Casino Royal (Montréal)
Le Casino Royal était une salle de spectacles située au 4645 boulevard Métropolitain Est, intégrée au prestigieux complexe du Motel Le Diplomate. Connue d’abord comme un cocktail-lounge chic, la salle devient, à partir de la fin des années 1960, l’un des hauts lieux de la variété internationale à Montréal.
1. Le Motel Le Diplomate : un complexe ultra-moderne
Le Motel Le Diplomate ouvre ses portes le 24 mars 1962 et est présenté à l’époque comme le motel le plus chic au Canada. Propriété de Bill Baktis, l’établissement se distingue par ses 170 chambres et suites toutes décorées différemment, sans répétition de style. [1], [2]
Imaginez : 170 unités super-luxueuses, chacune avec un décor unique, un garage souterrain donnant accès à chaque chambre sans sortir dehors, épais tapis mur à mur, deux grands lits doubles jumelés, télévision et radio gratuites, service téléphonique et surtout une climatisation d’air individuelle. [3]
À ces atouts s’ajoutent un restaurant ultra-chic servant une cuisine soignée ainsi qu’un cocktail-lounge luxueux, où un trio offre de la musique en continu. [3]
2. Naissance du Casino Royal
À partir de 1964, le cocktail-lounge du Diplomate prend officiellement le nom de Casino Royal. L’endroit, déjà réputé pour son ambiance feutrée et son confort moderne, amorce alors une montée en puissance comme véritable salle de spectacles. [4]
Les publicités de l’époque insistent sur le caractère intime et raffiné du lieu, en le présentant comme un cabaret idéal pour voir des artistes de renom dans un cadre confortable et soigné.
3. Éric Vilon et l’âge d’or
C’est à partir de 1968 que le Casino Royal connaît son véritable âge d’or, avec l’arrivée du gérant Éric Vilon. Né et élevé à Montréal, Vilon entre jeune dans le milieu du show-business en s’occupant d’abord de la carrière du chanteur Robert Demontigny, puis de celle de Claude Valade, qui deviendra sa conjointe. [5]
Grâce à son expérience et à ses réseaux, Vilon réussit à convaincre de grandes vedettes de venir se produire au Casino Royal, transformant la salle du Métropolitain en une destination de choix pour la variété nord-américaine, autant pour le public local que pour une clientèle de passage.
4. Programmation prestigieuse (1968–1971)
De 1968 à 1971, le Casino Royal présente une liste impressionnante d’artistes internationaux et locaux. Parmi les noms associés à cette période faste :
- BILL HALEY & THE COMETS
- THE PLATTERS
- STEVIE WONDER
- PAUL ANKA
- BOBBY RYDELL
- FRANKIE AVALON
- SAMMY DAVIS JR.
- THE RIGHTEOUS BROTHERS
- LES BARONETS
- LES JÉROLAS
- CLAUDE BLANCHARD
Cette programmation, qui marie vedettes américaines et artistes québécois populaires, consolide le statut du Casino Royal comme l’une des salles de spectacles les plus en vue de Montréal à la fin des années 1960.
5. Déclin et fin d’une époque
Après trois années de succès presque constants, Éric Vilon annonce dans La Presse, le 18 mars 1971, qu’il met fin à l’exploitation du Casino Royal. Il explique que, bien que son dernier spectacle se soit tenu à guichet fermé, il doit se consacrer pleinement à la carrière de Claude Valade ainsi qu’à la production de spectacles de plus grande envergure. [6]
Cette décision marque la fin d’une époque pour le Casino Royal. Sans la vision et le carnet d’adresses de Vilon, la salle ne retrouvera plus la même aura sur la scène du divertissement montréalais.
6. Chronologie
- 24 mars 1962 — Ouverture du Motel Le Diplomate, présenté comme le motel le plus chic du Canada. [1]
- 1962 — Mise en service du restaurant et du cocktail-lounge ultra-chic du Diplomate. [3]
- 1964 — Le cocktail-lounge adopte le nom de Casino Royal. [4]
- 1968 — Éric Vilon devient gérant du Casino Royal et amorce une programmation de grandes vedettes. [5]
- 1968–1971 — Période faste : le Casino Royal accueille Bill Haley & The Comets, The Platters, Stevie Wonder, Paul Anka, Bobby Rydell, Frankie Avalon, Sammy Davis Jr., The Righteous Brothers, les Baronets, les Jérolas, Claude Blanchard, etc.
- 18 mars 1971 — Vilon annonce qu’il cesse d’opérer le Casino Royal, malgré un dernier spectacle à guichet fermé. [6]
7. Notes & sources
- « Le Motel Diplomate est maintenant ouvert », Montréal-Matin, 24 mars 1962 : annonce officielle de l’ouverture du motel.
- « Vol de $1,500 à main armée », La Presse, 7 août 1962 : mention du propriétaire Bill Baktis dans un fait divers lié au Diplomate.
- « Le Diplomate, un motel très chic », La Patrie, 22 avril 1962 : description détaillée des installations, des innovations et des services offerts au Diplomate.
- « You’ll love the new intimate Royal Casino », The Gazette, 22 mai 1964 : annonce du repositionnement du cocktail-lounge du Diplomate sous le nom de Casino Royal.
- « Eric Vilon: show business behind the stage », The Gazette, 21 août 1971 : portrait d’Éric Vilon, rappelant ses débuts avec Robert Demontigny, puis Claude Valade, et son rôle au Casino Royal.
- La Presse, 18 mars 1971 : article dans lequel Éric Vilon annonce la fin de ses activités au Casino Royal, malgré un dernier spectacle à guichet fermé.
