Cabaret Saint-Germain-des-Prés (Montréal)
Petite boîte francophone mythique des années 1950, attenante au Café Continental, qui a propulsé l’humour et la chanson d’ici dans l’esprit « caves de la Rive gauche ». Salle intimiste, rires continus, et pépinière d’artistes — un jalon de la modernité culturelle montréalaise.
Présentation
Né en octobre 1953, le Saint-Germain-des-Prés occupe une petite salle attenante au Café Continental (108, Sainte-Catherine O.). Malgré son format intimiste, le lieu donne à Montréal une coloration nettement plus française et devient l’un des cabarets francophones les plus courus de la décennie.
Origines : Faisan Doré & Café Continental
La fermeture du Faisan Doré (où triomphait Jacques Normand) entraîne le déplacement de sa « famille » d’artistes vers le Continental, cabaret ouvert le 24 mars 1950 par Jack Horn. Salle d’environ 300 places, éclairage feutré, grandes têtes d’affiche (Félix Leclerc, Charles Trenet, Henri Salvador, Tohama) : le Continental s’impose, et sa petite salle annexe devient le Saint-Germain-des-Prés, pensé dans l’esprit des caves parisiennes.
Troupe & artistes
Le Saint-Germain-des-Prés fait rayonner une génération : Colette Bonheur, Paul Berval, Marie Racine, Normand Hudon, Pierre Roche, Rita « La Vedette », Gilles Pellerin, Billy Munroe, auxquels se greffent Dominique Michel, Clémence DesRochers, Pauline Julien, Raymond Lévesque, Monique Leyrac… On y dit que « jamais les clients de boîtes n’ont autant ri ».
Jacques Normand, maître du stand-up
Animateur-pilier du lieu, Jacques Normand incarne une forme précoce de stand-up à la québécoise : verve, esprit, rythme, connivence avec la salle. Il transpose à Montréal l’énergie des caves de Saint-Germain (Paris), faisant du cabaret un laboratoire d’humour, de chanson et de poésie moderne.
Déclin & disparition
Au tournant des années 1960, la télévision, la mutation des goûts et les coûts artistiques fragilisent le modèle du cabaret. Le Saint-Germain se transforme puis s’éteint, tandis que le Continental poursuit diverses formules avant sa fermeture en 1970. Les immeubles du coin Sainte-Catherine/Saint-Urbain sont rasés dans les années 1970 pour le Complexe Desjardins.
Chronologie rapide
- 1950 — Ouverture du Café Continental (Jack Horn) ; grande salle 300 places
- 1951 — Engagements phares : Félix Leclerc ; montée de la salle annexe
- 1953 — L’annexe devient le Saint-Germain-des-Prés (≈125–150 places)
- Années 1950 — Âge d’or chanson-humour (troupe Normand, nouveaux talents)
- Années 1960 — Déclin du modèle cabaret ; transformations, fermetures
- Années 1970 — Démolition ; chantier du Complexe Desjardins
Notes & sources
- Wikipédia — « Cabaret Saint-Germain-des-Prés » (contexte, localisation, démolition)
- Dominique Michel — Y a des moments si merveilleux (témoignage sur Jacques Normand)
- Jacques Normand, L’enfant terrible (récit du Faisan Doré, passage au Continental, genèse du St-Germain)
- Presse d’époque : The Gazette, La Patrie, Montréal-Matin, Photo-Journal, Le Canada (ouvertures, artistes, rénovations du Continental)
