Rising Sun Celebrity Jazz Club
Salle mythique de Montréal (1975–1991 env.) fondée par Rouè-Doudou Boicel, qui y a attiré de véritables légendes du jazz et du blues, tout en ouvrant ponctuellement la scène aux courants reggae et punk/alternatif. [1]
1. Présentation
De 1975 à 1991, l’impresario Rouè-Doudou Boicel fait du Rising Sun l’un des clubs phares du jazz/blues au Canada, accueillant de nombreuses têtes d’affiche internationales et nourrissant la scène locale. [1]
2. Origines & mission sociale
Boicel quitte sa Guyane natale à 23 ans, vit en Europe, puis arrive au Québec en 1970. Issu d’un milieu modeste, peintre et poète, il dirige le Centre de Visosonie (1971–1975) pour offrir des activités artistiques aux jeunes du Centre-Sud, avant de fonder le Rising Sun en 1975, convaincu que « le jazz n’était pas mort ». [1]
3. Du Bar des Arts au Rising Sun
Le 286, rue Sainte-Catherine O. — ex-Bar des Arts — a une longue histoire. Propriété d’Harry Feldman, New-Yorkais associé à la pègre montréalaise juive mais réputé pour une vie rangée, l’adresse a connu l’ère « Montréal ville ouverte » (jeux illégaux, contrefaçons, diverses sanctions policières). [4], [2]
4. Affichage & premiers festivals (1976)
Le club braque d’abord ses projecteurs sur les musiciens antillais d’ici, puis attire une clientèle grandissante et des artistes canadiens/américains de renom. [1]
5–11 avril 1976 : premier “grand événement” (Wintergarden, Peter Leitch, Jane Fair, Toubabou, Michel Séguin, Ernie Nelson Quintet, Quintonal Jazz, Multi-Stimulus Music Society, jam), repris en été 1976. [2]
5. Contexte des clubs montréalais
Le Rising Sun apparaît alors que ferment l’Esquire Show Bar (Norm Silver), In Concert (Harry Milrot), Black Bottom (Charles Burke); Rockhead’s Paradise demeure un repère r&b/jazz local. D’autres lieux suivent (L’Air du Temps, Chez Pancho, Le Milord, Café Mojo, Jazz Bar d’Ivan Symonds, Le Bijou/Monte-Carlo puis Biddle’s, Le Pretzel, Mustache). [2]
6. Programmation notable
Débuts flamboyants : Taj Mahal, Eartha Kitt, Tito Puente, Nina Simone, Mongo Santamaria, Dizzy Gillespie, Cab Calloway. Art Blakey & The Jazz Messengers compte parmi les premiers grands ensembles new-yorkais à s’y produire (rencontre avec Anne Arnold, qu’il épousera). [2]
- Dizzy Gillespie, Dexter Gordon, Betty Carter, Nina Simone
- Art Blakey & The Jazz Messengers, Max Roach, Milt Jackson
- Buddy Guy & Junior Wells, John Lee Hooker, Muddy Waters
- Big Mama Thornton, B.B. King, Joe Pass, Wynton Marsalis (quintette)
- Artistes reggae (p. ex. Chalice) et nombreux groupes montréalais (années 1980)
7. Parenthèse alternative & punk
Boicel ouvre ponctuellement la scène aux courants punk/hardcore et alternatif (p. ex. D.R.I., Black Flag), contribuant à leur diffusion à Montréal, avant de recentrer le club sur sa vocation première. [3], [2]
8. Rising Sun Festijazz
En 1978, Boicel fonde le Rising Sun Festijazz (club & Place des Arts), avec des têtes d’affiche mondiales; l’événement connaît un vif succès pendant trois ans. [1]
9. Anecdotes & enregistrements
1995 : lettre de Nina Simone réclamant des redevances (enregistrement Festijazz 1979; Justin Time). Boicel soutient que Nina lui avait vendu les droits et que les bandes, saisies lors d’un déménagement, n’ont jamais été retrouvées. [2]
10. Distinctions & héritage
Boicel est honoré à de multiples reprises : 20e Mois de l’histoire des Noirs (2011), Grand Citoyen (Côte-des-Neiges–NDG, 2011), Prix Mathieu Da Costa (2013), Grand Prix Dynastie (2018), ainsi qu’à New York, en Guyane française, en Afrique du Sud et au Sénégal. [1]
11. Chronologie rapide
- 1970 — Arrivée de Rouè-Doudou Boicel au Québec. [1]
- 1971–1975 — Direction du Centre de Visosonie (Centre-Sud). [1]
- 1975 — Ouverture du Rising Sun au 286, Ste-Catherine O.; slogan « Jazz is not dead ». [1]
- 1976 — Premiers festivals/semaines spéciales (avril, été). [2]
- 1978–1980 — Rising Sun Festijazz (club & Place des Arts). [1]
- Années 1980 — Ouvertures ponctuelles à la scène alternative/punk. [3], [5]
- 1990 — Incendie (perte d’enregistrements). [2]
- 1991 env. — Fin de l’activité principale du club. [1]
12. Notes & sources
- L’Ordre de Montréal — notice Doudou Boicel : parcours (Europe → Québec 1970), Centre de Visosonie (1971–75), fondation du club (1975), slogan, Festijazz (dès 1978), distinctions.
- Boicel, Doudou — L’histoire du Rising Sun et ses légendes du jazz & blues, Les Éditions Michel Brûlé (2008) : Bar des Arts, nettoyage initial, affichage « système D », festivals 1976, contexte des clubs, Art Blakey, B.B. King à la PDA, incendie 1990, Nina Simone, ouverture ponctuelle à l’alternatif/punk.
- Félix B. Desfossés — rôle du Rising Sun dans la diffusion hardcore/metal/alternatif à Montréal (années 1980).
- « Juifs d’ici : Gangsters juifs » — notice sur Harry Feldman et le contexte “Montréal ville ouverte” (jeux illégaux, contrefaçons, sanctions policières) au 286 Ste-Catherine O.
- Brendan Kelly, The Gazette, « 77 Montreal: an oral history of the local punk scene » (21 juillet 2017) — témoignage de Dan Webster (Panic Productions) sur DRI + Rhythm Pigs (17 juin 1986) au Rising Sun.


















































































































