Café El Cortijo (Montréal)
Ouvert à l’automne 1958, le Café El Cortijo du 2112, rue Clark est à la fois un restaurant espagnol et l’un des tout premiers cafés “beatnik” de Montréal. Fréquenté par les jeunes bohèmes de la fin des années 1950, par des étudiants, des artistes et des intellectuels, le lieu devient rapidement un quartier général de la “Beat Generation” montréalaise où l’on boit du café, joue aux échecs, écoute des chansonniers, écrit de la poésie et refait le monde jusque tard dans la nuit.
1. Présentation
Le Café El Cortijo apparaît dans les sources à l’automne 1958, lorsqu’un hebdomadaire italo-montréalais annonce, au 2112, rue Clark, l’ouverture d’un « nouveau restaurant espagnol » aux murs décorés de scènes typiques et offrant à sa clientèle une cuisine européenne, un café espresso et, certains soirs, la musique d’une orchestre cubaine.1 L’établissement s’inscrit alors dans la mode des restaurants thématiques de la métropole, qui propose déjà des cabarets français, des boîtes taverne et des salles de danse populaires.
Au tournant de 1959–1960, le lieu change cependant de fonction symbolique : un long reportage photographique publié dans le supplément Perspectives de La Presse décrit El Cortijo comme le café “quartier général des beatniks” de Montréal, un endroit où les adolescents et jeunes adultes se reconnaissant dans la Beat Generation viennent rêver « d’un monde à la mesure de l’homme » en sirotant des cafés, en jouant aux échecs et en discutant de littérature et de politique.2
Plusieurs articles parus dans Le Petit Journal et Le Devoir au cours de l’année 1960 confirment ce rôle de laboratoire culturel : El Cortijo devient le point de ralliement d’une petite communauté de comédiens, de poètes et de chansonniers, dont Janou Saint-Denis, Pascal et le chansonnier surnommé Tex (Lecor), qui rêvent d’ouvrir leur propre boîte de nuit « pour artistes ».3,4,5
Des reportages de 1960 décrivent El Cortijo comme un café à l’atmosphère chargée, où les murs peints, les collages et les dessins côtoient la fumée de cigarette, les affiches de spectacles et une jeunesse qui « refuse de se résigner ».
Dans les mémoires ultérieures, El Cortijo est souvent cité comme un lieu fondateur de la contre-culture montréalaise : un espace où se croisent la bohème francophone et anglophone, des immigrés européens, des étudiants de l’Université de Montréal et de McGill, des jeunes travailleurs attirés par la poésie, le jazz, le rock naissant ou la chanson engagée. Des critiques littéraires des années 1970 évoquent même le café comme l’un des décors symboliques de la génération de Réjean Ducharme.4
2. Le site — 2112, rue Clark et le Faubourg Saint-Laurent
La rue Clark traverse le cœur du Faubourg Saint-Laurent, ancien quartier commerçant et ouvrier situé à l’ouest du boulevard Saint-Laurent et au nord du centre-ville. Au milieu du XXe siècle, le secteur est caractérisé par un tissu d’immeubles en brique de deux ou trois étages, abritant au rez-de-chaussée des boutiques, tavernes, restaurants et cafés, et aux étages supérieurs des logements ou des bureaux.
Le 2112, rue Clark s’inscrit dans ce paysage : un local commercial étroit, accessible par quelques marches depuis le trottoir, qui a successivement accueilli des restaurants de cuisines variées, des boîtes de nuit et des salles de spectacles. L’article de 1958 insistant sur l’« atmosphère particulière » créée par la décoration intérieure d’El Cortijo, on peut supposer que le local est alors complètement reconfiguré pour évoquer une taverne andalouse, avec peintures murales, arches et bibelots.1
En 1960, les photos publiées dans Perspectives montrent un tout autre décor : façade recouverte de graffitis et de dessins, pancartes improvisées, affiches manuscrites annonçant des soirées, intérieurs sombres où l’on reconnaît des toiles expressionnistes, des collages, des lampes improvisées et des tables serrées, transformant l’ancien restaurant espagnol en véritable cave à café beatnik.2 Le texte souligne que la rue est délabrée, mais que cela ne décourage pas ceux qui se réclament de la « Beat Generation ».
