Théâtre Rialto (Montréal)
Salle patrimoniale située au 5723, avenue du Parc (Mile End, Plateau-Mont-Royal), inaugurée le 27 décembre 1924. Ancien cinéma devenu espace pluridisciplinaire, le Rialto conserve un décor néo-baroque exceptionnel et une façade Beaux-Arts inspirée de l’Opéra de Paris. [1], [2]
1. Présentation
Situé au cœur du Mile End, le Théâtre Rialto est l’un des plus beaux témoins des « palaces de quartier » du début du XXe siècle à Montréal. Conçu pour United Amusement, il s’inscrit dans une lignée de salles emblématiques (Strand, Regent, Papineau, Belmont, Plaza, Corona, Mont-Royal) et a progressivement évolué d’un cinéma à une salle événementielle et de spectacles polyvalente. [1], [2]
2. Architecture & décor
De style Beaux-Arts (façade à colonnes, silhouette monumentale inspirée de l’Opéra de Paris), le Rialto abrite un intérieur néo-baroque signé Emmanuel Briffa : peintures, moulures et reliefs en plâtre, verrières et vitraux préservés en grande partie. La structure en béton armé, due à Forgues & Guay, a permis une salle ample et modulable. [1]
3. Histoire & évolutions
Ouvert le 27 décembre 1924 (plans Raoul Gariépy), le Rialto demeure un cinéma prisé jusqu’aux années 1960–1970, où il passe par une phase de cinéma grec populaire, s’inscrivant dans le patrimoine de la communauté hellène de Montréal. Dans les années 1980, des projets de conversion (centre commercial) soulèvent une mobilisation patrimoniale ; les classements municipaux, provinciaux puis fédéraux (1988, 1990, 1993) assurent la protection du lieu. [12], [13], [14]
4. Incidents & faits divers (1927–1963)
- 1927 — Hold-up : un bandit armé dérobe 469 $ dans la voûte ; le gérant B. M. Garfield évite d’alarmer 1 500 spectateurs pour prévenir la panique. [4]
- 1928 — Second vol à main armée (45 $) ; Garfield se retrouve nez à nez avec trois malfaiteurs masqués. [5], [6]
- 1932 — Agression et vol de Emma Garfield (ligotée/bâillonnée) à son domicile en face du théâtre. [7]
- 1940 — William Wright devient gérant (United Amusement) ; spectacles jeunesse du samedi, « vendredis de reprises ». [8]
- 1945 — Décès de B. M. Garfield (ex-gérant du Gayety/System/Rialto). [9], [10]
- 1963 — Cambriolage du coffre-fort : butin de 3 400 $. [11]
5. Cinéma de répertoire & concerts (1988–1993)
En 1988, le trio Don Lobel, Thomas Fisher, Chandra Prakash relance le Rialto (loué à Elias Kalogeras) : nettoyage massif, reprise en répertoire (admission 3,50 $), et diversification (théâtre, danse, concerts). La crise du début des années 1990 menace l’activité ; une OSBL (Société d’Héritage Rialto) est créée en 1993 pour soutenir la salle. [12], [15]–[20], [31]–[36]
6. Concerts notables (1989–1991)
- Nick Cave (févr. 1989) — show déplacé des Foufs au Rialto ; ~1 000 personnes. [21], [22]
- Bad Brains (9 août 1989) — performance incendiaire, foule en transe. [23]
- The Cramps (1990) — sueur & rockabilly mutant, Lux Interior en apesanteur. [24]
- Public Enemy (1990) — soirée tardive, pit énergique, premières parties locales/MCJ & Cool G/MRF. [25]
- Jane’s Addiction (1990) — ferveur quasi religieuse, « grand événement ». [26]
- The Pixies (28 nov. 1990) — ~1 300 fans, succès total. [27]
- Fugazi (1991) — politique « 5 $ max », fort impact. [28]
- The Ramones (1991) — salle comble, Asexuals en ouverture. [29], [30]
7. Saga patrimoniale & réouvertures (1999–2002)
À la fin des années 1990, un projet de transformation en discothèque suscite une forte mobilisation citoyenne (pétitions, refus de permis d’alcool). Après rebondissements, la salle rouvre en 2002 comme concert/cinéma (Festival Montréal Pop : The Dears, Stars, etc.). [38]–[41], [37], [40]
Propriété Elias Kalogeras (1982–2007+) : investissement personnel important, tensions avec la Ville et contraintes liées au statut patrimonial. [42]
8. Renaissance & gestion actuelle (2010–)
En 2010, Ezio Carosielli et Luisa Sassano acquièrent le Rialto pour en restaurer la splendeur et en faire un centre ouvert et inclusif pour les arts (spectacles, concerts, événements privés, tournages, visites guidées). Dialogue continu avec l’ancien propriétaire pour documenter l’histoire du lieu. [14], [43]
9. Notes & sources
- Rialto ouverture, La Patrie, 27 déc. 1924 ; Lieux patrimoniaux du Canada/Parcs Canada.
