Chez Bourgetel (Montréal)

1. Origines et Pierre Bourgetel

Pierre Bourgetel, ancien gérant du restaurant La Régence et figure populaire du milieu de la restauration montréalaise, fonde Chez Bourgetel au début des années 1960. D’abord reconnu comme maître d’hôtel parmi les plus appréciés de la ville, il appose son nom à ce bar-restaurant-terrasse qui devient rapidement l’un des plus fréquentés du secteur de la rue de la Montagne. ^{[1], [2], [3]}

Après avoir été l’un des maîtres d’hôtel les plus populaires de Montréal, Bourgetel donne son nom à l’établissement, qui profite de sa réputation pour attirer une clientèle fidèle. Lorsqu’il vend ses actions, il doit également céder l’usage de son nom, ce qui l’empêche d’exploiter celui-ci dans la région métropolitaine. Il se tourne alors vers la restauration industrielle, décrochant notamment le contrat de restauration du pénitencier Archambault. ^[4]

2. La Boîte d’en Haut (1962)

En 1961, Pierre Bourgetel vend son restaurant à Jacques Corbeil. Ce dernier développe l’offre de divertissement en ouvrant, au-dessus du restaurant, une salle de danse baptisée La Boîte d’en Haut. C’est la chanteuse Monique Gaube qui inaugure officiellement la salle le 20 février 1962. ^{[5], [6]}

3. La terrasse pionnière (1967)

En 1967, Chez Bourgetel ouvre une terrasse sur le trottoir, inspirée des cafés parisiens : selon la presse, il s’agit d’une première à Montréal. La terrasse connaît un succès immédiat auprès des Montréalais, attirés par cette nouvelle façon de profiter de l’été en ville. ^[7]

L’administration du maire Jean Drapeau ordonne rapidement la démolition de la terrasse, jugée non conforme aux règlements municipaux, mais un juge rejette finalement la cause. À la suite de cet épisode, les terrasses se multiplient à Montréal et ne cesseront plus d’être associées au paysage urbain estival. ^[7]

L’un des copropriétaires de l’époque, Guy Lefebvre, explique que le Service de santé refusait jusque-là les terrasses pour des raisons d’hygiène, tandis que les responsables de la circulation craignaient que ces installations ne provoquent des embouteillages. ^[8]

4. Whisky à Go Go et la nuit montréalaise

En 1968, Chez Bourgetel ouvre au sous-sol une discothèque baptisée Whisky à Go Go. Très rapidement, celle-ci devient l’une des discothèques les plus populaires de Montréal, renforçant le statut de Chez Bourgetel comme lieu important de la vie nocturne du centre-ville. ^[9]

5. Ventes, incendie et transformation

L’endroit est vendu en 1975. Parmi les nouveaux propriétaires figure Jack Prehogan, qui entreprend d’importants travaux de rénovation. Alors que ceux-ci sont presque achevés, un incendie ravage l’établissement le 19 août 1976. Le restaurant demeure fermé pendant plus d’un an. ^[10]

Chez Bourgetel rouvre en 1977 et ressemble à peu près à ce qu’il était auparavant. À une certaine époque, la salle à manger offrant une cuisine française était considérée comme l’une des meilleures de la ville. Toutefois, avec l’énorme popularité de son café-terrasse, la salle à manger passe peu à peu au second plan et est graduellement transformée en steak house. ^[10]

6. Fermeture et héritage du lieu

Le fondateur Pierre Bourgetel décède le 22 mai 1983. L’année suivante, en 1984, le restaurant Chez Bourgetel ferme définitivement ses portes. Une vente par huissier (bailiff sale) est annoncée en août 1984. ^{[11], [12]}

L’immeuble est ensuite occupé successivement par le Bar Beaujolais durant les années 1980, puis par le bar Wanda’s à partir de 2002, et enfin par le M Café, aujourd’hui fermé. L’adresse demeure ainsi liée, sur plusieurs décennies, à des établissements de restauration, de bars et de vie nocturne.

7. Chronologie

• 1961 — Fondation de Chez Bourgetel au 1458 rue de la Montagne.
• 20 février 1962 — Ouverture de La Boîte d’en Haut, inaugurée par Monique Gaube.
• 1967 — Mise en place de la terrasse sur le trottoir, considérée comme la première terrasse de ce type à Montréal.
• 1968 — Ouverture de la discothèque Whisky à Go Go au sous-sol.
• 19 août 1976 — Incendie majeur alors que les rénovations sont presque complétées.
• 1977 — Réouverture de Chez Bourgetel, avec une salle à manger de plus en plus orientée vers le steak house.
• 22 mai 1983 — Décès de Pierre Bourgetel.
• 1984 — Fermeture définitive de Chez Bourgetel et vente par huissier.