Trois ans plus tard, un reportage publié en janvier 1963 dans le magazine Le Samedi confirme ce rôle pionnier en qualifiant El Cortijo d’« ancêtre de la rue Clark », c’est-à-dire du premier café autour duquel s’est structurée la vie bohème du secteur. L’auteur, François Piazza, décrit un vaste local à la fois flamand et verrière, baigné de couleurs espagnoles, où l’on entre « pour la paix » et où chacun se garde bien de se mêler des affaires du voisin.10
À la fin des années 1970, lorsque le journaliste Pierre Beaulieu visite le Pretzel enchaîné, il note que Toméo, nouveau propriétaire du lieu, a repris « l’ancien El Cortijo (sur la rue Clark) » pour y installer une salle de spectacles dotée d’un vaste bar et d’une scène professionnelle.6 Ce témoignage confirme la continuité spatiale entre le café bohème des années 1950–1960 et le club rock de la fin des années 1970.
3. Un restaurant espagnol devenu repère beatnik
À l’ouverture, El Cortijo est présenté comme un restaurant espagnol au décor soigné : un article d’Il cittadino canadese décrit les murs ornés de peintures « caractéristiques » et l’« atmosphère toute particulière » du lieu, qui sert une cuisine européenne et du café espresso. Les Européens de Montréal sont invités à s’y sentir « comme chez eux », et l’établissement annonce la présence d’une orchestre cubaine les vendredis et dimanches, ce qui laisse supposer un mélange de musiques espagnoles et latino-américaines.1
Moins de deux ans plus tard, El Cortijo est surtout connu comme un café pour jeunes bohèmes. Dans son reportage de 1960, le journaliste et photographe Claude Fournier décrit les adolescents qui, en sirotant des cafés, revendiquent l’héritage de la Beat Generation et rêvent de transformer le monde depuis les tables du café.2 Le texte insiste sur la marginalité volontaire de ces « beatniks » montréalais : vêtements sombres, humour noir, rejet affiché du confort bourgeois, fascination pour la littérature américaine et le jazz moderne.
L’un des personnages centraux du lieu est un chansonnier surnommé Tex. L’article de Perspectives le présente comme « le chef des beatniks », peintre reconverti à la guitare, qui anime les soirées en chantant ses propres chansons.2 Sur les photos, on le voit attablé, cigarette au bec, guitare à la main, figure emblématique de cette bohème en noir qui fréquente El Cortijo.
Un second regard, publié trois ans plus tard dans Le Samedi, complète ce portrait en insistant sur la dimension silencieuse et contemplative du café. Le chroniqueur y décrit El Cortijo comme une « immense salle, moitié flamand, moitié verrière, aux couleurs espagnoles » dont l’atmosphère est aux antipodes du tumulte des autres boîtes de la rue Clark : on y vient pour fuir le vacarme, jouer au domino, au billard ou aux échecs, et se taire.10
« El Cortijo : un café où tout est silence… Le seul endroit de Montréal, à ma connaissance, où l’on joue au billard en silence. Beaucoup d’hommes, peu de femmes. La plupart des clients sont âgés, c’est-à-dire, ont au moins 25 ans. Et il y a beaucoup de non-Canadiens, principalement d’origine espagnole. »
Pour ce chroniqueur, El Cortijo est ainsi le temple du silence au cœur d’un quartier en ébullition : on y échappe à la vie quotidienne, on adopte des habitudes de « vieux garçon », on observe les autres sans les déranger. La clientèle est décrite comme essentiellement masculine, légèrement plus âgée que dans les autres cafés beatniks, et composée d’un mélange de travailleurs, d’artistes et d’immigrants européens, surtout espagnols.10
Le café fonctionne ainsi comme un espace de transition entre le restaurant ethnique et le coffee house à l’américaine : on y mange encore, mais c’est surtout la consommation de café qui domine, avec un fort accent mis sur la discussion intellectuelle, les échecs, la poésie et les chansons. Les autorités et une partie de la presse populaire regardent ce milieu avec méfiance, voire ironie, mais des chroniqueurs plus curieux y voient le symptôme d’une jeunesse qui cherche de nouvelles formes d’expression.
