Arts. Sa mort tragique en janvier 1953, à la suite d’un vol à main armée, demeure l’un des faits divers les plus marquants de l’époque.

8. Déclin et incendie de 1972

Malgré diverses tentatives de modernisation, le restaurant décline. Détruit par un incendie en septembre 1972, le site est aujourd’hui occupé par un concessionnaire automobile.

9. Postérité et mémoire

Au Lutin Qui Bouffe reste gravé dans l’imaginaire collectif comme un lieu insolite et emblématique de la Montréal gourmande et artistique d’avant la Révolution tranquille.

Sources

  1. Ville de Montréal – Mémoires des Montréalais : « Le restaurant Au Lutin Qui Bouffe : de l’insolite au drame ».
  2. Journal de Montréal, chronique « Montréal, retour sur l’image », 11 décembre 2016.
  3. Bulletin des Agriculteurs – Jean Robitaille.
1949
AU LUTIN QUI BOUFFE
AU LUTIN QUI BOUFFE

Source: The Gazette, 22 décembre 1949, Postmedia Network Inc.

1941
AU LUTIN QUI BOUFFE
AU LUTIN QUI BOUFFE

Source: The Gazette, 11 août 1941, division Postmedia Network Inc.

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