Café Hi-Ho (Béret Bleu → Café Roméo)
Restaurant-cabaret établi au 173, rue Sainte-Catherine Est. Ouvert le 13 janvier 1950 par Irving Ellis — conseiller financier de Vic Cotroni — le Hi-Ho se transforme en Béret Bleu (1956), puis en Café Roméo (1959), avant de reprendre le nom Béret Bleu (1962).
1. Présentation & emplacement
Le Café Hi-Ho est situé au 173, rue Sainte-Catherine Est, à l’emplacement jadis connu sous le nom Café La Patrie. Dès l’entrée, on accède à une salle entièrement rénovée, pensée pour la restauration et le spectacle. [4]
2. Ouverture, positionnement & équipe
Ouvert le 13 janvier 1950 par Irving Ellis, le Hi-Ho est présenté comme « le plus chic et le plus moderne » des restaurants de la métropole : meilleurs chefs, steaks réputés, salle climatisée (unique dans l’Est), capacité d’environ 150 places. La direction ambitionne d’y présenter des vedettes de renom et les meilleurs musiciens en ville. [2], [4], [5]
La gérance est confiée à Frank D’Asti, financier montréalais et associé du clan Cotroni. [1], [6], [7]
3. Actionnariat, gestion & réseau
Le Béret Bleu (à partir du 6 mars 1956) compte comme actionnaires : Irving Ellis, Frank D’Asti, Roméo Bucci, Peter Adamo, Moe Yacknin et le millionnaire de la viande William O’Bront. [1], [3], [8], [9], [43]
En 1958, D’Asti et O’Bront cèdent leurs parts à Vincenzo (Jimmy) Soccio, proche des Cotroni et impliqué dans des activités criminelles (maisons de jeu, trafic d’héroïne avec Diadato Mastracchio). Soccio déclare avoir racheté les parts de Peter Adamo avec l’argent d’assurance après l’incendie de sa pizzeria Corso. [1], [8], [11], [12], [13]
Il se vante par ailleurs de n’avoir jamais payé de permis de cabaret ni de « protection », grâce à ses relations politiques (organisateur de l’Union nationale). [13], [14]
4. Renommages (Béret Bleu → Café Roméo → Béret Bleu)
Le 6 mars 1956, le Café Hi-Ho devient le Béret Bleu. [43]
En 1959, l’établissement prend le nom Café Roméo (Béret Bleu Inc.), du co-propriétaire et associé du clan Cotroni Roméo Bucci. La salle délaisse les « grands noms » après des essais infructueux et acquiert la réputation de « château-fort » de gangs de rue et d’éléments douteux ; l’organisation nocturne s’y professionnalise. [7], [15], [16], [17]
Portier notoire : Albert Marinello (meurtrier), dont le frère Bruno tua Eddie Sauvageau (1957), « roi de la Main » et créateur du racket de la « protection ». [18], [19]
Le 22 décembre 1959, Donald Thibault est abattu devant le Café Roméo — « pire année pour les meurtres » selon le capitaine Henri Francoeur. [20]
5. Conflits, moralité & explosions (1959–1971)
Janvier 1960 : 300 artistes et danseuses, via l’AGVA, s’opposent aux « protections »/chantage. Témoignages d’intimidations et voies de fait (Eddy Munn) au Café Roméo ; le maître d’hôtel Jean-Baptiste Beaudet sera acquitté. [21], [23]
1960 : incertitude sur l’heure de fermeture ; derrière une façade assoupie, la fête continue à l’étage. [24]
Août 1960 : accusations pour « spectacle immoral » ; le juge recommande de viser les propriétaires plutôt que les gérants. [25], [26]
27 novembre 1960 : explosion de dynamite qui endommage le deuxième étage ; soupçon de racket de « protection ». Réouverture dès le lendemain. [27], [28]
1962 : retour au nom Béret Bleu, avec numéros artistiques (dont Lana St-Cyr, drag de Raymond Dubé). [30], [31]
1967–1968 : rafles pour fraternisation et spectacles « topless » ; le Béret Bleu est dans les adresses visées, mais aurait évité l’excès de la « ficelle ». [32]–[38]
Septembre 1970 : vaste opération (48 établissements visités). [39]
Janvier 1971 : cadenas sur le Béret Bleu (et Chez Parée), fermeture 3 mois par ordonnance. [40]
30 juillet 1971 : amende record (57 750 $) pour 315 chefs ; 12 août 1971 : nouvelle descente. 11 septembre 1971 : fermeture définitive pour exploitation sans permis. [6], [1], [41]
6. CECO & suites judiciaires (1972–1974)
Décembre 1972 : arrestation de Frank D’Asti à New York (trafic d’héroïne), figure bien connue du Bureau de recherche sur le crime organisé. [1]
1973 : Jimmy Soccio témoigne devant la CECO ; interrogé sur contributions politiques (1957) et propriétaires de boîtes de nuit (noms cités : Vic Cotroni, Luigi Greco, Nicola Di Iorio, Angelo Lanzo). Vives remontrances de Cotroni ensuite. [12], [11]
1974 : Soccio (66 ans) est condamné à six mois de prison. [42]
7. Chronologie
- c.1906–1949 — Café La Patrie
- 1950–1956 — Café Hi-Ho
- 1956–1959 — Béret Bleu
- 1959–1961 — Café Roméo
- 1962–1971 — Béret Bleu
8. Notes & sources
- Soupçonné du trafic d’héroïne… (D’Asti arrêté), Le Devoir, J.-P. Charbonneau, 22 déc. 1972.