4. Poésie, chanson et sociabilité bohème
Plusieurs sources évoquent l’animation culturelle qui se met en place à El Cortijo, notamment autour de la comédienne et metteure en scène Janou Saint-Denis. Un portrait d’elle publié en 1978 dans Le Devoir rappelle qu’elle a participé, au tournant des années 1960, à la mise sur pied de soirées de poésie et de chanson dans différents cafés montréalais, et cite explicitement El Cortijo parmi ces lieux.5
Un article de Le Petit Journal du 31 janvier 1960 décrit de l’intérieur la petite troupe de bohèmes qui fréquente le café : on y retrouve Janou, le chansonnier Tex, le personnage de Pascal et une constellation d’amis artistes qui rêvent d’ouvrir leur propre boîte baptisée « La Poubelle » afin d’y présenter spectacles, lectures et improvisations.3 Le texte insiste sur le mélange de vie quotidienne précaire (petits boulots, loyers modestes) et de grandes ambitions artistiques qui caractérise ce micro-milieu.
Le reportage de Le Samedi ajoute à ce tableau en montrant que, malgré cette effervescence, la sociabilité d’El Cortijo reste marquée par des rituels calmes : parties de billard et d’échecs jouées dans un silence quasi religieux, conversations à voix basse, longues stations solitaires devant un café noir. Loin des boîtes tapageuses du quartier, le café apparaît comme un refuge introspectif où l’on vient autant pour penser que pour se montrer.10
Si la programmation détaillée d’El Cortijo est difficile à reconstituer, les reportages laissent deviner un fonctionnement souple de type café-concert : les soirées s’organisent autour de chansonniers (Tex et d’autres), de lectures de poèmes, de débats improvisés sur la politique, la religion ou la sexualité, dans un climat à la fois sérieux et ludique. La musique enregistrée (jazz, folk, premiers disques de rock) sert de toile de fond entre les performances.
Pour une partie de la jeunesse montréalaise, El Cortijo représente ainsi un premier contact avec des formes d’expression alternatives qui, quelques années plus tard, trouveront des prolongements dans d’autres cafés, boîtes à chansons et salles expérimentales de la ville.
5. Postérité et transformations du 2112, rue Clark
Le nom El Cortijo disparaît progressivement des annonces publicitaires au début des années 1960, signe que le café a changé de vocation ou de propriétaire. Les chroniqueurs parlent, pour la décennie suivante, d’un établissement de type cabaret ou « bar bavarois » ayant pris la relève dans le même local, sans que le détail de cette période soit encore bien documenté.6
À la fin des années 1960, le 2112 Clark(e) St. est clairement identifié dans la presse anglophone comme siège du Modball (ou Mod-ball / Modball House), un teen club et coffee house sans alcool qui se présente comme « international fun and dance scene » ou « international youth centre and dance hall ».11,12 La grande publicité publiée dans le Montreal Star du 19 janvier 1968 annonce l’ouverture d’un « free style dance-concert » avec le groupe THE BU-BUBBLES et un light show psychédélique, précisant que « no alcohol [is] served ».11
Un long reportage de la page jeunesse du Montreal Star décrit le Modball comme l’un des projets les plus ambitieux de la nouvelle Clark Street en réaménagement : Ozy Paulik y combine une architecture d’inspiration européenne (façade à colombages, grande enseigne) avec une ambiance contemporaine pour adolescents : piste de danse, scène pour groupes de rock et de rhythm and blues, éclairage non psychédélique mais “artistique”, coin pour jaser, petite galerie d’art, bibliothèque de magazines internationaux.12 Le texte souligne que l’endroit se veut un lieu où les jeunes peuvent « développer leur individualité » dans un environnement surveillé, sans alcool, mais où l’on écoute de la musique forte et où l’on expérimente événements et happenings.