- Lieux patrimoniaux du Canada — Lieu historique national du Canada du Théâtre-Rialto ; Ville de Montréal (Mémoires des Montréalais).
- « Gérant de théâtre attaqué et volé », Le Devoir, 25 janv. 1927.
- « Un hold-up au théâtre Rialto », La Patrie, 9 janv. 1928.
- « Daylight hold-up of Rialto theatre… », The Montreal Star, 9 janv. 1928.
- « Une femme ligotée et bâillonnée… », La Patrie, 12 oct. 1932.
- « Le nouveau gérant du cinéma Rialto… », La Presse, 7 déc. 1940.
- « B. M. Garfield dies », The Gazette, 17 avr. 1945.
- « L’ancien gérant de théâtre Garfield décédé », La Patrie, 17 avr. 1945.
- « Busy weekend for police », The Montreal Star, 18 fév. 1963.
- Le Devoir, Robert Lévesque, 26 sept. 1988 (cinéma grec / patrimoine).
- The Gazette, Ingrid Peritz, 18 déc. 1987 (préservation 63 ans).
- Site officiel du Rialto, section « À propos » ; classements (1988/1990/1993).
- The Gazette, 30 sept. 1988 (réouverture répertoire, tarification).
- The Gazette, 5 nov. 1993.
- Le Devoir, 30 janv. 1993.
- The Gazette, 14 avr. 1989.
- The Gazette, 30 sept. 1988.
- The Gazette, 31 août 1988.
- The Gazette, 26 janv. 1989 (déplacement Nick Cave).
- The Gazette, Mark Lepage, 14 fév. 1989 (compte rendu Nick Cave).
- The Gazette, 10 août 1989 (Bad Brains).
- The Gazette, 5 mai 1990 (The Cramps).
- The Gazette, 23 sept. 1990 (Public Enemy).
- The Gazette, 25 nov. 1990 (Jane’s Addiction).
- La Presse, Alain Brunet, 30 nov. 1990 (Pixies).
- The Gazette, 1 août 1991 (Fugazi).
- La Presse, 22 avr. 1984.
- The Gazette, Brendan Kelly, 14 août 1991 (Ramones).
- The Gazette, John Griffin, 29 janv. 1993 (fermeture prévue).
- Le Devoir, 17 fév. 1995.
- Le Devoir, 2 juin 1995.
- The Gazette, Alan Hustak, 28 oct. 2007.
- Le Devoir, 6 oct. 1993.
- La Presse, Martin Pelchat, 23 mai 1997.
- The Gazette, Susan Bronson, 26 mai 2001.
- The Gazette, Uyen Vu, 12 avr. 1999 (pétition).
- The Gazette, Linda Gyulai, 18 déc. 1999 (toit & travaux).
- The Gazette, Harvey Shepherd, 2 oct. 2002 (permis SAQ).
- La Presse, Philippe Renaud, 26 sept. 2002 (réouverture Pop Montréal).
- The Gazette, Renée Bruemmer, 16 déc. 2007 (vente souhaitée).
- The Gazette, Marianne Ackerman, 20 oct. 2012 (résurrection, Carosielli).
- The Gazette, Catherine Solyom, 14 août 2001 (mobilisation quartier).

























































