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Loew’s / Loews (Montréal)

Super-palais cinématographique monumental ayant dominé le paysage culturel montréalais au XXe siècle. Conçu pour le vaudeville et le cinéma, il accueille les plus grandes premières hollywoodiennes et les icônes afro-américaines du jazz avant de devenir, après 1940, un haut-lieu du septième art jusqu’à sa fermeture en 1999.

1. Présentation

Situé au cœur du centre-ville, à l’angle de Sainte-Catherine Ouest et Mansfield, le Loew’s / Loews de Montréal fut le plus imposant movie palace canadien, avec 2 855 places, surpassant le Palace, le Capitol, l’Impérial et le St-Denis. Conçu à l’époque de l’émergence des palais cinématographiques, il incarne le faste du divertissement moderne : marquise lumineuse de 2 600 ampoules, hall opulent, balcons monumentaux, services haut de gamme, et programmation mêlant vaudeville, grands orchestres afro-américains et premières cinématographiques majeures.

2. Construction & caractéristiques

Érigé en 1916-1917 pour environ 1 M $ (≈ 23,7 M $ en 2024), selon les plans du célèbre architecte new-yorkais Thomas W. Lamb, le Loew’s est construit par la firme Fleischmann (NY) pour le magnat Marcus Loew. La salle mesurait 100 × 174 pieds, avec une hauteur maximale de 81 pieds, accessible par un corridor long de 24 × 105 pieds.

Ses dimensions colossales et son décor théâtral — piliers, corniches, loges et balcon — représentent le sommet de l’esthétique des super-palais de cinéma nord-américains, visant à offrir au public une expérience luxueuse pour quelques sous seulement.

3. Inauguration (1917)

L’ouverture officielle, le 19 novembre 1917, présente :

  • George Rosener — 6 numéros de vaudeville
  • Norma TalmadgeThe Secret of the Storm Country
  • Fatty Arbuckle & Buster KeatonConey Island

L’expérience inclut placiers en uniforme, portiers, et service cérémonial populaire pour seulement 10¢ (≈ 2 $ en 2024).

4. Vaudeville & scène musicale (1917–1940)

Avant de devenir exclusivement cinématographique en 1940, le Loew’s accueille certaines des plus grandes icônes afro-américaines du jazz et du swing, dont :

  • CAB CALLOWAY (1934)
  • DUKE ELLINGTON (1936)
  • FATS WALLER (1936)

Cab Calloway, déjà célèbre pour Minnie the Moocher (1931), impressionne Montréal avec son big-band Cotton Club, ses chorégraphies humoristiques et son scat énergique, à l’opposé des publics américains « plus froids ».

5. Cinéma & premières

Le Loew’s projette en exclusivité plusieurs classiques majeurs :

  • The Kid (1921)
  • The Wizard of Oz (1939)
  • Pinocchio (1940)
  • Citizen Kane (1941)
  • Fantasia (1942)
  • Psycho (1960)
  • The Godfather (1972)
  • The Exorcist (1974)
  • Rocky (1977)

Son prestige le place au sommet de la diffusion hollywoodienne à Montréal.

6. Transformations (1975-1976)

La dernière projection du Loew’s à salle unique est Jaws (1975). Des travaux majeurs transforment alors le théâtre : démolition partielle, création de cinq salles indépendantes. La réouverture (1976) programme King Kong simultanément dans les cinq salles, dont une VF (salle #1) et une version italienne (salle #3).

7. Personnalités associées

Marcus Loew

Co-fondateur de MGM et de la chaîne Loew’s Cineplex, il possède des centaines de salles en Amérique du Nord.

Walter Hoffmann

Premier projectionniste du Loew’s (1917), puis du Capitol (1921). Chef de l’AIEST pendant 30 ans, pionnier du passage au parlant à Montréal et dans l’Est du Canada. Philanthrope actif auprès des hôpitaux Shriners & vétérans.

8. Déclin & fermeture (1999)

Après des décennies de prestige, l’essor de la télévision dans les années 1950 puis la multiplication des multiplexes fragilisent le modèle. Le Loew’s ferme en 1999, juste avant l’ouverture du Paramount (Famous Players) en face.

9. Redéveloppements (2000– )

  • 2001–2003 : Club Med World
  • 2004–2005 : commerces (hall), gym (auditorium)
  • 2019 : achat par Brivia Group (>20 M $) — projet de tour à condos de 19 étages, occupation prévue pour 2024

10. Chronologie rapide

  • 1916–1917 — Construction
  • 19 nov. 1917 — Ouverture (vaudeville + cinéma)
  • 1934–1936 — Cab Calloway, Duke Ellington, Fats Waller
  • 1940 — Cinéma exclusivement
  • 1975 — Dernière projection « Jaws »
  • 1976 — 1 salle → 5 salles (réouverture avec King Kong)
  • 1999 — Fermeture
  • 2001–2003 — Club Med World
  • 2019 — Achat Brivia

11. Notes & sources

  1. Guy Pinard, La Presse, 15 juillet 1990.
  2. Histoire des cinémas de Montréal.
  3. cinematreasures.org
  4. Wikipedia: Marcus Loew.
  5. Le Devoir, 17 novembre 1917.
1983
DAVID BOWIE : ZIGGY STARDUST
DAVID BOWIE : ZIGGY STARDUST

Source: Pop Rock, 3 décembre 1983, BAnQ

Lieu: Loews

1936
FATS WALLER
FATS WALLER

Fats Waller, l’un des plus grands pianistes de jazz et compositeurs de l’époque, est venu à Montréal en 1936 pour se produire au Théâtre Loews, un lieu emblématique de la ville. Waller, reconnu pour sa virtuosité au piano et son sens de l’humour, était une figure majeure du jazz et du style « stride piano ». Son passage à Montréal a marqué un événement marquant dans la scène musicale de l’époque, attirant une foule enthousiaste désireuse d’entendre ses compositions et d’assister à son charisme sur scène.

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DUKE ELLINGTON
DUKE ELLINGTON

Duke Ellington, l’un des plus grands compositeurs et chefs d’orchestre de jazz, a fait une escale mémorable à Montréal en 1936, au Théâtre Loews. Cette performance faisait partie d’une tournée internationale qui a propulsé Ellington au sommet de la scène jazz. À l’époque, le Théâtre Loews était un lieu prestigieux pour les concerts, et la venue de Duke Ellington a marqué un événement marquant dans l’histoire musicale de la ville.

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1934
CAB CALLOWAY
CAB CALLOWAY

Rencontré dans sa loge du théâtre Loews à Montréal après une semaine de représentation en décembre 1934, Calloway, un jeune homme charmant, affichait un sourire chaleureux. Malgré son succès, il conservait une bonhomie accueillante. « Monsieur, » nous confia-t-il, « j’aime venir travailler ici. Votre public est si enthousiaste. L’attention et l’accueil chaleureux que nous recevons rendent notre travail plaisant et nous incitent à donner le meilleur de nous-mêmes. Vous êtes très différents des Américains, qui restent froids pendant les représentations; nous ne savons jamais si cela leur a plu. »

 

Source: Théâtre Loews, La Patrie, 17 décembre 1934

Image: The Montreal Daily Star, 14 décembre 1934

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