Les Foufounes Électriques
Club-salle de concert emblématique du Quartier latin (Montréal), au 87–97, rue Sainte‑Catherine Est, fondé en 1983 sur les cendres du Zoobar (1982–1983) et des Clochards Célestes (1980–1982). Épicentre des scènes punk, gothique, métal et alternative; laboratoire d’arts visuels (peinture en direct). [5], [7], [8]
1. Présentation
Surnommées « les Foufs », les Foufounes Électriques sont considérées comme le temple de l’underground montréalais : un lieu mythique de concerts et de happenings artistiques où se croisent punks, gothiques, métalleux, indies et curieux. Comparées au CBGB new‑yorkais, elles ont vu défiler des artistes internationaux (Nirvana, Green Day, QOTSA) et des pionniers locaux (GrimSkunk, Groovy Aardvark, BARF, Overbass, etc.). [7], [10], [14]
2. Préhistoire : Clochards Célestes (1980–1982)
Ouvert en 1980 dans l’ancien Café Pal (ex‑Café Vic de l’ère Vic Cotroni), le cabaret Clochards Célestes (fondateur : Michel Perreault) se veut un rendez‑vous culturel pour « la faune » du quartier : punks, straights, travestis. Bières à 1 $, concerts sans prix d’entrée, format cabaret souple (théâtre, musique, expos, modes). Capacité : 211 assis (règlementaire). Le nom vient de Kerouac. [1], [3]
Perreault et son équipe (organisateurs des fêtes de la Saint‑Jean au centre‑ville) remettent en état un immeuble laissé à l’abandon (9 600 pi²) : « pigeons morts », grand ménage à partir de mi‑septembre 1980, premières bières le 26 décembre 1980. L’idée : ouvrir 7 jours/7, de 14 h à la fermeture, et « qu’il se passe toujours quelque chose ». [3]
3. Intermède : Zoobar (1982–1983)
En mars 1982, la Grande Passe (rue Ontario) s’unit aux Clochards Célestes pour créer le Zoobar. Ouverture inaugurée par la G.U.M. (Grande Urchestre de Montréal). Ambition : concerts, expos, vernissages, happenings — un complexe salle‑café‑galerie‑terrasse qui, l’été, peut accueillir jusqu’à ~1 400 personnes. [4], [6]
Le Zoobar fait faillite; en mai 1983, Normand Boileau, François Gourd et Bernard Paquet louent le local et jettent les bases des Foufounes Électriques. [5]
4. Naissance des Foufounes (1983–)
Le nom « Foufounes Électriques » (les « fesses » électriques) apparaît en 1983, d’après une pratique performative des fondateurs (exposer des fesses peintes et imprimées sur des écrans TV). Le bar s’implante en plein Red Light, près de l’UQAM et de l’ancien square Berri, et devient un monde en soi : espaces multiples, terrasses, puis quatre étages (sous‑sol, RDC, 1er, 2e + mezzanine/bureaux), deux scènes et quatre bars. [8], [9]
En 1995, pression réglementaire et dettes : perte du permis d’alcool (78 constats, du tapage aux armes à feu), faillite et fermeture 4 mois (14 févr. → 15 juin). Mobilisation de la clientèle et d’artistes; un investisseur permet la réouverture. [16], [17]
Figure centrale : Michel Larouche, dit « le Gros Michel » (portier, responsable de bar, garde du corps pour des tournées ; aussi lié à la L.A.M. et au R.A.M.). Décédé le 21 août 1991 (arrêt cardiaque) — sa mémoire reste associée à l’ADN des Foufs. [18], [19], [20]
5. Programmation & rôle
Les Foufs propulsent des artistes locaux (Vilain Pingouin, Tragically Hip, Cowboy Junkies, Jean Leloup) et présentent tôt des groupes internationaux (Nirvana, Hole, Smashing Pumpkins). Culture de peinture en direct, soirées DJ, cartes blanches, et collaborations (p. ex. promoteurs Sylvain Houde, Dan Webster) contribuent à leur statut d’institution nationale. [9], [10], [15]
6. Caractéristiques & accès
Aujourd’hui : grande salle ~615 debout + Cabaret ~250; quatre étages, deux scènes, quatre bars, restaurant affilié; murs graffiti et mezzanine. Accès : métro Saint‑Laurent / Place‑des‑Arts. [2], [8]
7. Chronologie rapide
- Déc. 1980 — Ouverture Clochards Célestes (Michel Perreault) ; 211 assis, bières à 1 $ [1], [3]
- Mars 1982 — La Grande Passe + Clochards = Zoobar ; inauguration par la G.U.M. [4], [6]
- Mai 1983 — Faillite du Zoobar ; Boileau/Gourd/Paquet louent ; naissance des Foufounes Électriques [5]
- 1991 — Décès de Michel Larouche (« Gros Michel ») [18], [19]
- 14 févr.–15 juin 1995 — Fermeture 4 mois (permis d’alcool, dettes, constats) [16], [17]
- 2008 — Capacité maximale du complexe (été) annoncée jusqu’à ~1 400 [8]
8. 1899 : les débuts du coin de rue
À l’angle Sainte‑Catherine / De Bullion (ex‑rue Cadieux), se succèdent : L’Eldorado Café‑Concert (1899–1901), Théâtre de l’Opéra Comique (1901) et Théâtre des Nouveautés (1902–1916). Le théâtre est détruit par un incendie en 1920. La rue Cadieux (puis De Bullion, renommée en 1927 après l’affaire Sex de Mae West) concentrait alors de nombreux bordels (au moins 26 au sud de Sainte‑Catherine). [21], [22]
9. Notes & sources
- Denis Lavoie, « Les Clochards Célestes passent au spectacle », La Presse, 14 mars 1981.
- Venue infos / billetterie : ~615 (salle principale) / ~250 (Cabaret).
- Paul Roy, « Les Clochards Célestes : pour redorer le blason de la Main », La Presse, 12 janv. 1981.
- Denis Lavoie, « Une nouvelle boîte à Montréal », La Presse, 6 mars 1982.
- Richard Labbé, « Les Foufs, la place des autres, ont 15 ans », Le Devoir, 16 mai 1998.
- La Presse, 6 mars 1982 (Zoobar / G.U.M.).
- Wikipedia : Foufounes Électriques (contexte général).
- The Main, « The Bizarre History of Foufounes Électriques : Paint Parties, Pies and Punk Rock ».
- Marianne Palardy, 2008 — Les Foufounes Électriques : de l'underground à l'overground (mémoire), p. 15.
- Ian Gittins, « Can M for Montreal predict pop's future? », The Guardian, 2008.
- Propriété immeuble : Habib Amiri (Amiri Habibollah).
- Quartier des spectacles : fiche Foufounes Électriques.
- Radio‑Canada : « Une soirée aux Foufounes Électriques ».
- Le Devoir, 17 févr. 1995 : « Les Foufs en faillite ».
- Le Devoir, 2 juin 1995 : « Tour du proprio aux Foufs ».
- Jocelyne Lepage, « Les Foufounes Électriques 7 ans plus tard », La Presse, 5 mai 1990.
- La Presse, 24 août 1991 : « Adieu, Gros Michel ».
- Coolopolis, 21 sept. 2012 : « Legendary bouncer Gros Michel: How he died ».
- Le Franc‑Parleur, 30 juil. 1936 (Red Light et toponymie).
- Le Devoir, 19 juin 2014 : Caroline Montpetit, « Petite histoire des maisons de passe ».




































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































