Auditorium Le Plateau (Montréal)
Salle patrimoniale majeure du Parc La Fontaine, l’Auditorium Le Plateau constitue l’un des piliers fondateurs de la vie symphonique montréalaise. Il est particulièrement connu pour avoir accueilli les tout premiers concerts de l’Orchestre symphonique de Montréal et pour avoir vu défiler certaines des plus grandes figures musicales du XXe siècle.
1. Contexte et construction
L’Auditorium Le Plateau est érigé au début des années 1930 comme amphithéâtre de l’école primaire supérieure du Plateau, située à proximité immédiate du Parc La Fontaine. Conçu par la Commission des écoles catholiques de Montréal, il répond autant à un besoin pédagogique qu’à une vocation culturelle, dans un contexte où Montréal manque cruellement de grandes salles adaptées à la musique symphonique.
Rapidement, la qualité acoustique et la configuration de la salle lui valent une reconnaissance dépassant le cadre scolaire. On affirme alors qu’il s’agit de la seule salle de Montréal se prêtant réellement, à cette époque, à la présentation de concerts symphoniques d’envergure.
2. Le rôle fondateur dans l’histoire de l’OSM
L’Auditorium Le Plateau occupe une place cardinale dans l’histoire de l’Orchestre symphonique de Montréal. C’est en effet dans ce lieu que l’OSM donne son tout premier concert public en janvier 1935. À cette époque, l’orchestre est encore connu sous l’appellation de Concerts symphoniques de Montréal.
Une anecdote demeurée célèbre rapporte qu’un jeune élève de l’établissement, nommé Jean Drapeau — futur maire de Montréal et futur fervent défenseur de la culture — agissait comme placier lors de cette soirée inaugurale.
3. L’ère Wilfrid Pelletier
Nommé directeur artistique en 1935, Wilfrid Pelletier structure et professionnalise l’orchestre, contribuant à imposer la salle du Plateau comme un centre majeur de la vie musicale montréalaise. L’OSM — qui adoptera ce vocable officiel en 1954 — y donnera ses concerts réguliers jusqu’à la fin de la saison 1962-1963.
Cette période marque l’âge d’or symphonique de l’auditorium, alors véritable épicentre de la musique classique à Montréal.
4. Les grandes figures internationales
L’amphithéâtre du Plateau reçoit au fil des décennies quelques-uns des plus grands artistes de la musique classique mondiale, parmi lesquels :
- VLADIMIR HOROWITZ
- WALTER GIESEKING
- SOLOMON
- MSTISLAV ROSTROPOVITCH
- KIRSTEN FLAGSTAD
- MARIAN ANDERSON
- RAOUL JOBIN
- ERNA SACK (12 récitals en une seule saison)
- WILHELM KEMPFF (intégrale des sonates de Beethoven en 1961)
Un moment marquant demeure le récital conjoint d’IGOR STRAVINSKY et du violoniste Samuel Dushkin en 1937, événement majeur témoignant de l’ouverture du Plateau aux courants modernes de la musique savante et à la musique contemporaine internationale.
4.2 Jazz moderne et musique savante québécoise
L’Auditorium Le Plateau fut également un haut lieu de rencontre entre la modernité du jazz et la tradition concertante internationale, accueillant des figures majeures tant sur le plan nord-américain que québécois.
- THELONIOUS MONK — Pianiste et compositeur central du bebop, dont le passage au Plateau contribue à inscrire la salle dans le réseau des grandes scènes nord-américaines de jazz moderne, à une époque où Montréal devient une plaque tournante essentielle du genre.
- HERBIE HANCOCK — Figure majeure du jazz contemporain et de ses mutations (hard bop, jazz-fusion et explorations électriques), présenté dans un contexte marquant l’ouverture du Plateau aux nouvelles esthétiques afro-américaines post-1960.
- ANDRÉ MATHIEU — Compositeur et pianiste québécois prodige, surnommé le « Mozart canadien », dont la présence au Plateau renforce le rôle de la salle comme vitrine de la musique savante nationale et de la virtuosité locale.
4.1 Incursions majeures du rock international
Outre la musique classique, l’Auditorium Le Plateau a également accueilli des figures centrales du rock international, marquant l’histoire alternative et contre-culturelle de la salle.
- IGGY POP — Figure mythique du proto-punk et du rock abrasif, dont le passage contribue à asseoir la réputation du Plateau comme espace de diffusion ouvert aux courants radicaux et transgressifs des années 1970. Avec THE RAMONES en première partie (1979).
