Théâtre Gayety (Montréal)
Haut lieu du divertissement montréalais (1912–1953) situé au 86, rue Sainte-Catherine Ouest, le Théâtre Gayety a successivement accueilli vaudeville, burlesque, jazz et revues, avant de devenir le Théâtre Radio-Cité, la Comédie-Canadienne, puis le siège du Théâtre du Nouveau Monde (TNM).
1. Présentation
Ouvert en 1912, le Théâtre Gayety s’impose comme un lieu de divertissement majeur à Montréal, combinant vaudeville, burlesque, jazz et revues musicales. Transformé en 1924 par Emmanuel Briffa, il est réputé pour son luxe. Sa trajectoire — marquée par la censure et plusieurs changements de nom — mène à la francisation du lieu (Radio-Cité), à la Comédie-Canadienne et, dès 1972, au TNM.
2. Construction & inauguration (1912)
Conçu par Ross & MacFarlane pour la Canadian Amusement, le théâtre (≈ 1 650 places) ouvre le 26 août 1912 avec The Bowery Burlesquers. Succès immédiat : deux représentations à guichet fermé, foule refoulée, presse dithyrambique décrivant une salle « coquette, confortable, propre, aérée » et des prix populaires. [1]–[6]
Note sur l’étiquette du public : conversations, sifflements, fredonnements dénoncés par la presse. [7]
3. Années fastes & luxe (1913–1929)
Rénové pour sa 2e saison (11 août 1913), le Gayety introduit avec le gérant Fred Crow des matinées à prix réduits pour attirer davantage les dames, tout en sélectionnant des pièces compatibles avec la morale. [8], [9]
En 1924, la Columbia Amusement Company (NY) achète le théâtre et confie à Emmanuel Briffa une transformation spectaculaire : ivoire, or, vieux rose, éclairages étudiés ; le Gayety rejoint les salles les plus luxueuses. [10], [11]
1925–1926 : programmation régulière d’orchestres de jazz afro-américains (Seven Syncopators, George McClennon, Lena Wilson, Joe Jordan) — participation à l’essor du jazz à Montréal. [12]
4. Censure, fermetures & reprises (1929–1930)
Le 14 décembre 1929 : fin du burlesque ; amendes (150 $) pour représentations jugées immorales ; rénovations. [13]–[16]
30 janvier 1930 : Tom Conway devient propriétaire ; réouverture (9 février) sous la formule d’origine. 5 novembre 1930 : nouvelle fermeture ordonnée pour « immoralité » ; révocation de licence. [17]–[20] Hiver 1930–1931 : usage ponctuel pour matchs de boxe. [21]
5. Changements d’identité (1931–1942)
1931 — Théâtre des Arts : ouverture avec Runnin’ Wild d’Irving C. Miller (avec Miller & Lyles). [22]
1932 — Théâtre Mayfair : virage cinéma (double programmes) — Mata Hari (Garbo), Pardon Us (Laurel & Hardy). [23]
6. Retour au burlesque (1942–1953)
27 avril 1942 : retour au nom Gayety ; troupe New York Follies ; vaste rénovation pour saison du 23 août 1943. Gayety = seul théâtre « 100% vaudeville ». [24], [25]
Années 1940–50 : période marquée par Lili St-Cyr. 1953 : moralité ferme l’endroit ; vente à Louis Oscar Gagnon & Émile Guay (11 mars ; 300 000 $). Réouverture New Gayety (27 avril) avec Gypsy Rose Lee. [26], [27]
7. Radio-Cité & Comédie-Canadienne
Dès déc. 1953 : reprise par Jean Grimaldi → Théâtre Radio-Cité (avec Michael Costom). Premier théâtre francophone à l’ouest du boulevard Saint-Laurent ; revues, comédies, variétés. [28], [31], [32]
1956–1957 : achat par Gratien Gélinas → Comédie-Canadienne (inauguration : 22 février 1958). Programmation : œuvres canadiennes (fr/angl.), théâtre, chanson, jazz, artistes internationaux. [28]
8. Du TNM à aujourd’hui
8 septembre 1972 : achat par le Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Rénovations 1997 (architecte Dan S. Hanganu). 18 août 2022 : incendie à l’arrière en chantier. Le site demeure un pôle majeur du théâtre francophone en Amérique du Nord. [28], [29], [30]
9. Chronologie rapide
- 26 août 1912 — Inauguration (vaudeville/burlesque). [1]
- 11 août 1913 — Réouverture ; matinées (Fred Crow). [8]
- 17 août 1924 — Transformation luxueuse (Briffa). [10]
- 1925–1926 — Jazz & artistes noirs. [12]
- 14 déc. 1929 — Fin du burlesque ; censures. [13]
- 5 nov. 1930 — Fermeture municipale. [18]
- 1931 — Théâtre des Arts. [22]
- 1932 — Théâtre Mayfair. [23]
- 27 avr. 1942 — Retour au Gayety. [24]
- 1943 — Rénovations majeures ; vaudeville. [25]
- 1953 — New Gayety ; Gypsy Rose Lee. [26]
- déc. 1953 — Radio-Cité (Jean Grimaldi). [28]
- 1957 — Comédie-Canadienne ; réouverture 1958. [28]
- 8 sept. 1972 — TNM s’y installe. [28]
- 18 août 2022 — Incendie. [30]
10. Notes & sources
- Ouverture, capacité & adresse : [1]–[6].
- Spectacle inaugural : [1], [3].
- Étiquette du public : [7].
- Réouverture 1913 ; matinées : [8], [9].
- Transformation luxueuse 1924 (Briffa) : [10], [11].
- Programmation jazz & artistes noirs (1925–1926) : [12].
- Fin burlesque ; censure : [13]–[16].
- Tom Conway ; réouverture 1930 : [17].
- Fermeture municipale 1930 : [18]–[20].
- Boxe (1930–31) : [21].
- Théâtre des Arts (1931) : [22].
- Théâtre Mayfair (1932) : [23].
- Retour au Gayety 1942 : [24].
- Rénovations 1943 & vaudeville : [25].
- Vente 1953 (300 000 $) : [26].
- New Gayety ; Gypsy Rose Lee : [27].
- Radio-Cité ; Comédie-Canadienne ; TNM : [28], [32].
- Statut TNM : [29].
- Incendie 2022 : [30].
- Francine Grimaldi (Radio-Cité) : [31].
- L’Annuaire théâtral : [32].