D’autres chroniques de la rubrique Places indiquent que le Modball organise des happenings du week-end, avec danse pour les adolescents et les adultes, go-go dancers, vente de « real grass and bananas » (gag promotionnel), mais aussi des matinées et brunchs familiaux.12,14 Le club sert également de point de ralliement pour les folksingers montréalais, Ozy Paulik invitant les propriétaires de coffee houses à y tenir des réunions pour la création d’une guilde bilingue de chansonniers et d’un festival d’été sur la montagne.12
La presse mentionne enfin des activités à vocation plus communautaire : le Gazette signale ainsi, en mai 1968, un « talk-in » parents-ados organisé au Modball House, 2112 Clark St., où les parents sont invités à discuter de leurs difficultés à élever des adolescents en compagnie de travailleurs sociaux et de représentants d’Église, tandis qu’un reportage de la rubrique radio du Montreal Star décrit un enregistrement CJAD réalisé au Modball pour laisser les jeunes s’exprimer librement sur leur réalité.15
En 1979, l’adresse 2112, rue Clark réapparaît en grande pompe dans les pages de La Presse avec l’ouverture du club Le Pretzel enchaîné. Le journaliste Pierre Beaulieu souligne que le promoteur Bill Toméo, propriétaire de la Vieille Fabrique de Spaghetti et d’autres établissements, a acquis « l’ancien El Cortijo » et y a fait construire une salle pouvant accueillir environ 350 personnes assises plus une soixantaine debout, dotée d’une scène, d’un système de son moderne et d’un long bar.6
Le Pretzel enchaîné se spécialise d’abord dans une programmation de rock, jazz et chanson, accueillant tant des artistes locaux que des têtes d’affiche internationales, avant de connaître divers problèmes de gestion et de changer de vocation au début des années 1980.7 Dans la mémoire des amateurs de musique, la salle reste cependant associée à quelques concerts marquants de la fin des années 1970 et du tout début des années 1980.
Aujourd’hui, la mémoire d’El Cortijo survit surtout à travers les archives de presse, les témoignages des artistes de la « génération Cortijo » et les études sur la naissance de la contre-culture montréalaise. Dans ce récit, le café apparaît comme un chaînon essentiel entre les boîtes de nuit d’après-guerre, les premiers cafés existentialistes et les salles mythiques des décennies suivantes.
Dans l’imaginaire littéraire, le café El Cortijo réapparaît aussi chez le dramaturge et romancier MICHEL TREMBLAY. Dans le roman La nuit des princes charmants (1995), le narrateur évoque un itinéraire « du café El Cortijo au cabaret des Quatre Coins du monde », ce qui contribue à fixer le lieu dans la mémoire culturelle comme décor typique des déambulations nocturnes de la jeunesse montréalaise des années 1950–1960.16
6. Chapitre — Janou Saint-Denis et la génération Cortijo
6.1. Une comédienne au cœur de la bohème montréalaise
Née à Montréal en 1930, la comédienne et femme de théâtre Janou Saint-Denis se distingue, dès les années 1950, par son intérêt pour la poésie, le théâtre expérimental et la promotion de la culture québécoise. Un long portrait que lui consacre Le Devoir en 1978 la décrit comme un « phénomène de la culture montréalaise », animatrice infatigable de soirées de lecture, d’ateliers et de cabarets littéraires.5
Dans ce texte, la journaliste Angèle Dagenais rappelle que la carrière de Janou est intimement liée aux cafés et petites salles du centre-ville : elle y organise des soirées de poésie, y accompagne des chansonniers et participe à la transformation des restaurants en lieux de création. Parmi ces lieux figure explicitement le Café El Cortijo, cité comme l’un des premiers espaces où elle rassemble une clientèle de jeunes artistes et d’étudiants autour de la parole et de la musique.5
6.2. De la table d’El Cortijo au projet de « La Poubelle »
L’article d’Alain Stanké paru dans Le Petit Journal le 31 janvier 1960 éclaire de façon vivante l’atmosphère de cette époque. On y suit, sur plusieurs colonnes, le petit groupe de « bohèmes montréalais » qui se retrouvent régulièrement à El Cortijo : Janou, le chansonnier Tex, l’ami Pascal et d’autres complices.3 Ils y discutent de littérature, d’amour, de la société de consommation, et surtout du projet d’ouvrir leur propre cabaret, qu’ils baptisent ironiquement « La Poubelle » parce qu’ils entendent y accueillir tout ce que la culture « officielle » rejette.
