Spectrum de Montréal
Salle de spectacle emblématique du centre-ville (Montréal), d’une capacité d’environ 1 200 personnes. Ouverte le 17 octobre 1982 (Public Image Limited) et fermée le 5 août 2007 (Michel Rivard). [1], [2]
1. Présentation
Le Spectrum de Montréal (souvent abrégé en Le Spectrum) a été l’une des salles les plus actives du centre‑ville entre 1982 et 2007. Exploité par L’Équipe Spectra, il a accueilli des milliers de concerts, captations télévisées et événements de festivals, dans une configuration de type cabaret. [1], [2]
2. Origines (El Casino → Club Montréal)
À la fin des années 1970, André Ménard et Alain Simard assument la programmation du El Casino, club de rock situé au‑dessus du cinéma Carrefour (angle Sainte‑Catherine / De Bleury), futur site du Spectrum. « Certains soirs nous perdions 3 000 $ alors que le propriétaire en gagnait 1 000 $ grâce au bar », se souvient Ménard; leçon tirée : « le fruit de deux récoltes devrait aller dans le même panier ». [3]
Au printemps 1980, le cinéma Carrefour est transformé en Club Montréal, présenté comme le premier club‑concert de la ville et intégré à un réseau d’environ 25 clubs au Canada et aux États‑Unis. La programmation est dirigée par John Thomas, avec l’appui de Michel Sabourin et Rubin Fogel, entre autres. Après seulement 18 mois, l’établissement fait faillite; Alain Simard et André Ménard le rachètent grâce à un prêt de 250 000 $ et le rebaptisent Spectrum de Montréal. [3], [4]
3. Ouverture 1982 & première semaine
L’inauguration officielle a lieu le 17 octobre 1982 avec Public Image Limited (PIL). La première semaine accueille également Claude Dubois, Uzeb, The Exploited et Iggy Pop. [1]
4. Programmation & rôle
Jusqu’au milieu des années 1990, Montréal comptait peu de salles abordables, sans sièges et adaptées aux captations. Le Spectrum devient alors une scène de consécration : Les Rita Mitsouko, Niagara, Metallica (en 1re partie de W.A.S.P.), Beck, Marjo, Renaud, Patrick Bruel y font leurs premières apparitions locales, tandis que des concerts marquants de Miles Davis, The Police, Radiohead, Daniel Bélanger, La La La Human Steps, Alain Bashung, Jean Leloup, Chris Rea, Peter Gabriel, INXS et Jacques Higelin jalonnent son histoire. Côté québécois, Richard Séguin, Michel Rivard, Paul Piché, Richard Desjardins, Laurence Jalbert, Éric Lapointe, La Bottine Souriante, Rock et Belles Oreilles et Les Cowboys Fringants y reviennent régulièrement. De jeunes formations — de Groovy Aardvark à Kaïn, de Pierre Lapointe à Malajube — y visent la consécration. [1]
5. Dernière soirée & fermeture (2007)
Après 25 ans d’activités, la fin du bail emphytéotique de Spectra et l’état désuet de l’édifice, combinés aux projets de SIDEV pour un immeuble commercial, mènent à la fermeture. Le dernier concert a lieu le 5 août 2007 (dans le cadre des Francofolies) avec Michel Rivard, qui s’y est produit 54 fois; la soirée est couverte au Téléjournal du 6 août 2007 (reportage Stéphane Leclair, animation Philippe Schnobb). [2], [6]
6. Démolition & projets ultérieurs
La démolition du bâtiment survient en novembre 2008. Le projet commercial initial de SIDEV est freiné par la crise; le terrain reste en friche jusqu’à de nouveaux développements. Un projet de tours mixtes porté par le Fonds de solidarité FTQ (2012) n’aboutit pas. En 2018, le projet Maestria est annoncé pour le site. [7]
7. Chronologie rapide
- Fin 1970s — Programmation du El Casino par A. Ménard & A. Simard [3]
- Printemps 1980 — Transformation du Cinéma Carrefour → Club Montréal (réseau ~25 clubs) [4]
- 1981–1982 — Rachat (prêt 250 000 $) et renommage → Spectrum de Montréal [3]
- 17 oct. 1982 — Ouverture avec Public Image Limited [1]
- 5 août 2007 — Dernier concert : Michel Rivard [2]
- Nov. 2008 — Démolition du bâtiment [7]
8. Témoignages & presse (2007)
Dans Le Devoir, le journaliste Sylvain Cormier signe « On va détruire ma maison de musique » (4 août 2007), un texte-hommage où il évoque le rôle central du Spectrum dans la vie musicale montréalaise, le comparant à « notre Fillmore ». Il y souligne l’attachement profond du public et des artistes à la salle, décrivant l’ambiance unique du hall d’entrée, la communauté qui l’animait et la charge émotionnelle entourant sa fermeture. [8]
Dans La Presse, Philippe Renaud signe « Le rideau tombe une dernière fois » (7 août 2007), un reportage sur la soirée d’adieu du Spectrum. Il y dépeint une célébration emprunte de nostalgie, réunissant employés, journalistes, spectateurs et musiciens — notamment Michel Rivard. L’ambiance y est décrite comme à la fois chaleureuse et teintée de déception : « Ce n’était pas la fête — en tout cas, pas la fête souhaitée », écrit-il. L’article rappelle enfin que la salle fermait ses portes après près de 25 ans d’activité, affichant à son apogée un taux d’occupation d’environ 75 %.
9. Notes & sources
- À guichets vraiment fermés, La Presse, 4 août 2007.
- Le rideau tombe une dernière fois, La Presse, 7 août 2007.
- Le Spectrum entre dans l’adolescence, La Presse, 11 octobre 1997.
- Une salle de cinéma convertie en club rock, Québec‑Rock, juin 1982.
- Citation d’Alain Simard (nom, rideaux noirs, ampoules murales), La Presse, 4 août 2007.
- Vie et mort du Spectrum, Archives Radio‑Canada, 17 octobre 2017.
- Wikipedia : Spectrum de Montréal (consulté le 5 novembre 2025).
- Sylvain Cormier, « On va détruire ma maison de musique », Le Devoir, 4 août 2007, cahier E (E1, E6).
- Jacques Grenier (Le Devoir), photographie de la façade du Spectrum (4 août 2007).































































































































































































































































































































































