Café Cléopâtre (Montréal)
Aussi appelé «Café Cleopatra» en anglais et souvent abrégé «Cléo», ce cabaret-club de danseuses nues est situé au cœur du centre-ville de Montréal, dans le Quartier des spectacles, sur une portion de la rue devenue légendaire sous le nom de «Red Light». [1]
1. Historique & contexte urbain
Le bâtiment du 1230 boulevard Saint-Laurent se situe à l’angle du quartier désormais désigné «Quartier des spectacles» mais historiquement connu comme le «Red Light District» de Montréal — un secteur animé par les cabarets, la prostitution, les clubs & spectacles exotiques du début du XXᵉ siècle jusqu’aux années 1960. [5] Avant de devenir le Café Cléopâtre, les locaux abritaient successivement plusieurs établissements de divertissement et clubs exotiques : le Club Alhambra, le Sailor’s Dining Room, le Café Parthénon, le Riviera Grill, le Café Canasta, etc. [1] En 1976, l’établissement adopte officiellement le nom de Café Cléopâtre. [1]
L’arrivée de l’ex-immigrant grec Johnny Zoumboulakis à Montréal en 1966, son embauche au club en 1976 et son achat de l’établissement en 1985 cristallisent l’identité actuelle du lieu. [2]
2. Politique interne, identité & clientèle
Le Café Cléopâtre se distingue par une politique d’embauche volontiers atypique : peu d’accent sur les «standards classiques de beauté», ouverture à des physiques divers, à des âges variés. « Le client qui se sent écouté et compris, c’est un client qui va revenir. », indique Johnny Zoumboulakis. [2] Le club attire une clientèle très variée : étudiants, ouvriers, artistes, touristes, représentants de la communauté LGBTQ+. [3]
Le lieu comporte plusieurs étages et fonctions différenciées : * 1er étage : bar-danseuses cisgenres (spectacle & interaction) * 2e étage : cabaret de drag queens, transspectacles, soirées fétichistes, karaoké nu, etc. [2]
3. Programmation, communauté & festival
Le Café Cléopâtre est présent dans la vie culturelle montréalaise : il accueille des événements liés à des festivals tels que Pop Montréal ou M pour Montréal. [1] Les spectacles peuvent être variés : humour, performance fétiche, spectacle burlesque, karaoké à poil, présence drag. [2] Le lieu joue un rôle important de refuge pour la communauté LGBTQ+, notamment à une époque où l’homosexualité était plus stigmatisée. Zoumboulakis rappelle qu’à une époque «une personne pouvait se faire sacrer une claque au visage en pleine rue, juste à cause de son orientation sexuelle». [2]
4. Urbanisme, menace & sauvegarde
En 2005, la Ville de Montréal lance le projet du Quartier des spectacles et, via la Société de développement Angus (SDA), entreprend d’acquérir les terrains situés au nord du Monument-National, entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Clark. [3] Le Café Cléopâtre est le seul commerce toujours en activité dans cette zone ciblée et devient objet de conflit : en 2009 s’ouvre une procédure d’expropriation, l’établissement se défend, argue de son rôle patrimonial, de sa localisation stratégique et de sa communauté. [3] En mars 2011, le comité exécutif de Montréal approuve le désistement de la Ville du processus d’expropriation, permettant au Café Cléopâtre de rester sur place et de voir son établissement contourné dans le projet d’aménagement. [3]
5. Héritage, signification & mémoire
Le Café Cléopâtre est aujourd’hui l’un des rares vestiges de la vie nocturne active de la «Main», symbole d’une culture populaire urbaine, LGBTQ+, immigrante, queer et nocturne. Il incarne une forme de résistance à l’éradication des usages marginaux du centre-ville. Selon l’analyse de la revue À bâbord !, c’est «la marge qui fait le centre». [3] Son maintien témoigne du droit d’une culture de divertissement à exister dans le centre urbain et rappelle que l’expérience urbaine ne se résume pas à la «vitrine» touristique.
6. Notes & sources
- Wikipédia, « Café Cléopâtre ». fr.wikipedia.org/wiki/Caf%C3%A9_Cl%C3%A9op%C3%A2tre. :contentReference[oaicite:5]{index=5}
- URBANIA, « Le Jules César du Café Cléopâtre », Benoît Lelièvre, 5 février 2024. urbania.ca/article/le-jules-cesar-du-cafe-cleopatre. :contentReference[oaicite:6]{index=6}
- À bâbord ! revue, « Café Cléopâtre, le droit au centre-ville », Pierre-Mathieu Le Bel, été 2011. ababord.org/Cafe-Cleopatre-le-droit-au-centre. :contentReference[oaicite:7]{index=7}
- SallesIndépendantes.com, « Café Cléopâtre ». sallesindependantes.com/salles/cafe-cleopatra/. :contentReference[oaicite:8]{index=8}