Le texte insiste sur la dimension communautaire de cette aventure : chacun apporte ce qu’il peut (décors, textes, chansons, coups de main techniques), et le café sert de quartier général à la préparation de cette future boîte de nuit. Même si La Poubelle prendra forme ailleurs, l’imaginaire du lieu reste profondément lié à El Cortijo, présenté comme une sorte de laboratoire, un banc d’essai pour un théâtre et une chanson de proximité.
6.3. Mémoire d’un « mythe de la culture montréalaise »
Les textes ultérieurs consacrés à Janou Saint-Denis, notamment ceux parus au moment de sa disparition et dans des études sur le théâtre québécois, reviennent sur cette période en soulignant son rôle de passeuse entre plusieurs milieux : théâtre, chanson, poésie, militantisme social.5 El Cortijo est alors évoqué comme un des lieux où cette vocation s’est cristallisée : un café sans moyens importants, mais riche de conversations, d’improvisations et d’expériences collectives.
Dans cette perspective, l’histoire d’El Cortijo dépasse largement les quelques années de son existence commerciale : elle rejoint celle d’une génération d’artistes qui, à la veille de la Révolution tranquille, cherchait dans les cafés de Montréal des espaces pour réinventer la parole, la chanson et les formes de sociabilité nocturne.
7. Notes & sources
-
IL CITTADINO CANADESE / THE CANADIAN CITIZEN / LE CITOYEN CANADIEN,
26 septembre 1958, p. 2 — article en italien
« “El Cortijo”: nuovo ristorante spagnolo ».
Usage MCPA : annonce l’ouverture d’un « nouveau restaurant espagnol » au 2112, rue Clark à Montréal ; décrit un décor intérieur aux murs ornés de peintures « caractéristiques », une « atmosphère toute particulière », une cuisine européenne et la présence d’une orchestre cubaine les vendredis et dimanches ; source principale pour la datation de l’ouverture et le caractère initialement gastronomique de l’établissement. -
PERSPECTIVES (supplément de La Presse),
20 février 1960, p. 2–4 — Claude Fournier,
« Tout un monde à changer ».
Usage MCPA : grand reportage photographique sur les jeunes se réclamant de la Beat Generation à Montréal ; situe le Café El Cortijo, au 2112, rue Clark, comme quartier général des « beatniks » ; décrit une façade délabrée recouverte de graffitis (« la jungle vous des artistes », etc.), un intérieur sombre à mi-chemin entre la cave et le garage, aux murs couverts de peintures et de collages ; montre les clients jouant aux échecs, buvant du café et discutant, ainsi que le chansonnier Tex présenté comme le « chef des beatniks » qui a troqué le pinceau pour la guitare ; source majeure pour l’atmosphère et l’iconographie du lieu. -
LE PETIT JOURNAL, 31 janvier 1960, p. 34 —
article d’Alain Stanké (rubrique de société) dont le surtitre évoque l’ouverture
d’une nouvelle boîte (« Parce qu’ils n’aiment pas les ordures nos bohèmes vont ouvrir la… Poubelle »),
comprenant les encadrés « La semaine d’un vrai de vrai »,
« L’amour chez nos bohèmes », etc.
Usage MCPA : portrait de la petite communauté de bohèmes montréalais qui fréquentent le Café El Cortijo : la comédienne Janou Saint-Denis, le chansonnier Tex Lecor, le personnage de Pascal et leurs amis ; décrit leurs journées et soirées, leurs discussions, leur projet d’ouvrir la boîte « La Poubelle » pour artistes et marginaux ; fournit des éléments sur la sociabilité, les aspirations et la précarité matérielle de ce milieu. -
LE DEVOIR, 17 avril 1976, p. 12 —
article critique sur Réjean Ducharme, « Les enfantômes de Réjean Ducharme ».
