Café Campus (Montréal)
Autrefois situé à l'angle des rues Decelles et chemin Queen-Mary, sur le campus de l'Université de Montréal, le Café Campus s'est, depuis sa fondation en 1967, imposé comme « le carrefour de la jeunesse étudiante ». Devenu coopérative et relocalisé au 57 Prince-Arthur Est, dans l’ancien immeuble de la discothèque Chez Swann, il est aujourd’hui un acteur central de la scène nocturne montréalaise.
1. Présentation
Autrefois situé à l'angle des rues Decelles et chemin Queen-Mary, sur le campus de l'Université de Montréal, le Café Campus s'est, depuis sa fondation en 1967, imposé comme « le carrefour de la jeunesse étudiante ». En plus de son restaurant et de sa discothèque, le Café a rapidement acquis une solide réputation en tant que boîte à chansons. Presque tous les grands noms de la chanson québécoise s'y sont produits, parmi lesquels Pauline Julien, Félix Leclerc, Robert Charlebois, Diane Dufresne, Octobre, Beau Dommage, Harmonium, Offenbach, Plume Latraverse et bien d'autres. [1]
2. Origines & fondation (1967)
Tout a débuté avec de jeunes étudiants, devenus plus tard des figures emblématiques comme Pierre Marc Johnson et Jean Doré. Alors qu'ils étaient à l'Université de Montréal, ils ont fait partie des fondateurs de ce bar-restaurant-salle de spectacle. À leurs côtés, d'autres jeunes, moins connus à l'époque, ont également participé, et sont aujourd'hui des dirigeants d'entreprises. [5]
Peut-être que le Café Campus n’aurait jamais vu le jour si la nourriture des cafétérias de l’Université de Montréal avait été plus appétissante. En effet, pour protester contre les prix élevés, la mauvaise qualité et le manque de diversité des repas, l'Association générale des étudiants de l’Université de Montréal (AGEUM) a loué un local à l’angle de l’avenue Decelles et du chemin Queen-Mary, où les étudiants pouvaient apporter leur propre lunch. L'initiative a connu un tel succès que le 17 février 1967, l’endroit a été officiellement inauguré sous le nom de Café Campus. [2]
« C’était un projet audacieux », se souvient Robert Pagé, qui a commencé à y travailler en 1967. « À l’époque, le milieu étudiant cherchait à prendre son destin en main. Au début, la cuisine était plus raffinée que bohème. Avec sa gastronomie soignée et ses artistes de boîtes à chansons (Clémence Desrochers, Jean-Pierre Ferland, Félix Leclerc…), le Café attirait davantage le personnel de l’Université que les étudiants inspirés par le flower power. C’est véritablement après 1968, dans la foulée des mouvements de contestation étudiante, que le Café Campus a pris son essor. » [2]
Ceux qui fréquentaient l’ancien Café Campus, sur l’avenue Decelles, ont sans doute aperçu plus d’une fois Jacques Parizeau en train de feuilleter des journaux anglais tout en dégustant des hot dogs. Robert Pagé se souvient particulièrement d’une soirée électorale marquante, lorsqu’un habitué célèbre a attiré tous les regards : « Robert Bourassa est passé par le Café avant même de prononcer son discours à la nation. Entouré d’agents de la SQ, il s’est avancé au bar, a commandé une Laurentide et l’a bue cul sec sous les yeux des jeunes. » [2]
Au début des années 1970, les étudiants fréquentent l’endroit de plus en plus assidûment. Cependant, des tensions émergent avec le voisinage, plusieurs résidents réclamant alors la fermeture du Café. [2]
3. Boîte à chansons & grandes figures
Avant l’apparition de salles comme le Club Soda et le Spectrum, c’est au Café Campus que l’on a découvert des artistes tels que Robert Charlebois, Gilles Vigneault, Yvon Deschamps, Louise Forestier, les Séguin (Richard et Marie-Claire), et même The Box. Diane Dufresne y a rodé certains de ses spectacles, notamment celui du Forum. Le duo Charlebois-Forestier y a fait ses débuts avant de s’y séparer. Octobre et Maneige y ont également débuté, tandis qu’Offenbach y a tourné une page de son histoire avant la scission qui mènera à la formation de Corbeau. Jean-Luc Ponty s’y est produit avant d'atteindre la renommée internationale. Des artistes comme Mouloudji, Ricet Barrier, ainsi que de nombreux talents québécois en début de carrière, tels que le Ville-Émard Blues Band, Plume Latraverse et Raoul Duguay, y ont également été mis à l'honneur. [5]
4. Diversification musicale (blues & jazz)
Au fil des ans, la programmation s’est diversifiée. Après la vague d’artistes québécois et français, le Café Campus a présenté une multitude de spectacles de blues avec des artistes comme Long John Baldry, Luther Allison et Willie Dixon, une période où la salle affichait souvent complet. Par la suite, la vocation du Café a évolué pour accueillir de grands noms du jazz, tels qu’Archie Shepp, Paul Horn, Eberhard Weber et Jean-Luc Ponty. Michel Sabourin, producteur renommé, y a aussi fait ses débuts. [5]
