Bal Tabarin
Lounge du centre-ville de Montréal (1948-1959), situé au sous-sol de l’Hôtel Montrealer, face à la gare Windsor. Chic, intime et très moderne, il fut un haut lieu des nuits montréalaises, accueillant artistes, sportifs et personnalités.
1. Présentation
Le Bal Tabarin était un lounge chic situé au 1053, rue Windsor, dans le sous-sol de l’Hôtel Montrealer, face à la gare Windsor et voisin immédiat de l’Alberta Lounge, où Oscar Peterson jouait régulièrement au piano entre 1947 et 1949.
2. Histoire & propriétaires
Le Bal Tabarin a ouvert le 27 avril 1948 sous la gérance de Gérald Gauthier. Ses propriétaires étaient Angelo Lanza (associé à Nicola Di Lorio), Albert Di Lorio, Joseph Raso et Johnny Weber. [1], [3]
En 1949, le nouveau gérant était Tony Pilotte, ancienne étoile de hockey, apprécié pour sa connaissance du public et son soutien aux jeunes talents. [4], [5], [6]
À partir de 1950, l’endroit est dirigé par Roger Mollet, figure connue du monde de la lutte. Il y attire artistes, sportifs et personnalités ; sa femme, la chanteuse Michèle Sandry, y performe régulièrement. [7], [8]
Une nouvelle administration prend le relais le 27 octobre 1953 : Jacques Lorain devient hôte, présentant notamment Denise Filiatrault (sa femme), Dominique Michel, Denis Drouin et Pierre Chouinard. [19], [20]
En 1954, l’hôte devient Don D’Amico, qui anime le lieu avec soirées multiples, ballons, serpentins et concours amateurs. [13]
3. Décor & aménagement
Lors de son ouverture, le Bal Tabarin était considéré comme l’un des lounges les plus modernes de Montréal. Le lieu se voulait intime, chic et reposant :
- plafond bas bleu, plafonniers rouge cerise ;
- murs capitonnés couleur coquille d’œuf ;
- tapis rouge à motifs verts et crème ;
- tables espacées, fauteuils confortables ;
- cocktail-bar en verre ondulé gainé de chrome ;
- nouveau bar à champagne (première montréalaise) ;
- portique et descente en acajou.
À son ouverture, on y présente notamment Oscar Peterson et Virginia Fair. [1]
4. Programmation & artistes
Le lieu accueille une variété d’artistes, chanteurs, danseurs et orchestres. Mollet y programme régulièrement sa femme, la chanteuse Michèle Sandry.
La vedette française Charles Trenet s’y produit du 6 au 8 juin 1950, connaissant un grand triomphe avant son départ pour l’Europe. [10], [11]
5. Faits divers
En juillet 1950, Roger Mollet assomme l’accordéoniste Michel Sauro après un litige contractuel. [12]
En 1959, Joseph Raso, copropriétaire, est recherché comme présumé meurtrier après la mort du serveur Norman Primrose lors d’une fusillade survenue au Bal Tabarin. [14], [15]
6. Fermeture & disparition
En septembre 1959, le Bal Tabarin et plusieurs établissements voisins se voient retirer leur permis lors d’une vaste opération policière visant la criminalité et les fusillades. [16]
Deux mois plus tard, un projet de réaménagement mène à la disparition du secteur : les immeubles sont rasés et le quadrilatère converti en terrain de stationnement. [17], [18]
7. Chronologie rapide
- 27 avril 1948 — Ouverture du Bal Tabarin
- 1949 — Gérant : Tony Pilotte
- 1950 — Gérant : Roger Mollet ; passage de Charles Trenet (6–8 juin)
- 27 oct. 1953 — Nouvelle administration : Jacques Lorain
- 1954 — Hôte : Don D’Amico
- 1959 — Permis retiré ; fermeture
8. Notes & sources
- Le Tabarin un de nos plus luxueux lounges, Le Canada, 27 avril 1948.
- Dans les coulisses, Le Canada, 20 avril 1948.
- Night club owner blamed in shooting, The Montreal Star, 25 mars 1960.
- Réouverture du Bar Tabarin, Montréal-Matin, 13 octobre 1949.
- Jimmy Moore fait fureur au Bal Tabarin, Montréal-Matin, 5 novembre 1949.
- Au Bal Tabarin, Montréal-Matin, 2 décembre 1949.
- Roger Mollet, votre nouvel hôte…, Montréal-Matin, 14 mars 1950.
- Michèle Sandry au Bal Tabarin, Montréal-Matin, 5 avril 1950.
- N’en parlez à personne, Photo-Journal, 13 avril 1963.
- Charles Trenet au Bal Tabarin, Montréal-Matin, 6 juin 1950.
- Charles Trenet acclamé, Montréal-Matin, 10 juin 1950.
- Coolopolis, Michel Sauro, 2021.
- La ronde des cabarets, La Patrie, 10 janvier 1954.
- Recherché…, La Presse, 30 juillet 1965.
- Formerly wanted…, The Gazette, 25 mars 1960.
- Clubs de nuit…, Le Devoir, 19 septembre 1959.
- Vite vite vite puis rien, La Presse, 13 avril 1960.
- Coolopolis, Osborne St., 2012.
- Ouverture Bal Tabarin, Le Petit Journal, 25 octobre 1953.
- Dominique Michel, Y a des moments si merveilleux, p. 64.