Usage MCPA : réflexion sur la jeunesse décrite dans le roman Les enfantômes ; le texte évoque, en passant, le Cortijo, rue Clark, comme l’un des cafés emblématiques de la génération d’adolescents et de jeunes adultes en quête de sens dans les années 1960 ; utilisé pour situer El Cortijo dans l’imaginaire littéraire montréalais. -
LE DEVOIR, 6 mai 1978, p. 45 —
Angèle Dagenais, « Janou Saint-Denis, femme de parole ».
Usage MCPA : long portrait de la comédienne et animatrice Janou Saint-Denis ; rappelle son rôle au sein de la « culture marginale » montréalaise, sa participation à des troupes de théâtre, aux cabarets et aux cafés, et cite le Café El Cortijo parmi les lieux où elle a animé des soirées de poésie et de chanson à la fin des années 1950 et au début des années 1960 ; source principale pour le lien entre Janou et le café. -
LA PRESSE, cahier « G. Arts et spectacles »,
20 juin 1979, p. 1 — Pierre Beaulieu,
« Le Pretzel enchaîné n’a pas encore d’âme ».
Usage MCPA : reportage sur le club Le Pretzel enchaîné ; situe la nouvelle salle au 2112, rue Clark et précise que le propriétaire Bill Toméo a fait construire, « aux frais d’or », un bar-spectacle dans « l’ancien El Cortijo » devenu entre-temps un cabaret de style bavarois ; fournit des détails sur la capacité (environ 350 places assises et une soixantaine debout), sur la scène et sur la volonté de Toméo d’en faire un lieu de spectacles rock et chanson ; source essentielle pour la transformation d’El Cortijo en Pretzel enchaîné. -
MONTRÉAL CONCERT POSTER ARCHIVE, entrée chronologique
« Le Pretzel enchaîné (2112 rue Clark) » dans la
Timeline Montréal (consultée).
Usage MCPA : synthèse des informations sur l’ouverture du Pretzel enchaîné en juin 1979 (spectacle de MICHEL PAGLIARO), la programmation ultérieure (rock, punk, new wave, etc.) et les fermetures successives de la salle au début des années 1980 ; utilisée pour compléter la chronologie du 2112, rue Clark après El Cortijo. -
LE DEVOIR, divers articles des années 2000 et 2010 consacrés à
Janou Saint-Denis ou à l’histoire du théâtre expérimental québécois.
Usage MCPA : rappellent le rôle de Janou comme fondatrice du Théâtre du Même Nom et comme figure de la contre-culture ; certains textes mentionnent son passage par les cafés de la rue Saint-Denis et par des lieux « précédant la Révolution tranquille », parmi lesquels El Cortijo est sous-entendu ou cité en filigrane ; utilisés pour confirmer l’importance d’El Cortijo dans son parcours. -
ÉTUDES ET TÉMOIGNAGES DIVERS SUR LA CONTRE-CULTURE MONTRÉALAISE
(monographies, articles de revues, blogs de recherche, etc.)
Usage MCPA : plusieurs auteurs évoquent le Café El Cortijo comme un des premiers cafés à accueillir des jeunes se réclamant de la Beat Generation au Canada, souvent en parallèle avec certains cafés new-yorkais ou parisiens ; ces références, bien que secondaires, contribuent à faire de l’établissement un mythe fondateur de la vie nocturne et intellectuelle de Montréal à la fin des années 1950. -
LE SAMEDI, janvier 1963, p. 10–13 —
reportage de François Piazza sur la rue Clark et ses cafés beatniks
(ouverture sur le slogan typographique « À l’heure où tout finit, ici tout recommence »).