- Le nouveau restaurant Hi-Ho ouvre aujourd’hui, Montréal-Matin, 13 janv. 1950.
- Enquêtes sur des cadeaux à des fonctionnaires de la SAQ, La Presse, M. Auger, 19 déc. 1975.
- Hi-Ho tout le monde en parlera, Montréal-Matin, Don D’Amico, 5 déc. 1949.
- Excellent programme au Hi-Ho, Montréal-Matin, 13 fév. 1950.
- Le Béret Bleu condamné à une amende de 57 750 $, Le Devoir, 31 juill. 1971.
- Cotroni’s top men…, The Gazette, E. Collister, 28 nov. 1973.
- Charles Cliche et le crime organisé, La Presse, 21 mars 1973.
- Bank account covered bets…, The Gazette, P. Waters, 21 fév. 1973.
- Le Béret Bleu conteste la juridiction de la RAQ, Le Devoir, 19 août 1970.
- Vincenzo Soccio continue de décrire ses relations politiques, Le Devoir, 22 mars 1973.
- “OO cities wise guy wall Vincenzo Soccio”.
- Organisateur de l’UN je perdis mon permis, Le Devoir, 21 mars 1973.
- Vincente Soccio n’a jamais payé un cent…, La Voix de l’Est, 22 mars 1973.
- New cabaret is opening in town, The Gazette, 22 janv. 1959.
- Jac Duval en discute, Radiomonde & Télémonde, 18 avr. 1959.
- Une nuit de plaisir dans Ville-Marie, Le Petit Journal, P. Léger, 25 oct. 1959.
- Albert Marinello… bien connu de la pègre, La Presse, 22 juill. 1963.
- Histoires incroyables oubliées de Montréal, La Presse, N. Bérubé, 30 déc. 2017.
- Le 22e meurtre de l’année, Le Devoir, 29 déc. 1959.
- 300 artistes disent non à la pègre, Le Petit Journal, 31 janv. 1960.
- Le confrère Philippe Patry, Le monde ouvrier, mai 1960.
- Le maître d’hôtel du Café Roméo acquitté, Le Petit Journal, 13 mars 1960.
- Des cabarets ouverts après l’heure, Le Petit Journal, 31 juill. 1960.
- Danseuses accusées… spectacle immoral, La Presse, 9 août 1960.
- Pierre de Champlain, Le crime organisé à Montréal (1940-1980).
- Night club bombing…, The Gazette, 28 nov. 1960.
- Dynamitage d’un club de nuit, Le Soleil, 29 nov. 1960.
- Montreal by night, La Patrie, 13 sept. 1962.
- Cour supérieure, La Presse, 18 janv. 1962.
- L’oiseau de nuit, Le Petit Journal, 20 janv. 1952.
- Arrestations de danseuses et serveuses, La Presse, 27 oct. 1967.
- 14 danseuses surprises avec des clients, La Presse, 23 oct. 1967.
- Vivent les topless, Le Petit Journal, 11 fév. 1968.
- Les ballets africains… seins nus, Télé-Radiomonde, 17 fév. 1968.
- Troisième fois…, Montréal-Matin, 12 fév. 1968.
- Une femme témoin… prête-nom, Le Devoir, 21 mars 1973.
- La moralité fait la guerre aux bottomless, La Presse, F. Béliveau, 30 avr. 1968.
- Descente dans 48 cabarets, La Presse, 28 sept. 1970.
- Cabarets cadenassés pour 3 mois, La Presse, 5 janv. 1971.
- Injunction threat closes night club, Montreal Star, 9 sept. 1971.
- Soccio est condamné à 6 mois de prison, Le Devoir, J.-P. Charbonneau, 11 juin 1974.
- Ouverture officielle du Béret Bleu, Montréal-Matin, 6 mars 1956.




