Chez Parée (Montréal)
Cabaret-spectacle et boîte de nuit du centre-ville de Montréal, fondé en 1950 au 1258, rue Stanley, devenu l’un des clubs emblématiques de la ville pour ses revues, ses spectacles de danse et sa musique live. Le site a auparavant abrité le Cabaret des Beaux-Arts, le Stanley Grill, le Lido et le Tic Toc. [19], [20], [6], [9]
1. Origines (1920–1950)
Le Stanley Grill (1254 Stanley, 3e étage) — cabaret réputé pour ouvrir une section du toit vers 5 h pour évacuer la fumée (créant de véritables « nuages en champignon ») — est détruit par un incendie le 25 mars 1934. Les dommages excèdent 140 000 $. Son président Harry Feldman (Stanley Grill Inc.), figure de la pègre juive montréalaise mais à la vie discrète, reconstruit immédiatement l’immeuble et relance le Stanley Grill (réouverture 30 novembre 1934). [2], [30], [31], [32], [33], [3]
Au rez-de-chaussée (1258 Stanley), naît alors le Lido (1934–1937), qui prend la place de l’ancien Cabaret des Beaux-Arts. Propriété du promoteur de boxe Louis Dettner, géré par Phil Maurice (aussi propriétaire du Chez Maurice) avec des spectacles confiés à Roy Cooper, « doyen des imprésarios canadiens ». Malgré la Dépression, le Lido opère dans le faste, accueille des vedettes de la scène, du cinéma et de la radio, et se dote d’un système de climatisation en 1937 — une première dans un cabaret au Canada. [30], [5], [6], [7]
Le 28 octobre 1937, après rénovations, Dettner rebaptise l’endroit Tic Toc (1258 Stanley) — « nouveau spectacle & dîner pour 1 $ ». Comme le Lido, le Tic Toc reste une scène de vedettes (scène, cinéma, radio), mais se veut plus accessible au grand public. En 1944, le jeune crooner Dean Martin y fait ses débuts montréalais. [8], [9], [10], [11], [12]
L’homme d’affaires Harry Ship, dit « roi des gamblers », détient des parts du Tic Toc — jusqu’à sa chute (arrestation 1946 après la croisade anti-rackets de l’avocat Pax Plante). [13], [14]
En 1947, Jerry Taylor prend la gérance (Jerry Taylor’s Tic Toc jusqu’en 1950) : virées à New York pour recruter des talents et ajout du « Glass Grill » (31 mai 1947), cuisine vitrée où l’on voit les plats préparés en salle. Le 1er juin 1950, le club ferme pour de lourdes rénovations afin de relancer l’adresse avec une ambition nouvelle. [15], [16], [17], [18]
2. Ouverture 1950 & âge d’or
Chez Parée ouvre le 14 novembre 1950 (1258 Stanley) dans un décor luxueux (muraux pittoresques), après plus de 100 000 $ d’investissements. Jerry Taylor impose une politique de splendeur : 12 danseuses sélectionnées à New York (12/600), coordination Boots McKenna, numéros variés (pickpocket, comique parisien, danse, acrobatie, chant) et un orchestre de 9 musiciens (dir. Nick Martin & Peter Barry). [19], [20], [1]
En 1954, Chez Parée (Jerry Taylor) est vendu à Solly Silver, s’inscrivant dans une nouvelle phase de gestion. [24]
3. Artistes & moments notables
La salle accueille des vedettes : Frank Sinatra (9–23 févr. 1953 ; période de creux personnel/professionnel, exigences simples : vue sur la montagne à l’hôtel Mont-Royal), Sammy Davis Jr., Peggy Lee, Lena Horne, Woody Herman, Billy Eckstine, Lionel Hampton, Illinois Jacquet, Johnny Hodges, Carmen Miranda. Charlie Parker s’y produit en 1953 dans le sillage du Montreal Jazz Workshop. [21], [22]
Le 28 mars 1966, ouverture du Hawaiian Lounge à l’étage. [23]
4. Contexte moralité / criminalité & mutations
Comme d’autres clubs du centre-ville, Chez Parée évolue sous une surveillance accrue (heures d’ouverture, « moralité ») et des pressions para-mafieuses (« protection »). Plusieurs établissements du secteur sont directement ou indirectement contrôlés par l’organisation Cotroni ; côté pègre juive, des acteurs sont également mentionnés, notamment pour Chez Parée (gestion Solly Silver, plus tard Giuseppe Cocolicchio) et le Pal’s Café (Moe Yacknin). Attribution prudente, selon sources. [29]