Usage MCPA : consacre une section à El Cortijo, présenté comme l’« ancêtre de la rue Clark » ; décrit une « immense salle, moitié flamand, moitié verrière, aux couleurs espagnoles », qualifie le café de « temple du domino et du jeu d’échecs » et précise qu’il s’agit, selon l’auteur, du seul endroit de Montréal où l’on joue au billard en silence ; insiste sur une clientèle majoritairement masculine, peu de femmes, composée d’hommes d’au moins 25 ans et de nombreux non-Canadiens d’origine espagnole ; évoque El Cortijo comme un refuge paisible où l’on vient « pour la paix » et où l’on évite de se mêler des affaires du voisin, en contraste avec les boîtes plus bruyantes de la rue Clark (La Paloma, La Catastrophe, etc.) ; source clé pour la sociologie de la clientèle, le climat de silence et la place d’El Cortijo dans la généalogie des cafés et boîtes du quartier. -
THE MONTREAL STAR, 19 janvier 1968, p. 23 —
grande publicité pour l’ouverture du Modball, teen club au
2112 Clark (près de la Place des Arts).
Usage MCPA : annonce un « free style dance-concert » avec le groupe THE BU-BUBBLES, light show psychédélique et tenue « mod » ; précise que le Modball est un auditorium international “fun and dance scene” où aucun alcool n’est servi ; source principale pour la datation de l’ouverture et la vocation de teen club sans alcool. -
THE MONTREAL STAR, 9 février 1968, p. 38 —
Carole Clifford, « A new teen club makes its debut », page jeunesse.
Voir aussi la chronique « Places » du 1er mars 1968, p. 20,
et celle du 26 avril 1968, p. 16.
Usage MCPA : présente le Modball comme un teen club situé au 2112 Clark Street, juste au sud de Sherbrooke, combinant piste de danse, scène pour groupes de rock, « art gallery », bibliothèque de magazines, éclairage « artistique » et coins de discussion ; insiste sur l’architecture « old European » conçue par Ozy Paulik et sur le caractère sans alcool du club ; mentionne des happenings de fin de semaine, des go-go dancers, des brunchs, ainsi qu’un projet de guilde bilingue de chansonniers et d’un festival d’été sur la montagne ; source majeure pour le concept et la programmation du Modball. -
THE GAZETTE, 2 mars 1968, p. 43 —
Dave Bist, chronique « The Teen Beat ».
Usage MCPA : mentionne le Mod-Ball au 2112 Clarke St. comme « our newest and most psychedelic coffee house », où joue le groupe torontois The Churls en route vers des enregistrements à New York ; confirme l’adresse, le profil de coffee house psychédélique et la place du Modball dans le circuit rock. -
THE GAZETTE, 13 avril 1968, p. 47 —
chronique « Places » (rubrique spectacles).
Usage MCPA : signale que le Modball, 2112 Clarke St., organise un « Easter love-in » décoré dans l’esprit flower power et accueille le groupe torontois Olivus ; confirme la nature de youth centre et l’intégration du Modball dans le paysage des clubs rock de la fin des années 1960. -
THE GAZETTE, 4 mai 1968, p. 51 —
article « Parents invited for “talk-in” », et
THE MONTREAL STAR, 6 mai 1968, p. 30 —
chronique radio sur l’émission CJAD « Radio yesterday ».
Usage MCPA : le premier texte décrit un forum parents-ados organisé au Modball House, 2112 Clark St., où les parents discutent de leurs difficultés avec des travailleurs sociaux et des représentants d’Église ; le second relate l’enregistrement d’une émission de CJAD au Modball, où les jeunes s’expriment librement pendant plusieurs heures sur leur réalité ; ces sources confirment la fonction de centre communautaire et d’espace de dialogue intergénérationnel du Modball. -
MICHEL TREMBLAY, La nuit des princes charmants, Montréal, Leméac, 1995.
Usage MCPA : roman de formation dont le narrateur traverse plusieurs lieux nocturnes montréalais « du café El Cortijo au cabaret des Quatre Coins du monde » ; confirme la place d’El Cortijo comme décor emblématique de la jeunesse bohème et des déambulations de la génération de l’après-guerre dans la fiction de Tremblay.