- TOM WAITS — Auteur-compositeur interprète américain, connu pour sa voix rocailleuse et son univers poétique noir, présenté dans un contexte plus intimiste rappelant la vocation transitionnelle de la salle entre performance musicale et théâtre sonore.
4. Les grandes figures internationales
L’amphithéâtre du Plateau reçoit au fil des décennies quelques-uns des plus grands artistes de la musique classique mondiale, parmi lesquels :
- VLADIMIR HOROWITZ
- WALTER GIESEKING
- SOLOMON
- MSTISLAV ROSTROPOVITCH
- KIRSTEN FLAGSTAD
- MARIAN ANDERSON
- RAOUL JOBIN
- ERNA SACK (12 récitals en une seule saison)
- WILHELM KEMPFF (intégrale des sonates de Beethoven en 1961)
Un moment marquant demeure le récital conjoint d’Igor Stravinsky et du violoniste Samuel Dushkin en 1937, événement majeur témoignant de l’ouverture du Plateau aux courants modernes de la musique savante.
5. Mutation vers les variétés et musiques populaires
Après le départ de l’OSM en 1963, la salle amorce une nouvelle vie culturelle. Elle accueille désormais des spectacles de variétés, des concerts de musique populaire ainsi que des événements à caractère folklorique.
Cette transition témoigne de la capacité du lieu à s’adapter aux transformations des goûts du public tout en conservant une vocation artistique centrale.
6. THE RAMONES et Lucien Francoeur (1980)
Parmi les concerts marquants présentés à l’Auditorium Le Plateau figure également le passage légendaire de THE RAMONES, pionniers du punk rock new-yorkais, dans le cadre d’un spectacle resté célèbre pour la présence de LUCIEN FRANCOEUR en première partie.
Cette soirée témoigne de la vocation plurielle de la salle, capable de passer de la grande musique symphonique aux manifestations les plus radicales de la culture musicale contemporaine. La juxtaposition du punk américain et de la poésie rock incarnée par Francoeur illustre parfaitement l’évolution du Plateau comme espace d’avant-garde et de croisements stylistiques.
6. Le spectacle Relève Québec du 2 novembre 1974
Le 2 novembre 1974, Relève Québec y organise un grand spectacle collectif réunissant une impressionnante brochette d’artistes québécois de la scène émergente et alternative.
- PLUME LATRAVERSE et CASSONADE
- BEAU DOMMAGE
- LES MIMES ÉLECTRIQUES
- NÉBU
- UNGAVA
- REYNALD BOUCHARD
- PIERRE LENOIR
- GILLES GARANT
- LE KOMODO À CORDES de Michel Madore
- LE CAPITAINE NÔ
- LES BÉBITTES À ROCHE
- CONTRACTION
La prestation de BEAU DOMMAGE y fut particulièrement remarquée. Le journaliste du journal Le Devoir écrit alors :
« Beau Dommage pourrait être la révélation de l’année au Québec. »
7. Importance patrimoniale et mémoire collective
L’Auditorium Le Plateau demeure l’un des lieux les plus symboliques de l’histoire culturelle montréalaise. Il incarne à la fois le berceau de l’OSM et un témoin privilégié de l’évolution des pratiques musicales, de la musique savante européenne à la création québécoise contemporaine.
Par sa longévité et la richesse de sa programmation, il occupe une place de choix dans le patrimoine immatériel de Montréal, au même titre que d’autres grandes salles historiques de la métropole.
Sources
- Robert Thérien, Beau Dommage, Tellement on s’aimait, p.55-56.
- Montréal Concert Poster Archive (MCPA) — archives d’affiches et de programmes de l’Auditorium Le Plateau, incluant le concert de THE RAMONES avec LUCIEN FRANCOEUR en première partie (documentation visuelle et métadonnées associées).
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) — fonds iconographiques et coupures de presse relatives aux concerts punk, rock, jazz et musique contemporaine présentés à l’Auditorium Le Plateau (années 1930–1970), incluant : IGOR STRAVINSKY (1937), THELONIOUS MONK, HERBIE HANCOCK, ANDRÉ MATHIEU, IGGY POP et TOM WAITS.
- Presse montréalaise (Le Devoir, La Presse, Montréal-Matin) — comptes rendus et annonces de concerts internationaux au Plateau, incluant les tournées nord-américaines de THE RAMONES.
Sources
- Robert Thérien, Beau Dommage, Tellement on s’aimait, p.55-56.


































