Diana Grill (Montréal)
Restaurant ultra-moderne inauguré en 1937 au 1108, rue Sainte-Catherine Ouest, le Diana Grill se distingue par sa cuisine raffinée, son « œil magique » aux portes automatiques et, au sous-sol, le Candlelight Room, un lounge d’inspiration new-yorkaise où se produisent les Ink Spots et plusieurs artistes de musique western. En 1953, après rénovation, l’établissement est rebaptisé Monterey.
1. Présentation
Le Diana Grill est un restaurant ultra-moderne fondé en 1937 par George Dimitrios Matrakos, John Liaskos et David William Holloway [3]. L’établissement offre une excellente cuisine, une carte de vins spécialement sélectionnés, un bar à cocktails et une salle de thé. Un orchestre fournit le divertissement dans un confort luxueux, ce qui en fait l’un des restaurants les plus en vue du centre-ville de Montréal.
2. Origines & fondation
Situé au 1108, rue Sainte-Catherine Ouest, le Diana Grill s’inscrit dans un secteur central du downtown montréalais. L’adresse profite du passage constant entre commerces, cinémas et cabarets. Dès son ouverture, la presse insiste sur le caractère « ultra-moderne » de la maison, autant par son aménagement que par la qualité de son service [3].
Le trio de fondateurs — Matrakos, Liaskos et Holloway — mise sur un mélange de raffinement culinaire et de modernité technique. Le restaurant devient rapidement un lieu de rendez-vous pour une clientèle urbaine à la recherche de nouveauté.
3. L’« œil magique » & restaurant ultra-moderne
Ce qui frappe particulièrement l’imaginaire collectif, ce sont les publicités du Diana Grill mettant en avant un dispositif technologique spectaculaire : les fameuses portes automatiques entre la cuisine et la salle à manger. Les journaux invitent les lecteurs à : « Venir voir l’œil magique. Du jamais vu à Montréal! Les portes donnant sur la cuisine et la salle à manger s’ouvrent et se ferment automatiquement! L’œil magique accélère le service! » [4][5].
Présenté comme une première à Montréal, cet « œil magique » devient un argument de vente central. Il symbolise la promesse de rapidité, d’efficacité et de modernité que le Diana Grill veut offrir à sa clientèle, positionnant le restaurant dans la lignée des grandes maisons nord-américaines à la fine pointe de la technologie.
4. Le Candlelight Room (1950–1953)
En 1950, le Diana Grill aménage au sous-sol un nouveau lounge, le Candlelight Room, inspiré d’un lounge de New York portant le même nom. Ce nouvel espace se veut plus intime, pensé pour la musique et les spectacles, prolongeant l’offre de divertissement du restaurant [6].
L’ouverture officielle du Candlelight Room, le 24 novembre 1950, est confiée aux Ink Spots, groupe américain de grande renommée [6]. Leur présence donne le ton et assoit immédiatement la réputation du lieu : le Candlelight se positionne comme une salle chic, à la programmation ambitieuse.
5. Musique western & Frères Hachey
Dès le début des années 1950, la programmation du Candlelight Room évolue vers la musique western. En 1952, un groupe entièrement canadien, Georgie Faith and the Westernaires, est engagé et fait un excellent travail pour divertir les clients [7]. Le mois suivant, c’est le Prairie Boys Quartet qui tient la tête d’affiche [8].
La population de Montréal — du moins celle qui fréquente le Candlelight — semble enthousiasmée par la musique western. L’atmosphère est renforcée par les costumes portés par les jeunes Frères Hachey et Mary Lou [9]. Originaires d’Atholville, au Nouveau-Brunswick, les Frères Hachey se présentent d’abord sous le nom plus exotique des Sunset Playboys avant d’opter pour celui des Frères Hachey, ou plus exactement les Hachey Brothers [10].
Ce glissement vers la musique western prépare le terrain pour la transformation ultérieure du lieu en Monterey, qui deviendra un véritable saloon western montréalais.
6. Transformation en Monterey
En 1953, après d’importantes rénovations, on annonce que le Diana Grill, fraîchement transformé, sera rebaptisé Monterey. Pour trouver ce nouveau nom, la direction organise un vaste concours public : plus de 4 000 suggestions sont soumises [11].
Ce changement de nom marque une nouvelle étape pour l’établissement, qui s’oriente de plus en plus vers une identité de bar-saloon western, avec le Monterey Candlelight Bar Saloon. De restaurant ultra-moderne articulé autour de l’« œil magique », le lieu devient l’un des foyers importants de la culture western à Montréal jusqu’à la fin des années 1960 / début des années 1970.
7. Notes & sources
- [3] Annonces et notices de fondation mentionnant George D. Matrakos, John Liaskos et David W. Holloway comme fondateurs du Diana Grill (1937).
- [4] Publicités contemporaines soulignant le caractère « ultra-moderne » du restaurant et la qualité de sa cuisine et de sa carte des vins.
- [5] Annonces de journaux vantant l’« œil magique » : portes automatiques entre la cuisine et la salle à manger, présentées comme une première à Montréal.
- [6] Mention de l’inauguration du Candlelight Room par les Ink Spots, le 24 novembre 1950.
- [7] Articles et encarts publicitaires sur l’engagement de Georgie Faith and the Westernaires au Candlelight Room (1952).
- [8] Publicités annonçant le Prairie Boys Quartet en tête d’affiche au Candlelight le mois suivant.
- [9] Notes de programme et articles décrivant les costumes western des Frères Hachey et de Mary Lou au Candlelight Room.
- [10] Notices biographiques retraçant l’origine des Frères Hachey (Atholville, N.-B.) et leur nom de scène initial, les Sunset Playboys.
- [11] Annonces de presse (1953) indiquant la rénovation du Diana Grill et le rebaptême de la salle en Monterey à la suite d’un concours de plus de 4 000 suggestions.