5. Conflits de voisinage & déménagement
Les véritables ennuis pour le Café Campus ont commencé en 1981, lorsque des résidents du voisinage ont déposé une première plainte auprès de la Régie des permis d’alcool du Québec, demandant la fermeture du bar. Ils dénonçaient le bruit causé par les clients, qui réveillaient tout le monde à 3 h du matin, hurlaient, vandalisaient, saccageaient les jardins des maisons voisines, urinaient près des fenêtres et laissaient des bouteilles de bière un peu partout. Ces événements ont forcé le Café Campus à déménager. [4]
6. Rachat par les employés & coopérative
Cette même année, l’entreprise a été rachetée par ses employés à l’Association étudiante de l’Université de Montréal. Depuis, les travailleurs et travailleuses du Café Campus ont exercé une gestion directe et démocratique de l’établissement. [1]
7. Relocalisation au 57 Prince-Arthur & lien avec Chez Swann
Le 22 juin 1993, le Café Campus a fait son retour à l'occasion de la Fête de la Saint-Jean, en s'installant dans de nouveaux locaux au 57 Prince-Arthur Est, dans l’ancien immeuble de la discothèque Chez Swann. Il lui aura fallu un mois pour se relocaliser après l'injonction de la Cour d'appel du Québec, rendue le 19 mai 1993, qui l'obligeait à cesser ses activités et à quitter le mythique 3315 rue Queen-Mary. Le nouveau Café Campus, rue Prince-Arthur, a été inauguré le 22 juin 1993. Pendant huit ans, il a bénéficié d'une nouvelle visibilité grâce à l’émission humoristique Piment Fort, animée par Normand Brathwaite. [2][6][7]
Au 57 Prince-Arthur Est, l’ancien espace de la discothèque Chez Swann au 2e étage est converti en Petit Campus, tandis que le Café Campus s’installe au 3e étage, dans l’ancienne Salle polonaise. Ce nouvel écrin au cœur du Plateau–Quartier latin confirme le rôle central de l’établissement dans la vie nocturne montréalaise.
La Coopérative des travailleurs et travailleuses du Café Campus a vu le jour en 1993, sous l'impulsion de l'Association des travailleurs et travailleuses du Café Campus (O.S.B.L.), qui, après un déménagement forcé, devait consolider ses finances. Le modèle coopératif s’est imposé comme la solution idéale pour mettre en pratique ses valeurs d’autogestion et garantir sa pérennité. [1]
8. Années 2000, rénovations & rayonnement actuel
Dans les années 2000, le Café Campus, en plus de continuer à attirer de jeunes francophones des collèges et universités voisines, devient un lieu prisé par les touristes ainsi que les étudiants de McGill et Concordia. L’ambiance conviviale, la bière abordable, les portiers sympathiques et les hits des DJ contrastent avec les autres bars du quartier. [2]
Pour célébrer son 40e anniversaire en 2007, le Café Campus a investi près de 1,5 million de dollars dans la rénovation de ses deux salles de spectacle : nouveaux systèmes de son et d'éclairage, loges enfin adaptées, et réfection complète du charmant Petit Campus. [3]
En 2017, le Café Campus célèbre son 50e anniversaire. [2]
Situé aujourd’hui à la croisée du Quartier des Spectacles, du Plateau Mont-Royal et du campus de l’Université McGill (Milton Parc), le Café Campus est devenu au fil des ans un incontournable de la scène nocturne montréalaise et un acteur central du divertissement culturel. Né de l’ingéniosité collective, inspiré par ses usagers et guidé par des principes d’égalité, de tolérance et de non-violence, le Café Campus exploite quatre bars sur trois étages, offrant une boîte de nuit et une riche programmation de spectacles 364 jours par an. [1]
9. Sources
- [1] https://www.cafecampus.com
- [2] Le Café Campus a 40 ans, La Presse, Sylvie St-Jacques, 2 février 2007
- [3] Bar ouvert pour le 40e, La Presse, Philippe Renaud, 18 janvier 2007
- [4] Le Café Campus est contraint de déménager, La Presse, Jules Béliveau, 21 janvier 1992
- [5] Le Café Campus a 20 ans, La Presse, Denis Lavoie, 26 septembre 1987
- [6] Le Café Campus refait surface, La Presse, 22 juin 1993
- [7] Réouverture du Café Campus, Le Devoir, 25 juin 1993











































































































































































































































































































































































