La télévision et le rock détournent progressivement la clientèle des cabarets traditionnels; les descentes et fermetures se multiplient. 1971 : fermeture de Chez Parée après une descente policière. [25], [26]
5. Après 1971 : Lime Light, Le Jardin & retours
Après ~deux ans, réouverture comme discothèque Marie-Chantal, puis installation de la mythique Lime Light (dès 7 sept. 1973) aux étages supérieurs et du bar gai Le Jardin (dès 1977). Le 30 juin 1990, Limelight et Thunderdome ferment dans le contexte de l’affaire Presley Leslie. [28], [31]
Entre-temps, l’îlot prend plusieurs raisons sociales (La Brasserie Charles IV 1979–1980 ; Chez François 1980 ; Club Le Neuf 1981 ; Le Clique 1982 ; Ray The Piano Bar 1982), avant le retour du strip-club « Chez Parée » le 18 août 1982 — encore actif aujourd’hui. [27]
6. Chronologie rapide
- 1920s–1930s — Cabaret des Beaux-Arts (prédécesseur, même îlot). (à préciser)
- 1931–1934 — Stanley Grill (1254 Stanley, 3e étage) ; incendie 25 mars 1934 ; réouverture 30 nov. 1934. [2], [30], [31]
- 1934–1937 — Lido (1258 Stanley, RDC) ; revue luxueuse ; climatisation (1937). [30], [6], [7]
- 1937–1950 — Tic Toc (ouvert 28 oct. 1937) ; « Jerry Taylor’s Tic Toc » (dès 1947) ; « Glass Grill » (31 mai 1947). [8], [15], [17]
- 14 nov. 1950 — Ouverture Chez Parée. [19], [20]
- 1953 — Sinatra (9–23 fév.) ; Charlie Parker (Workshop). [21], [22]
- 1954 — Vente à Solly Silver. [24]
- 1966 — Ouverture Hawaiian Lounge (28 mars). [23]
- 1971 — Fermeture (descente policière). [25]
- 1973–1977 — Lime Light (étages), Le Jardin (RDC). [28]
- 18 août 1982 — Retour comme strip-club « Chez Parée ». [27]
- 1990 — Fermeture Limelight/Thunderdome (décision municipale). [31]
7. Notes & sources
- A chorus line of 12 lovelies and Mumms selling at 12 bucks a bottle, The Montreal Star, 8 janv. 1977.
- Two firemen fall as roof collapses in two-alarm fire, The Gazette, 26 mars 1934.
- « Gangsters juifs », juifsdici.ca.
- A chorus line of 12 lovelies..., The Montreal Star, 8 janv. 1977.
- Marrelli, Stepping Out – The Golden Age of Montreal Night Clubs.
- Springtime re-opens, Lido on Friday night, The Montreal Star, 7 avr. 1937.
- Lido presenting Royal Frolic, The Montreal Star, 7 juin 1937.
- Lido is closed for extensive alterations, The Montreal Star, 24 août 1937.
- Opening tonight Tic Toc, The Gazette, 28 oct. 1937.
- A new show on Monday (dîner 1 $), The Gazette, 13 nov. 1937.
- The Peter Sisters, The Gazette, 11 août 1941.
- Tic Toc Scoop opening Monday Dean Martin, The Gazette, 17 févr. 1944.
- Ville de Montréal — Mémoire « Harry Ship, un roi du jeu sans crainte ».
- IMJM — fiche de lieu (réseaux juifs de nuit).
- Opening tonight Teddy Sherwood, Montreal Daily Star, 15 mars 1947.
- Jerry Tic Toc Taylor scouting talent in Manhattan, The Gazette, 27 sept. 1947.
- Réouverture du Tic Toc (Glass Grill), Le Canada, 31 mai 1947.
- Le Tic Toc ferme pour rénovations, Le Canada, 2 juin 1950.
- Opening tonight sensational show, The Gazette, 14 nov. 1950.
- Le nouveau cabaret Chez Parée ouvrira demain soir, Le Canada, 13 nov. 1950.
- Montreal memories of Ol’ Blue Eyes linger, The Gazette, 16 mai 1998.
- 33 years ago, jazz history was being made in Montreal, The Gazette, 6 févr. 1986.
- Official opening Hawaiian Lounge (upstairs), The Gazette, 28 mars 1966.
- Show Business, The Gazette, 18 févr. 1961 (vente à Solly Silver en 1954).
- Two nightclubs closed, The Gazette, 5 janv. 1971.
- Where have streaker gone, The Gazette, 26 juill. 1974.
- Chez Parée opening today (strip-club), The Gazette, 18 août 1982.
- Site officiel Limelight, limelightmontreal.com.
- P. De Champlain, Le crime organisé à Montréal (1940–1980), p.64–68.
- Annonçant l’ouverture du Stanley Grill (réouverture), La Patrie, 29 nov. 1934.
- Ourtown, The Gazette, 4 mars 1966 (anecdotes/repères Stanley Grill).
- Douze pompiers voient la mort de près, La Patrie, 26 mars 1934.
- Once upon a time, The Gazette, 20 sept. 1969.




















