Café de l’Est (Montréal)
Cabaret majeur du quartier francophone, le Café de l’Est (1941–1980) fut l’une des plus grandes et populaires boîtes de nuit montréalaises. Situé au 4558 rue Notre-Dame Est, il présente alors les plus grandes vedettes francophones, marquant près de quatre décennies de vie nocturne.
1. Présentation
Le Café de l’Est ouvre en 1941 au 4558 rue Notre-Dame Est. À cette époque, la majorité des cabarets montréalais sont situés dans l’ouest de la ville. L’établissement devient rapidement l’un des rares grands cabarets du côté francophone, et un lieu incontournable de la vie nocturne montréalaise.
Avec une capacité estimée entre 500 et 600 personnes, le Café de l’Est offre des spectacles de haut niveau : chanson, comédie, orchestres, spectacles variés, puis plus tard concours amateurs et soirées disco.
2. Période d’activité
Le Café de l’Est opère de 1941 à 1980, au cœur de l’âge d’or montréalais du cabaret.
À partir de 1980, le lieu devient le Xanadu Disco Club (1980–1988), suivi de différentes enseignes. L’édifice est finalement détruit dans un incendie en 1998.
3. Artistes & vedettes
Selon l’impresario madame Daniel (Agence Grimaldi-Daniel), toutes les vedettes de l’époque y seraient montées sur scène : Olivier Guimond (la plus grande attirance !), César et les Romains, Les Beatlettes, Michèle Richard — considérée l’une des plus professionnelles.
Le Café accueille aussi Charles Trenet, Les Compagnons de la Chanson, à une époque où la chanson française n’est qu’à ses débuts dans la cité encore largement anglophone.
Au début de sa carrière, Ginette Reno y participe aux concours « Les Découvertes de Jean Simon », qu’elle remporte.
4. Direction & personnages marquants
Le populaire gérant Paul Letang — actif 38 ans dans les clubs montréalais — compte parmi les figures majeures du Café de l’Est. Il passe par presque tous les grands cabarets : Restor, Café Parisien, Queen’s, St-Régis, Blue Bird, Montparnasse, Hollywood…
Il est assisté par Hector Pellerin ; une équipe réputée pour son hospitalité.
Plus tard, l’impresario Dominique Mandanice rachète le café, y lançant, entre autres, de futurs grands noms : César et les Romains, Les Gendarmes, Les Baronets, Michèle Richard.
5. Faits marquants & anecdotes
• Le Café de l'Est est considéré comme l’antichambre du cabaret francophone à Montréal avant l’ouverture du Faisan Doré (1948). • En 1949, des voleurs s’emparent du coffre-fort contenant 10 000 $ et ligotent le gardien. • L’orchestre d’Eddie Sanders assure longtemps l’ambiance dansante. • L’établissement comprend au début des années 1970 trois salles (Intro, Lounge & salle principale). • Le concours Donnez-moi ma chance de Pierre Stéphanne devient un véritable phénomène et attire de grandes foules. • En 1973, Jean Nichol est violemment agressé à la sortie du cabaret.
L’atmosphère évolue avec la mode disco dans les années 1970, amenant une transformation du lieu.
6. Déclin, transformations & disparition
L’Expo 67, l’arrivée de la télévision, la montée du disco et les changements sociaux entraînent le déclin des cabarets montréalais. Le Café de l'Est devient Xanadu Disco Club en 1980.
Dans les années 1990, le bâtiment devient notamment La Panthère de Nuit et L’Énergie, des bars associés aux Rockers/Hells Angels.
L’édifice est ravagé par les flammes en 1998 — il n’en reste aujourd’hui aucune trace. Selon l’historien Philippe Laframboise : « Le Québec n’a pas l’âme conservatrice ».
Sources
- Le Petit Journal, 28 déc. 1941
- Télé-Radiomonde, 26 oct. 1980
- The Gazette, 29 janv. 1949
- La Presse, 12 déc. 1998
- Les nuits de la main, Bourassa & Larrue, 1993
- La Presse, 19 jan. 1980
- Le Petit Journal, 22 août 1948
- Montréal-Matin, 24 mai 1949
- La Patrie, 10 janv. 1949
- Montréal-Matin, 19 déc. 1950
- Montréal-Matin, 5 déc. 1949
- La Presse, 13 déc. 1984
- Le Petit Journal, 3 janv. 1954
- Le Devoir, 20 mai 1955
- Télé-Radiomonde, 17 juin 1967
- Le Droit, 5 mars 1966
- Photo-Journal, 28 janv. 1973
- La Presse, 17 avril 1969
- La Presse, 15 sept. 1972
- Télé-Radiomonde, 23 janv. 1971
- Télé-Radiomonde, 2 janv. 1971
- La Presse, 10 fév. 1972
- Télé-Radiomonde, 16 juin 1973
- Le Devoir, 19 mars 1997
- Encyclopédie canadienne — Ginette Reno








